Spécial 25 ans : Rénover, participer, se protéger, trois voies à amplifier

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Par Propos recueillis par Virginie Jourdan

Publié le 26 novembre 2025

4 minutes de lecture


Réduire le nombre de constructions neuves, avoir un parc de logements rénovés à la consommation annuelle moyenne de 80 kWh/m2, atteindre la sobriété des habitats : l’horizon 2050 sera écologique ou ne sera pas. En attendant, nous avons sélectionné trois pistes à privilégier pour un plus joli futur se préparer.

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Nicolas Janin

En finir avec les bouilloires thermiques », ainsi parle Nicolas Janin, technicien en thermique du bâtiment dans le bureau d'études Héliasol, co-auteur de l'ouvrage Le Confort d'été dans l'habitat paru chez Terre vivante, cosigné avec Franck Janin, Jean-Luc Delpont et Marine Janin.

En matière de confort d’été dans l’habitat, vous identifiez cinq impératifs. Lesquels ?

Nous avons en effet listé cinq commandements, les b.a.-ba de la conception intelligente pour assurer un certain confort d'été. Le premier, absolument primordial, est la présence de protection solaire extérieure pour éviter de faire rentrer trop de calories. Le deuxième : une enveloppe thermique performante en isolant correctement et suffisamment. Par exemple, en construction passive, nous prônons une résistance thermique R de 10 m2.K/W en toiture et 5 à 7 m2.K/W pour les murs et le plancher bas. Troisièmement, modérer les apports internes, en évitant de faire des raclettes en été. Le quatrième est l’ajout d'inertie à l’intérieur pour avoir un effet tampon thermique avec l’extérieur. Enfin, prévoir une ventilation nocturne pour déstocker l'énergie qu'on a accumulée à l’intérieur en journée.

Vous évoquez le brasseur d’air comme un bonus.

La présence de brasseur d'air permet d’abaisser le ressenti des températures de 1 ou 2, voire 3°C. Avoir un ventilateur au plafond permet une diffusion de l'air beaucoup plus homogène et moins localisée qu’avec un ventilateur classique sur un pied, par exemple. Ce n’est pas un équipement très onéreux mais il faut penser à son emplacement, sa fixation et son alimentation électrique.

Le déphasage(1) est de plus en plus évoqué. Est-ce une donnée incontournable ?

Il n'est pas inutile de le regarder mais, à mon sens, ce n’est certainement pas la première chose qu'il faut regarder. La première question à se poser est : a-t-on respecté les cinq commandements évoqués précédemment. Dans ce cas, on pense notamment à l'inertie qui va permettre à la température intérieure de varier lentement ou rapidement en fonction de la température extérieure. En présence d’une forte inertie, la température varie faiblement et lentement. S'il fait 35°C en été vers 13 h ou 14 h, on ne veut surtout pas que la température intérieure fasse le yo-yo. On cherche à la voir augmenter un petit peu et se stabiliser. La nuit, on fait de la ventilation nocturne et elle rebaisse. Dans le même ordre d’idée, mieux vaut, par exemple, mettre des volets extérieurs que s'intéresser au déphasage de son isolant de toiture, car si vous oubliez de fermer vos volets, peu importe que vous ayez une laine de bois hyperdense avec beaucoup de capacité calorifique(2), vous n'aurez pas un confort important. Or, fermer ces volets, c’est se couper rapidement d’une quantité de chaleur par rayonnement très importante. Donc le déphasage n'est pas l'alpha et l'oméga du confort d’été.

Quels autres critères scruter dans la performance d’un matériau ?

La masse volumique [kg/m3] est une des composantes, mais il faut toujours la coupler avec la capacité thermique massique(3). Pour avoir quelque chose d'intéressant, il faut un couple masse volumique et capacité thermique massique élevées pour stocker de la chaleur. Par exemple, le Fermacell a une capacité thermique massique intéressante et un peu plus élevée que celle du Placoplâtre traditionnel BA13, permettant de stocker un peu plus de chaleur. De manière générale, il vaut mieux avoir la masse ou l’inertie côté intérieur du logement pour pouvoir stocker cette énergie. On essaiera de limiter les revêtements trop isolants côté intérieur pour garder l’accès à cette inertie, en la répartissant le plus possible dans le bâtiment.

Les habitats légers sont-ils condamnés à subir un inconfort d’été ?

Les habitats légers ayant peu de masse, il leur est compliqué d’absorber les calories. Les habitats de type tiny house sont très contraints, ils ne doivent pas dépasser un certain poids, une largeur et une hauteur. Cela limite les choix d’isolation. Il faut donc principalement bien gérer les protections solaires extérieures : volets extérieurs, mais aussi pergola ou tonnelle. Il faut accepter que dans la journée la température va monter. Mais la nuit la température redescendra plus vite grâce à la ventilation. Cela rejoint la question de l’usage. Il y a un compromis à trouver entre ce que l'on veut faire, la surface habitable et le coût.

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3 questions à

Clément Fugier, directeur du LAB de Dorémi, service de recherche, développement et innovation

Tout bâti, en terre comme en parpaing, peut-il être rénové de manière performante ?

Oui, c’est possible. 30 % des maisons rénovées selon le référentiel Dorémi de rénovation performante, c’est-à-dire visant un niveau basse consommation de 80 kWh/m2.an pour le chauffage et l’eau chaude, ont été construites avant 1948, 50 % entre 1948 et 1975 et 20 % après 1975.

Comment faciliter la recherche de professionnels formés ?

Nous avons formé 700 entreprises à la rénovation globale performante, ce qui implique une certaine manière de travailler ensemble. Nous disposons de 200 groupements d’artisans capables d’intervenir. C’est important pour le bon traitement des interfaces entre chaque étape de rénovation et réduire les risques de ponts thermiques. Nous couvrons un tiers de la France, notamment autour de Lyon, Blois, Rennes, Paris et Bordeaux.

Quels outils proposez-vous pour penser le financement d'une rénovation ?

Nous visons une rénovation performante en une seule fois. Nous avons conscience que ça coûte cher et que les aides sont fluctuantes. Nous visons donc un équilibre en trésorerie : les personnes connaissent le montant des travaux, en déduisent le montant des aides et le reste à charge est financé par un prêt bancaire. En moyenne, les factures énergétiques sont quatre à huit fois plus sobres après travaux, ce qui est souvent suffisant pour couvrir les mensualités du prêt. Les personnes auront donc une charge mensuelle constante.

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« Il faut impérativement identifier qui est sachant sur un chantier collectif »

Premier site dédié aux chantiers participatifs, la plateforme Twiza* regroupe 445 projets actifs en France fin 2025. « En 2013, nous en comptions quelques dizaines. D'un profil de pionniers défrichant des techniques avec une sur-représentation de la construction paille, nous sommes passés à un spectre plus large incluant la rénovation », note Cédric Avramoglou, président de Twiza. Les bénévoles sont aussi de plus en plus nombreux à postuler. Mais, prévient-il, « ils ne sont pas là pour apporter la compétence. La construction reste accidentogène et expose les gens personnellement, psychologiquement, socialement. Dans un chantier, il faut impérativement identifier qui est le sachant ; le plus souvent un professionnel qui va sécuriser la qualité et les pratiques. Rappelons que si l’on vend sa maison dans les 10 ans, c’est celui qui a fait les travaux qui tombe sous le coup de la responsabilité décennale ».

*Créée en 2013 pour mettre en lien des adeptes des chantiers participatifs, la plateforme Twiza compte 6 salariés et propose des achats groupés et des formations.

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