Photovoltaïque, cap sur les kits (3/3)

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Par Aude Richard

Publié le 5 juillet 2023

8 minutes de lecture


A brancher au tableau électrique ou directement sur une prise, les kits solaires s'installent. Ils allient le "faire-soi-même" et l'autoconsommation. La promesse est alléchante, mais attention aux erreurs.

Installation murale x 4 maison bois - c- beem energy
Un particulier n’étant pas un professionnel, on ne peut lui reprocher un défaut d’installation. En cas d’incendie, les dommages sur l’habitation seront remboursés si l’installation a été déclarée. © BEEM ENERGY

En alternative aux installations classiques, il est possible de monter son installation photovoltaïque soi-même. De nombreux sites Internet commercialisent des kits solaires (panneaux, onduleur, câbles, coffret de protection et fixations). Les ventes atteignent 10 % du marché du photovoltaïque en France et la croissance est très forte.

Bon à savoir : monter une installation soi-même ou avec un artisan non agréé RGE ne donne pas accès aux aides publiques. Pas de prime à l’autoconsommation, ni de tarif en obligation d’achat pour le surplus. On peut toutefois proposer de vendre quelques électrons en surplus à son fournisseur au prix du marché, environ 6 c€/kWh, ou recourir à une batterie virtuelle (lire la première partie de ce dossier).

Finalement, Céline et son mari décident de construire eux-mêmes un abri de jardin exposé plein sud. Pour y installer les panneaux, une simple convention d’autoconsommation signée avec Enedis suffit, car sans vente d’électrons et en-deçà de 3 kWc, pas besoin de Consuel. Par contre, avec des panneaux installés au-dessus de 1,80 m, une déclaration de travaux en mairie est nécessaire. Pour produire l'équivalent de la moitié de ses besoins (3 500 kWh/ an), le couple peut se contenter d'une installation de 1,4 kWc.

Être accompagné

« Mieux vaut acheter son kit à un professionnel du solaire, qui vérifiera en amont vos compétences en bricolage et pourra vous aider à réaliser l’étude et vous donner des conseils techniques. Il faut vérifier qu’il soit complet avec un mode d’emploi, un coffret de protection, voire un parafoudre », recommande Joël Mercy, président du Groupement des particuliers producteurs d’électricité photovoltaïque (GPPEP), source de nombreux conseils pour les particuliers.

C’est ce qu’a fait Michel Sabatier, installé à Carnoules (Var). Pour l'auto-installation de 3 kWc sur son toit, il a pris conseil auprès de Nicolas Dubecq, gérant de Dubecq & fils (Landes), qui propose des kits en autoconsommation de 0,63 kWc à 3,15 kWc. « M. Dubecq a pris 2 h pour tout m’expliquer et me mettre en confiance. Il a beaucoup insisté sur la sécurité. Ce qui m’a rassuré, c’est que les micro-onduleurs ne fonctionnent pas tant que l’installation n’est pas raccordée au tableau, donc on ne peut pas s’électrocuter », témoigne Michel. En effet, il est recommandé d’opter pour des micro-onduleurs, moins dangereux pour le grand public que les onduleurs centraux qui nécessitent une pince à sertir et des branchements en courant continu.

Nicolas Dubecq a accompagné Michel durant toute l’installation. « Une fois sur mon toit, j’ai dû l’appeler pour une question de longueur de tuile. Après, je lui ai envoyé les photos de mon installation pour qu’il contrôle si tout allait bien. Cet accompagnement est très appréciable », souligne cet électronicien de 53 ans. Son auto-installation sur tuiles (10 panneaux bi-verre de 320 W Solarwatt couplés avec des micro- onduleurs et un routeur pour le surplus MK2 PVRouteur) lui a coûté 5 000 €, environ 1 500 € plus cher qu’un kit solaire sans accompagnement. Le vendeur lui garantit une performance de 87 % de ses panneaux dans 30 ans et les micro-onduleurs pendant 20 ans. « La qualité des kits est en général correcte sur Internet, rassure Fabrice Cardenti, installateur qui accompagne aussi les autoconstructeurs, en prestation à la journée. Il est nécessaire de demander les durées de garanties des panneaux, au moins 80 % de performance au bout de 25 ans, et celle des onduleurs. »

montage-credit
Le montage des panneaux est relativement simple, mais il faut être un minimum équipé, notamment pour les travaux en toiture. © BUSINESS EN HERBE

Poser son kit en autonomie

Céline ne trouvant pas d’installateur vendeur de kit, elle achète son kit sur Internet. « Que ce soit Oscaro Power ou Allô!Solar, ces sites accompagnent bien les autoconstructeurs », confie Ondine Suavet, directrice de MyLight. L’engouement pour les kits est réel. En 2021, Oscaro Power a vendu l’équivalent de 10 MW, soit trois fois plus qu’en 2020. « Peu à peu, les verrous sautent. Nos clients sont en général des bricoleurs, acculturés à l’électricité. Mais avec la simplification des connectiques et du matériel, on s’adresse à des personnes moins bricoleuses. Elles vont poser leurs panneaux et faire appel à un ami pour ajouter le disjoncteur dans le tableau électrique ou pour monter sur le toit », explique Marion Perrin, directrice d’Oscaro Power.

