Les pieds sur terre, dans son salon 3/4

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Par Christophe Trehet

Publié le 26 novembre 2025

5 minutes de lecture


Disponible localement et non transformée, la terre argileuse offre une solution bas carbone pour les dalles.

La terre est un béton d’argile », invite à penser Amàco, célèbre bureau d’études sur la terre crue, aussi centre de formation basé en Isère depuis 2012 et à Sevran (93) depuis l’été 2025. Si le ciment constitue le liant qui agglomère graviers et sable dans un béton conventionnel, dans la terre cette fonction est jouée par les argiles qui lient cailloux, graviers, sables et silts. Voilà pourquoi il est possible de réaliser des dalles (non porteuses sur le plan structurel) avec ce matériau disponible localement, voire sur le chantier même, en utilisant les terres excavées si leurs qualités le permettent. À l’instar des dalles de chaux, les bétons d’argile au sol peuvent être mis en œuvre en rénovation de bâti ancien (d’autant plus qu’ils sont perspirants), avec rupture de pont thermique au contact des fondations et soubassements de mur (plaque de liège expansé, etc.) ou coulés de façon désolidarisée des fondations et sur un hérisson.

Parce que sa matière première est brute et non transformée, le béton de terre présente un bilan carbone très favorable. Le transport en constitue le principal poste, or se fournir localement est souvent possible. On n'utilise pas les terres végétales, qui occupent les premières dizaines de centimètres du sol et contiennent de la matière organique. Ce sont les terres argileuses du dessous qui nous intéressent. « Il faut de la terre contenant au moins 10 à 15 % d’argile, ce qui est fréquent », signale Louis Garçon, maçon terre et chaux chez Créa’terre (49), dont la première dalle en terre date d’il y a 12 ans. Si l’option terre vous séduit, soyez attentifs aux chantiers de terrassement locaux, souvent source de terre excavée gratuite. Reste le transport à financer jusqu’à chez soi.

Avec la terre, ça tourne rond

« J’ai récemment fait livrer 8 m3 de terre pour 500 € sur un chantier. L’équivalent en chaux aurait coûté neuf fois plus cher », détaille Louis Garçon, maçon qui apprécie par ailleurs la qualité sanitaire de la terre, moins dangereuse à manipuler que la chaux. La fourniture de terre prête à l’emploi pour des dalles reste très rare. En Normandie, les habitants de la Manche, du Calvados et de l’Orne bénéficient cependant de l’offre de l’association Enerterre, qui propose de la terre à 460 € la tonne (soit 0,6 à 0,75 m3 de terre selon sa composition).

Si certaines terres disposent naturellement des proportions correctes en argile, sable et gravier pour constituer un béton, d'autres doivent être corrigées. Des tests de dosages et l’intervention d’un·e spécialiste (artisan·e, association d’écoconstruction...) s’impose en cas de doute ou d’autoconstruction. Quand le taux d’argile s’avère insuffisant, l’ajout de terres plus argileuses est indispensable à la bonne tenue du béton. « On peut aussi ajouter de la pouzzolane pour l’isolation (lire p.54-55), ou du gravier 10/20 ou 10/30 pour améliorer la résistance à la compression », poursuit Louis Garçon. Il existe ainsi plusieurs recettes de béton de terre pour dalle ; les références s’affinent et se diversifient à mesure que les savoir-faire se développent chez les professionnels.

L’association de formation à la terre crue Chapeau et bottes (33) a pour sa part mis en œuvre le dosage de 2 vol. d’argile + 1,5 vol. de sable + 1 vol. de gravier à béton + 2 vol. de foin, mélangés à la bétonnière, pour réaliser la dalle en terre crue de leur local (10 cm). Pour sa part, Laurent Bouyer, chargé de projets à Enerterre (50), n’a utilisé la terre qu’au-dessus de sa dalle. Pour sa maison un complexe comprenant une dalle chaux de 10 cm sous « un béton de terre de 6 cm d’épaisseur avec 1 vol. de terre pour 3 vol. de sable [plus 10 % de mélange bouse/crottin frais pour l’apport de fibres, ndlr] auquel j’ai ajouté le même volume de mélange à béton (sable et gravier) ».

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