Spécial 25 ans : Biosourcer en toute clarté

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Publié le 26 novembre 2025

7 minutes de lecture


Dossier3-150_YvesHustache

Yves Hustache

expert matériaux géo et biosourcés, cogérant et associé fondateur de la Scop Karibati

Entre 2016 et 2023, le volume des produits biosourcés mis en œuvre dans la construction a augmenté de 95 %, d'après l’Association des industriels de la construction biosourcée. Un chiffre réjouissant, mais qui appelle à rester vigilant.

La France a-t-elle enfin pris le chemin de la décarbonation ?

On connaît une importante croissance des volumes de produits biosourcés mis en œuvre depuis 10 ans et une diversité de solutions constructives biosourcées est apparue, ce qui est une spécificité du marché français. Paille, chanvre, fibre de bois, ouate de cellulose, coton recyclé, bambou… La filière répond bien et nous sommes dans un cadre très favorable pour aller vers plus de biosourcés avec le développement des fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES), notamment.

La création de votre label Produit biosourcé, en 2017, ne met-elle pas en lumière un manque de clarté de la dénomination « biosourcé » ?

Effectivement. Aujourd'hui la norme européenne considère comme biosourcé un produit ayant à peine 1 % de bioressource dans sa composition. De plus, rien n’oblige les fabricants à communiquer clairement sur la composition des produits. Il nous a paru important de clarifier cela. Ce label permet d’afficher en toute transparence le contenu d’un produit et ne peut être attribué qu’à ceux comprenant un certain pourcentage, qui varie selon les produits (70 % pour un isolant, 25 % pour un béton…) et qui évoluera avec les savoir-faire. Si, demain, il devient facile de faire des bétons à 50 % biosourcés, alors nous réévaluerons les critères du label.

Un taux important de biosourcé garantit-il qu’un produit soit écologique ?

Pas tout à fait, il faut regarder plus loin. Imaginons, par exemple, qu’apparaisse sur le marché un produit biosourcé fabriqué à partir d'huile de palme. L’impact environnemental en serait désastreux. La plupart des produits biosourcés s’inscrivent aujourd'hui dans une logique locale, mais il est nécessaire de garder un regard critique. L’intérêt des FDES est de donner des informations sur les impacts du produit sur tout son cycle de vie. Pour cette raison, nous avons ajouté dans notre label la possibilité d’afficher le caractère local et recyclé d’un produit.

Propos recueillis par Enora Soriano Keriven

Dossier3-150_LaetitiaFontaine

Laetitia Fontaine

directrice de l’association Amacò

La construction en terre crue connaît un regain d’intérêt

Le regain d’intérêt pour la terre crue est connu pour les finitions. Qu’en est-il du gros œuvre ?

La terre porteuse n’est pas reconnue comme « technique courante », mais cela n’empêche pas les grands projets de promoteurs ou de collectivités de voir le jour. Un des enjeux de la filière est d’ailleurs de se regrouper en entreprises de plus grande envergure pour répondre à cette demande.

La terre crue est souvent assimilée à des savoir-faire anciens. Est-elle dorénavant tournée vers l’innovation ?

Les deux se font en parallèle. La transmission continue sur les chantiers et dans les formations tandis que des acteurs se positionnent sur l’innovation, comme la préfabrication de pisé qui facilite et accélère la mise en œuvre.

Quelles autres directions prend l'innovation ?

La préfabrication en bauge est aussi étudiée. Des tests sont en cours pour la terre coulée. L'enjeu est de pouvoir décoffrer rapidement. Mais pour l’instant la technique n’est pas aboutie, car nous ne savons pas faire sans stabilisant [plâtre, chaux ou ciment, à hauteur de 1 à 15 % qui impacte la recyclabilité du matériau, ndlr]. Une affaire à suivre !

Le temps des écomatériaux

Depuis le début du siècle, les matériaux écologiques s’imposent timidement sur le marché du bâtiment. Règles professionnelles, FDES(1), expérimentations, mises en œuvre… Les filières se structurent et se professionnalisent pour gagner en assurabilité.

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