Rénovons les appartements : Rénovée la copropriété 4/5

Isolation extérieure en laine de bois, remplacement de toutes les menuiseries par de belles huisseries bois à double vitrage, isolation des combles perdus en ouate de cellulose, changement de la chaudière au fioul pour une à granulés de bois couplée à la production d’eau chaude centrale, pose d’une ventilation simple flux commune… « On n’a voulu faire aucune concession », tranche Hélène, copropriétaire d’un immeuble des années 1970 en Savoie qui a bénéficié, en 2023, d’une rénovation globale avec beaucoup de matériaux biosourcés.

« Un cas rare », selon un des deux maîtres d’œuvre, Jules Croibier, du bureau d’études thermiques et fluides Orkadis (73). En 2024, près de 38 000 copropriétés ont bénéficié d’une aide de l’État pour leur rénovation d'après l’Anah⁽¹⁾. « Le plus souvent, cela concerne la ventilation, l’isolation des façades, et parfois le changement de système de chauffage. Les menuiseries sont, elles, généralement renvoyées au cadre privatif », poursuit-il.

Et pour cause, le contexte est lui aussi assez rare : deux couples d’amis rachètent une copropriété de trois lots et d’une surface de 219 m², pour vivre comme dans un habitat participatif. « On se connaissait, on savait ce qu’on voulait », admet Hélène. Toutefois, leur expérience est duplicable et la réflexion que les habitants portent sur elle est nourrissante.

Le bon accompagnement

Les quatre copropriétaires se sont rassemblés en un syndicat coopératif. Ils autogèrent la copropriété. D’ordinaire, le syndic, porte-parole des copropriétaires, gère la relation avec les maître d’œuvre et assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO). Dans leur cas, ils portaient donc tous ensemble le projet. Ils ont choisi ensemble les professionnels pour les accompagner. L’Asder, agence de l’énergie de Chambéry, a été leur première interlocutrice, à la fois leur conseillère France Rénov’ et leur AMO. Cette dernière est obligatoire pour obtenir les aides MaPrimeRénov’ Copro.

« Puis nous avons cherché un maître d’œuvre pour une rénovation globale et écologique. Ce n’était pas facile. La plupart proposent des solutions clés en main typiques des grands ensembles, surtout avec des matériaux conventionnels », regrette Hélène. « C’est vrai que nous avons peu souvent des biosourcés dans les copro, admet Jules Croibier. La question financière est au cœur du problème. La majorité s’oriente vers un matériau peu onéreux et rapide à mettre en œuvre, souvent de la laine de roche. On ne nous demande plus beaucoup de polystyrène, c’est déjà ça. »

La réno d’une copro est en effet conséquente. « Au début, on pensait mettre 160 000 € TTC. Au final, ça a coûté le double ! » La faute à des petits travaux non budgétés au départ comme l'étanchéité des balcons ou la flambée des prix avec la guerre en Ukraine… « On avait l’exigence des matériaux biosourcés mais quand nous avons vu les prix, nous avons un peu déchanté, avoue Hélène. Nous avons dû faire un compromis. » L'isolation du plafond du garage, qui est le plancher de son appartement, s'est faite en laine de roche et les murs du garage mitoyens avec les parties communes, en laine de verre.

Le gain énergétique estimé est un passage de 417 à 76 kWh_EP/m².an. « C'est une méthode de calcul théorique, avertit le thermicien. Elle exagère un peu l’état initial du bâtiment. Je pense qu’on est plus autour 60 à 65 % d’économie d’énergie. » Hélène n’a pas les chiffres exacts de la consommation, mais ayant passé trois hivers avec l’ancienne chaudière au fioul, « on est passé de 5 000 € annuels de fioul à 1 600 € pour 4 t de granulé ».