« La rénovation thermique doit intégrer le confort d’été » 2/4

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Par Aurélie Cheyssial

Publié le 22 mai 2024

13 minutes de lecture


Loïc Frayssinet, ingénieur-chercheur indépendant en thermique du bâtiment, a co-écrit « Confort d’été dans l’habitat après rénovation », une étude de 2020 portée par EnvirobatBDM(1) et l’Anah(1). Elle porte sur des données issues de l’instrumentation et la prise en compte du ressenti des habitants de 16 logements ayant bénéficié d’une rénovation énergétique. Qu’en apprendre ?

Dossier_141 LoicFrayssinet-HD

Interview

Une rénovation énergétique peut-elle générer un inconfort d’été ?

Certaines interventions peuvent aggraver une situation initiale. Contrairement au bâti non isolé qui se refroidit naturellement aux heures fraîches à travers son enveloppe, le bâtiment isolé devient rapidement inconfortable s’il n’est pas aéré la nuit. C’est encore pire si les volets, les treilles, la végétation environnante et autres protections solaires ont été supprimées lors des travaux, car cela augmente les apports de chaleur. L’aménagement des combles a également des conséquences. Les combles ventilés sont un vrai plus pour évacuer les apports de chaleur qui arrivent du toit. A contrario, la pose fréquente de fenêtres de toit, véritables puits à chaleur, est problématique. Les travaux réalisés ne doivent pas réduire le potentiel de ventilation naturelle (maintien des ouvrants existants, du caractère traversant du logement), mais plutôt l’améliorer, y compris au niveau des occultations (volets ajourés, persiennes, volets coulissants, etc.).

Dans le bâti ancien, l’isolation par l'intérieur (ITI) est-elle à proscrire ?

L’inertie interne d’un bâtiment traditionnel, en pierre ou en terre, est son point fort. L’isolation par l’intérieur peut largement réduire son impact, donc a priori avoir un effet négatif sur le confort d’été. Il faut analyser en amont où se situent les masses inertielles. Si l’inertie interne du logement est suffisante au global (dalles, murs intérieurs, refends…), la perte de celle des murs extérieurs n’impactera pas notablement le confort d’été. Une isolation par l’extérieur (ITE) sera gagnante sur les deux tableaux (inertie et isolation) et le confort d’été sera donc meilleur qu’en ITI.

Quels sont les principaux leviers d’amélioration ?

Même si les éléments « techniques » précédents ont leur importance, il ressort de notre étude que l’inconfort d’été provient le plus souvent de pratiques « inadaptées » des habitants, par méconnaissance ou par contraintes (bruits, risque d’intrusion…). Nous avions des capteurs pour mesurer l’ouverture des fenêtres : elles étaient la plupart du temps fermées la nuit, mais ouvertes en journée pour faire courant d’air. La mise en place de grilles, de moustiquaires ou la création d’ouvertures sur des cours intérieures devraient systématiquement être étudiées lors d’une rénovation énergétique pour faciliter la surventilation nocturne sans craindre les intrusions.

1. Association de promotion des modes d’habiter et de vivre plus résilients en région Paca.

2. Agence nationale de l'habitat.

Dossier_141 TODO

Reportage

Microclimat tempéré en centre-ville

Au cœur de Libourne, Fanny et Vincent ont transformé un garage en maison-bureau de 49 m2. Ils ont misé sur le végétal et les matériaux naturels pour résister à la chaleur. En pierre, le bâtiment initial profite d'une inertie importante, mais aussi d'une régulation hygrothermique grâce à une isolation paille en toiture (bottes de 22 cm + pare-pluie rigide de 6 cm) et la projection de 8 cm de terre-chanvre doublé d’un enduit en terre de 2 cm qui corrigent thermiquement les murs intérieurs.

La maisonnette, surélevée au sud, bénéficie des apports solaires et de lumière naturelle en hiver. Elle sera bientôt protégée du rayonnement estival par des casquettes végétales qui pousseront sur un tissage de câbles inox de 90 cm de large. « Nous avons planté en pied de façade des plantes grimpantes aux fruits comestibles : kiwaïs, vigne et fleurs de la passion. Elles complètent les arbres et arbustes du jardin pour offrir un microclimat tempéré au cœur de la ville », détaille Fanny, architecte de formation. En sus, des coffres de stores extérieurs à enroulement en toile microperforée se dissimulent derrière le bardage bois. Les menuiseries sont calibrées sur les besoins de ventilation naturelle. « Notre porte d'entrée d'occasion a une partie supérieure protégée par une grille, qui s'ouvre. Avec les fenêtres oscillo-battantes de l'étage, on crée des trajectoires d'air diagonales pour balayer l'espace et capter la fraîcheur nocturne. Notre premier été de recul montre que le faible inconfort ressenti coïncide avec une mauvaise gestion des volets, des stores ou de l'ouverture des fenêtres la nuit. Cette problématique devrait en grande partie être résolue dès que la végétation aura poussé. »

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