Les toitures : Le chaume, la toiture qui respire 4/5

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Par Christophe Trehet

Publié le 17 janvier 2025

5 minutes de lecture


Biosourcée comme le bardeau, la toiture en roseau offre en plus l’avantage de contribuer à l’isolation du bâtiment.

Si l'on cherche un matériau de couverture à l’intérêt écologique marqué, le chaume est un candidat de choix. Biosourcé, constitué de tiges de plantes posées en grappe ou en botte sur le toit, il assure non seulement la couverture, mais participe de façon très significative à l’isolation thermique de l'habitation et garantit une forte isolation acoustique (idéale en cas de grêle, par exemple).

« De nos jours, la ressource employée est presque exclusivement du roseau phragmite », signale Carole Lemans, architecte, salariée de l’Arpe Normandie et autrice de Couverture et façade de chaume, paru en 2024 (éd. Le Moniteur). La récolte de ce roseau s’opère dans les zones humides, publiques et privées, souvent protégées dans les Parcs naturels régionaux. Historiquement, la paille de blé, de seigle ou la bruyère, le genêt et autres végétaux disponibles à proximité étaient utilisés pour couvrir les bâtiments. « Aujourd'hui, les roseaux ne proviennent pas tous de roselières proches et sont pour partie importés de Turquie, de Hongrie, voire de Chine », prévient Marine Leparc, coordinatrice de l’Association nationale des couvreurs chaumiers (ANCC).

Ventilée mais imperméable

La forme de la tige, qui emprisonne de l’air, et la superposition de plusieurs bottes de chaume induisent une épaisseur qui confère des qualités d'isolant naturel, explique le CAUE d’Occitanie dans une fiche technique consacrée aux toitures de chaume. Mais pour atteindre les exigences actuelles ouvrant droit aux aides financières à la rénovation, à savoir une résistance thermique de 6 m2.K/W pour des combles aménagés, « la couverture doit mesurer 40 cm d’épaisseur » en milieu de toit, précise l’entreprise Tradition chaume (41) spécialisée dans la pose et l’entretien de ces toitures.

En dépit du tassement, des vides persistent dans une couverture en chaume. Ces derniers créent une ventilation naturelle en son sein (mais la couverture n’est pas pour autant perméable à l’air). Une mécanique qui se fait au détriment de l’isolation thermique, mais en faveur du séchage. « La couverture en chaume ne craint pas les changements brusques de température et d’humidité et se défend ainsi parfaitement face au risque de condensation », conclut Carole Lemans. La combustion d’un toit de chaume n’est par ailleurs pas aisée, étant donné sa densité.

Le poids d’une toiture en chaume (40 à 60 kg/m2) n’impose pas de conditions particulières en termes de charpente, « hormis une pente d’au moins 45°, sinon l’écoulement n’est pas assez fort et le roseau risque de se dégrader », avertit Agnès Bougeard, responsable de l’entreprise Bougeard couverture et présidente de l’ANCC (lire La Maison écologique n°139).

Le prix d'une toiture en chaume varie en fonction de la complexité du toit. Il se situe autour de 180 à 250 € HT/m2 (main d’œuvre comprise). « Cela ne coûte pas davantage qu’une toiture en ardoise de qualité isolée avec de la laine de bois », souligne Agnès Bougeard, qui ajoute qu’un entretien (comptez 15 à 25 €/m2 environ) s’impose tous les deux à cinq ans sur le chaume, en fonction des conditions climatiques locales, « pour enlever les mousses, refixer les bottes de roseau si besoin ». Une dernière qualité assure la longévité de ces toitures : sa résistance au gel, au vent et à la grêle. Chapeau le chaume !

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