Se jeter à l’eau du robinet (1/3)
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Par Aurélie Cheyssial
Publié le 26 mai 2023
Alors que le mode de vie contemporain dégrade cette ressource essentielle à la vie, la quête d'une eau pure, transparente et régénératrice ne s'éteint pas. Avec ses 9,3 milliards de litres embouteillés, le marché français de l'eau en bouteille en est l'ultime paradoxe. L'alternative viendra-t-elle du retour à l'eau du robinet ? Peut-on à nouveau lui faire confiance ou faut-il se tourner vers une filtration supplémentaire ?
Faire confiance à l’eau du robinet, pas si simple
Mauvais goût, provenance douteuse, polluée, pleine de produits chimiques, trop traitée… Les arguments des détracteurs de l'eau "potable" ne manquent pas. Pourtant, 73% des Français s'estiment satisfaits de l'eau de leur robinet(1).
La seule chose que nous ne faisons pas avec l’eau potable, c’est de la boire », plaisantait avec justesse Franck Lepage dans la conférence gesticulée Incultures 2, un spectacle militant à mi-chemin entre une conférence et un one man show créé en 2010. Il souligne ainsi l’une des nombreuses aberrations du marketing qui réussit à faire croire qu’il faut boire de l’eau en bouteille plutôt que de l’eau du robinet. Un tour de force !
Pourtant, plus de 98 % des Français.es disposent aujourd’hui d’une eau conforme à la réglementation, selon la 4e étude de l’UFC-Que choisir sur la qualité de l’eau en France, co-écrite avec Générations futures et publiée en 2021. Et la confiance règne sur la capacité des cycles naturels de l'eau à fournir une eau de qualité. Près de 65 % des eaux proviennent de captages d’eaux souterraines.
« Elles ont une protection naturelle que n’ont pas les eaux de surface. Mais […] comme en région parisienne où les nappes souterraines ne sont pas suffisantes pour alimenter toute la population, les eaux de surface sont aussi largement utilisées », explique Sylvie Thibert, ingénieure qualité de l’eau et gestion des risques sanitaires au Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif). Avec près de 780 000 m3 distri- bués chaque jour à près de 4,7 millions d’habitants, le Sedif est le plus grand service public d’eau en France et l’un des tout premiers en Europe.
La région parisienne est ainsi majoritairement alimentée par les eaux des fleuves et rivières : Seine, Marne et Oise. Cette eau captée « brute » est classée dans la catégorie A3, à savoir une eau de surface de qualité médiocre mais qui peut être utilisée pour produire une eau potable (voir le tableau dans la deuxième partie du dossier ). Le Code de la santé publique impose une filière de traitement capable de couvrir toutes les situations, des polluants agricoles et industriels jusqu'à ceux issus de la sphère domestique.
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