Le déphasage, la clé du confort d’été ? 4/4
Isolants riz, maïs, tournesol, balles de céréales Bioclimatisme Confort thermique (dont estival) Puits canadien Ventilation (dont double flux)
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Par Aurélie Cheyssial
Publié le 22 mai 2024
Les matériaux biosourcés présentent des avantages en termes de transfert de vapeur d’eau, de compatibilité avec le bâti ancien. Ils sont aussi réputés mieux protéger de la chaleur estivale.
Une promesse sous conditions.
Un matériau isolant doit en premier lieu s’opposer au passage des calories. Mais d’autres caractéristiques influencent le confort d’été dans un bâtiment. « Ce qui différencie les isolants biosourcés des plus conventionnels type laine de verre ou polystyrène, c’est un déphasage plus long et un amortissement plus fort de l’onde thermique qui ont un rôle non négligeable sur le confort d’été. Lorsqu’il fait chaud, l’onde thermique émise en milieu de journée traverse la paroi. Le temps qu’elle met à pénétrer à l’intérieur du bâtiment s’appelle le déphasage », explique Yves Hustache, associé-fondateur du bureau d’études Karibati, spécialisé dans les biosourcés, et Délégué général de l’Association des industriels de la construction biosourcée (AICB).
Le deuxième mécanisme intéressant est l’amortissement de l’onde thermique, c’est-à-dire la capacité d’un matériau à dissiper l’énergie qui la traverse. Ces deux caractéristiques sont liées à la masse volumique des isolants (ou densité). Elles sont souvent plus élevées pour les biosourcés que leurs pairs conventionnels. « À résistance thermique (R) égale, les fibres de bois offrent un déphasage d’environ 10 h contre 5 h environ pour une laine minérale et l’amortissement est près de deux fois plus important », souligne Yves Hustache.
Reportage
Pour rester au frais, le bon isolant au bon endroit
En pleine zone industrielle de La Roche-sur-Yon (85), ce bâtiment bioclimatique à ossature bois de 550 m2 sur deux niveaux, imaginé par l'agence d'architecture CAN IA, abrite des bureaux de la Cavac, coopérative agricole fabricant les isolants Biofib (lire LME n°140). « Nous nous sommes basés sur l’orientation pour choisir les matériaux isolants, explique Margaux Pétillon, cogérante de l’agence. La paroi nord, peu ouverte sur l'extérieur, est isolée en ouate de cellulose (145 mm + fibre de bois 80 mm) pour rapporter résistance thermique et déphasage. Les façades sud, est et ouest, exposées au soleil, correspondent aux pièces de vie. Elles sont isolées par l’extérieur en fibre de bois (80 mm), béton de chanvre (240 mm) entre ossature avec finition en enduit terre (2 cm). Cet ensemble apporte densité, déphasage thermique et régulation hygrothermique dans les pièces destinées à recevoir du monde. »
Préfabrication bois et chanvre
À l’étage, les murs en béton de chanvre, initialement développés par les architectes, ont été préfabriqués en atelier, livrés et posés sur site par Wall-up préfa (77). La fibre de bois extérieure sert à la fois de coffrage, de support d’enduit et d’isolant. Le béton de chanvre est ensuite coulé dans le mur à ossature bois avec un débord pour la continuité de l’isolation. Les finitions intérieures assurant l’étanchéité à l’air sont réalisées sur site. Des panneaux de Biofib’trio chanvre, lin, coton (36 cm) assurent l’isolation thermo-acoustique des cloisons et du toit en pente (+ fibre de bois 4 cm côté extérieur). Le confort d’été n’est pas simple à obtenir passivement dans les bureaux où les surfaces vitrées répondent aux besoins de lumière naturelle et l’inoccupation la nuit limite la ventilation naturelle (lire Avis d’expert·es dans LME n°137). Les gaines de ventilation double flux ont donc été surdimensionnées et « couplées à un rafraîchissement adiabatique, une technologie low-tech qui abaisse la température de l’air entrant par évaporation de l’eau ». Autant de solutions qui permettent au bâtiment de se passer de climatisation.
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