Nouveaux habitats : Évidence écologique, flou bureaucratique 1/7

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Par Enora Soriano Keriven

Publié le 24 juillet 2025

3 minutes de lecture


Amovible, démontable, compostable, l’habitat réversible(1) coche toutes les cases de la construction écologique et voit son horizon s'éclaircir.

En 2023, le secrétariat général à la Planification écologique (SGPE) dévoile que le secteur du bâtiment a émis pas moins de 124 millions de tonnes de gaz à effet de serre en équivalent CO2 pour la seule année 2019. Soit 29 % de la totalité des émissions annuelles nationales. Selon les calculs du cabinet de conseil indépendant Carbone 4, cela le place au deuxième rang des secteurs les plus émetteurs après celui des transport (31 %). De son côté, le Cerema déclare dans le cadre de l’Observatoire de l’artificialisation des sols qu’entre 2011 et 2024, presque 64 % des espaces naturels, agricoles et forestiers artificialisés l’ont été pour de l’habitat. Cela équivaut à 189 060 ha de terre en 13 ans. Bien qu’elle ralentisse, cette dynamique reste élevée et s’observe principalement dans les communes rurales.

Face à ces chiffres alarmants, nombreux sont ceux qui cherchent à changer leur manière d’habiter, de construire, de rénover. Ainsi, vivre en habitat mobile, de petite taille ou carrément compostable(2) est un choix de plus en plus répandu : villages de paillourtes, de tiny houses, maisons en A, flexagone, dômes, zômes fleurissent dans toutes les régions.

Au sein de l’association Hameaux légers, qui promeut et accompagne porteurs de projets et communes dans l’installation de groupements d’habitats depuis 2017, Xavier Gisserot, son fondateur, suppute : « Il n’existe aucune donnée officielle. Nous dénombrons 87 hameaux légers en projet avec terrain défini ou déjà installés dans l’Hexagone. Cela équivaut environ à 700 foyers, sans compter ceux qui s’installent seul ou que l’on n’a pas enregistrés. Cela pourrait représenter 10 000 à 50 000 personnes. » Autre indicateur de cette tendance : la pérennité de constructeurs de petits habitats. « Nous ne manquons pas de travail, appuie Thomas Longhi, fondateur de l’atelier Cahute, créé en 2016, spécialisé dans les petites maisons bois-paille. La demande est permanente. »

Dénominations en pagaille

Contrairement à l’habitat léger de loisir, tel que les mobil-homes ou les yourtes de campings en activité commerciale de vacances, l’habitat léger permanent n’avait pas d’existence légale avant la loi Alur(3) de 2014. Dans ce texte, il prend le nom d’« habitat démontable ». Il doit être « sans fondation », habité plus de huit mois par an, rapidement et facilement démontable, potentiellement autonome des réseaux d’eau potable, d’assainissement et d’électricité. Une définition floue, puisqu’un habitat repose toujours sur des fondations – que ces dernières artificialisent ou non le sol – et que la rapidité de démontage n’est pas quantifiée.

L’association Hameaux légers préfère le terme d’« habitats réversibles », car « ils ne sont pas tous nécessairement ni légers, ni démontables à proprement parler »(4). D'après elle, le terme « léger » peut aussi véhiculer un imaginaire péjoratif d’un habitat qui serait fragile et précaire.

Dans les faits, le coût d’un habitat réversible est très variable. Le commissariat général au développement durable compte une moyenne de 1 732 €/m2 tout type d’habitat confondu en 2022(5). Thomas Longhi estime la construction d'un micro-habitat en bois-paille clé en main à 2 800 €/m2 en moyenne. « Plus une maison est petite et plus elle coûte cher au m2, explique-t-il. D’autant plus si elle est mobile : son système constructif impose une qualité et des techniques plus coûteuses que la construction traditionnelle. » Mais leur sobriété les sauve.

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