Céline et son mari optent pour un kit de 1,4 kWc, sans supervision, à 2 000 €. Accompagnés d’un ami électricien, ils installent les panneaux sur l’abri à voiture en une journée. Comme pour une installation de toit, l’abri solaire doit être déclaré à l’assurance. Certaines compagnies ne demandent pas de détail sur l’installateur, comme la GMF. D’autres, comme Aviva, souhaitent une attestation de conformité d’un professionnel.

Montage a flanc de colline - Jura -@solar coop
© SOLAR COOP

Solarcoop accompagne les particuliers et prépare des kits… en bois !

Cette coopérative d'intérêt collectif (SCIC) est issue des centrales villageoises et de citoyens. « Nous accompagnons gratuitement les particuliers et les mettons en relation avec des installateurs pour éviter qu’ils tombent entre les mains d’écodélinquants », souligne Michel Ollivier, son président. Créée en 2021, Solarcoop propose aussi des kits solaires. Attachée à l’empreinte carbone, elle privilégie les livraisons groupées via des structures citoyennes locales et va créer un kit bas carbone : panneau européen, support de panneaux (posés au sol) en bois durable (acacia ou châtaignier) fabriqué par un Établissement et service d'aide par le travail (Ésat). Ce kit « local » devrait être commercialisé en 2022, au même prix que les kits classiques.

Un kit à brancher

Si Céline avait opté pour une installation d'une petite puissance de 0,7 kWc, elle aurait pu brancher un kit sur… une prise électrique ! Une prise de courant est aujourd'hui bidirectionnelle. Il est possible de lui soutirer de l’énergie avec un équipement, mais aussi de lui en injecter. Les kits à brancher permettent de s’affranchir des raccordements au tableau électrique, opération périlleuse.

Principale différence avec les kits d’auto-installation : leur petite puissance, souvent entre 0,3 à 0,9 kWc*, à partir de 600 €. L’installation ne prend pas plus d’une heure. Il s’agit principalement de fixer le panneau sur un support, de le lester au sol ou en façade et de le brancher sur une prise extérieure. « C’est parfait pour les locataires ou en cas de déménagement, le kit se replie et il tient dans un coffre de voiture », apprécie Alexis Simon, commercial chez Beem Energy. Cette jeune entreprise nantaise a créé son propre kit de 0,300 kWc (4 panneaux), plutôt haut de gamme, et le commercialise à 780 € TTC livré. Il est vendu en grande surface spécialisée, chez Leroy Merlin et Boulanger. « Nous pensons que s’équiper d’un kit solaire va devenir aussi banal que d’acheter une tondeuse à gazon. Nous espérons plusieurs dizaines de milliers d’installations d’ici quelques années », ajoute Alexis Simon.

Si cette solution « plug & play » semble très séduisante, elle ne couvre, en général, que 5 à 10 % de la consommation électrique d'un foyer. « Elle permet de mettre un pied dans l’autoconsommation et de se faire plaisir. Il faut avoir conscience que la production sera faible et qu’il faut avant tout réduire sa consommation. Un kit de 600 Wc solaire équivaut à un changement de réfrigérateur de classe énergétique C à A++ », relativise Richard Loyen, délégué général d’Enerplan, le syndicat du solaire.

Mauvais plan, vraiment ?

En mai 2021, le magazine Que Choisir publiait un article « Kits d’autoconsommation, c’est un mauvais plan », en pointant le manque de rentabilité dans les régions du nord de la France. Pour Michel Ollivier, cofondateur et président de Solarcoop, qui commercialise des kits (320, 640 et 1 280 Wc), « les kits bien dimensionnés, qui couvrent la consommation "talon", permettent d’économiser a minima 45 € par an. Il faut entre 8 et 12 ans, selon la région, pour amortir l’investissement. Mais attention à l’assurance. Quelques assureurs appliquent le même forfait que pour une installation de plus de 3 kWc. Avec une surprime à 50 €/an, toutes les économies s’envolent ! ».

Les kits sur prise sont prévus pour s’adapter aux installations électriques répondant aux normes, généralement postérieures à 1960. Néanmoins, leur développement très rapide pose problème. Il n’y a pour l’instant pas de norme régissant leurs caractéristiques techniques et leur domaine d’emploi. « L’industriel est responsable de son kit, mais il ne connaît pas la vétusté de l’installation électrique de la maison. Il faut cadrer les choses », ajoute Richard Loyen. Avec le syndicat des énergies renouvelables, Enerplan s'apprête à publier en 2022 un cahier de prescriptions techniques pour répondre à l’Afnor. Il est recommandé de ne pas bran- cher un kit de plus de 900 W sur prise et de vérifier que les kits répondent à la norme NFC 15-100 (prise reliée à la terre et circuit protégé par un disjoncteur différentiel de 30 mA). La sécurité ne se joue pas à kit ou double !

*Au-delà, le circuit électrique câblé en 2,5 mm2 doit être protégé en amont par un disjoncteur magnétothermique 16 A.

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