Tiny House, le petit habitat et grandes promesses 1/2

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Par Maïlys Belliot

Publié le 20 juin 2023

15 minutes de lecture


La tiny house s'impose dans le paysage de l'habitat alternatif français tout en reproduisant certains codes de l'habitat classique. Simple étape ou mode de vie pérenne, le petit habitat ne cesse de muer.

Petit habitat et grandes promesses

Les tiny houses sont de plus en plus nombreuses en France. Et le nombre de fabricants a explosé. Utilisées comme résidences principales, elles promettent une vie simple, légère, tournée vers l'essentiel. Mais ces promesses tiennent-elles la durée ?

Dans la salle de pause qui flaire la franche camaraderie, une carte de France piquée de multiples punaises en bois donne le ton. La plupart d'entre elles sont concentrées dans le nord-ouest et le sud-est.

« C’est l’emplacement de chacune de nos tiny houses », éclaire Michaël Desloges. Ici, en Normandie, l’entreprise, La Tiny House conçoit sur-mesure ces petites maisons en bois sur châssis de remorque. Elle fut même la pionnière en France, en 2014. Dans l’atelier, les « gars » de Michaël travaillent sur deux nouvelles « tiny ». On reconnaît leur géométrie d’environ 6 m de long, 2 m de large et 4 m de haut. Une taille standard qui assure, une fois l’aménagement terminé, le respect de la charge maximum réglementaire de 3,5 t. Elles seront les 109e et 110e tiny houses construites ici ; 90 % d’entre elles étant vouées à devenir une résidence principale. «Notre planning n’a jamais désempli. Les clients d’aujourd’hui ont un an et demi d’attente », avoue Michaël. Preuve pour le cofondateur de l’entreprise que les tiny houses ne sont « pas une simple mode, mais un phénomène qui s’installe ».

Célia Robert partage cet avis. Elle est une des membres fondateurs du Collectif Tiny House, un réseau notable d’échanges et d’entraide entre porteurs de projets, auto-constructeurs, fabricants et habitants de tiny houses, créé en 2016. Sur Facebook, il compte 14 000 membres. « Et ça augmente à chaque médiatisation du sujet », constate Célia. Cependant, le nombre de « tynistes » reste impossible à quantifier. Les études statistiques ne s’y intéressent pas (encore) et leur situation parfois nomade ou non déclarée ne rend pas ce travail aisé. Même les fabricants de tiny houses prolifèrent discrètement. « En 2016, on [les] comptait sur les doigts de la main », se rappelle Célia. Sur la carte interactive du Collectif, ils sont désormais près de 50 à avoir été identifiés. « Mais tous ne s’ajoutent pas systématiquement et certains n’en font pas leur activité principale. Des charpentiers construisent des tiny houses juste parce qu’il y a de la demande. » Si tous ont le même rythme de production que La Tiny House, qui en construit environ 20 par an, un certain nombre de tiny houses se baladent très probablement dans la nature.

À la recherche de liberté(s)

Les raisons de cet engouement? Des promesses de liberté. Économique, géographique, spirituelle, créative. S’affranchir d’un loyer ou d’un prêt immobilier était même un des premiers arguments de Jay Shafer, inventeur du concept aux États-Unis à l’aube du siècle(1). Pour environ 20 000 € en autoconstruction, 50 000 à 90 000 € clé-en-main, il est aujourd'hui possible de devenir propriétaire d’un logement confortable, bâti avec des matériaux sains, sur-mesure et… sur roues. La tiny house conjugue la liberté de mouvement avec le sentiment recherché du « chez soi ». Et elle libère du temps. Yvan Saint-Jours, premier autoconstructeur de tiny house en France, assure au micro de France Culture(2) que sans charges fixes liées à l’habitat, sans besoin excessif de ménage, d’entretien et de réparation, diminuer par deux voire trois son temps de travail pour mieux s’adonner à ses loisirs devient accessible.

Enfin, sa petitesse ramène l’esprit à l’essentiel. Mona Chollet, dans son essai sur la domesticité, « Chez soi », évoque ce « refuge » où il est rassurant d’avoir à portée de main tout ce qui participe à notre bonheur. Toute consommation matérielle devient futile. On se réjouit de notre minimalisme qui nous fait plus écolo. Et on s’amuse de son intérieur astucieux, presque ludique, comme « la maison de poupée de votre enfance », écrit-elle, où « la vie perd de son sérieux; elle s’allège ».

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