En Belgique, un bâtiment 100% local
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Par Virginie Jourdan
Publié le 1 mai 2022
Namur (Belgique)
À Namur, au sud de Bruxelles (Belgique), des entrepreneurs de l'écoconstruction ont érigé un bâtiment mi-expérimental, mi-totem. Pour encourager le recours à l’ossature bois, l’isolation paille ou aux Techno-pieux, ses concepteurs ont testé des techniques, en se reposant sur des ressources locales.
Son nom : Up Straw. Une référence au projet européen dans lequel s'insère la construction*. Mais surtout, un nom qui sonne comme un appel à faire monter la paille (« straw » en anglais), à l'élever au rang des matériaux incontournables pour les constructions sobres et performantes. « Avec Up Straw, nous voulons faire avancer l'écoconstruction en Wallonie. La faire valoir mais aussi valoriser le travail des entreprises qui existent déjà », explique Caroline Broux, architecte au sein de l'agence Hélium, partie prenante du chantier et cofondatrice du Cluster écoconstruction wallon qui réunit près de 260 professionnels pour sensibiliser et promouvoir la construction écologique. Le nouveau bâtiment, fraîchement achevé en août 2021, accueille l'administration du Cluster ainsi qu'un espace de coworking, et fait office d'avant-garde. Là-bas, les constructions bois avoisinent 12 à 15 % des chantiers neufs. « Si l'on ajoute le critère isolants biosourcés tels que la paille ou l'herbe, alors ce taux doit tomber à 6 ou 7 % maximum », estime Hervé-Jacques Poskin, délégué général du Cluster né en 2003. D'après lui, les clichés ont la peau dure : « En Belgique, on peut dire que les trois petits cochons ont fait du tort à la paille. Le pays a encore la brique dans le ventre. »
Mais la suite de l'histoire n'est pas encore écrite. Dans le secteur, plusieurs entreprises, comme Paille tech dans la construction paille ou Mobic dans la construction bois, se sont lancées dans l'aventure depuis au moins 15 ans. Des écoles, des supérettes ou encore des maisons individuelles témoignent de l'attrait que l'isolant des champs suscite. Avec Up Straw, l'idée était d'aller encore plus loin en expérimentant des techniques de préfabrication. « Nous avons travaillé avec des bureaux d'études et des entreprises qui travaillent sur des maisons individuelles. Nous avons utilisé et adapté leur savoir-faire pour faire un bâtiment de bureaux, en éprouvant des techniques sur le remplissage paille et l'usage de grumes de bois peu transformées », illustre Caroline Broux.
Pour ce bâtiment, le principe constructif n'est pas totalement nouveau. Mais pour chaque étape, le collectif s'est donné à cœur joie pour tester de nouvelles manières de faire. Première intention : réaliser des caissons 3D, en atelier, et expérimenter une alternative à la paille en bottes pour l'isolation. « À partir de ballots, nous avons utilisé de la paille en vrac. Elle nous offrait une souplesse architecturale. Nous n'étions pas contraints dans la hauteur ni la largeur, car il n'y avait pas de bottes calibrées à insérer dans les caissons. Seule l'épaisseur de 46 cm ne pouvait pas être modifiée pour garantir l'efficacité de l'isolation. L'entreprise qui a utilisé cette technique avait déjà testé la cellulose en vrac. Elle s'en est inspiré », détaille Caroline Broux.
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