Bélier hydraulique, capter l’eau sans électricité

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Par Émilie Veyssié

Publié le 8 juin 2023

8 minutes de lecture


Ingénieuse, cette machine inventée à la fin du XVIIIe siècle permet de puiser l'eau sans système électrique. Une installation idéale pour les habitats autonomes.

2Le reservoir de l'ecohameau Interval - crédits Chloé Dapsanse
Pour prévenir le manque d'eau, un étang artificiel de 100 m3 a été aménagé dans l'écohameau Interval, en Dordogne. © CHLOÉ DAPSANSE

J'ai découvert il y a peu le fonctionnement du bélier hydraulique. J'ai été stupéfaite par son efficacité et par ce mécanisme qui ne nécessite aucune énergie électrique, s’enthousiasme Chloé Dapsanse, habitante de l'écohameau Interval, en Dordogne, qui dispose d’un bélier en fonte du XIXe siècle. Nous avons pu faire une réserve d'eau d’environ 120 m3 pour irriguer notre potager de 1 500 m2 à partir de la résurgence d’un ru(1). » Le bélier hydraulique, inventé par Joseph Montgolfier, permet de capter de l’eau située en aval en utilisant l’énergie du mouvement, dite cinétique. « C’est une machine élévatrice, ce n’est pas une pompe », précise Didier Nébréda, un passionné de béliers qui en fabrique et en répare depuis les années 2000.

Un bélier, comment ça marche

Pour installer un bélier, vous aurez besoin d’un point d’eau et d’un dénivelé d'un minimum de 40 cm entre la source et le système de captage(2). À noter que l’utilisation d’eau provenant d’une source est soumise à une déclaration en mairie.

« Le bélier capte l’eau qui s’écoule vers lui via une pente. Sous l’effet de la vitesse, un premier clapet, appelé clapet de choc, se ferme brutalement et crée le fameux coup de bélier, poursuit le passionné, qui a créé un site Internet et une chaîne Youtube(3) sur le sujet. L'eau sous pression monte dans le corps du bélier (voir croquis ci-dessous). Cette dernière pousse un second clapet (clapet de non retour, ndlr), très sensible, qui s’ouvre alors et envoie l’eau dans un réservoir situé plus haut. Ce mouvement se repro- duit environ une fois par seconde. C’est la hauteur de chute entre le point d’eau initial et le bélier qui détermine la hauteur de remontée d’eau, qui sera dix fois supérieure à la hauteur de chute. »

Très utilisés avant les années 1950, les béliers ont perdu de leur intérêt avec l’arrivée des pompes électriques. Walton est la dernière entreprise française à en produire. Ce fabricant, basé à Bordeaux, propose sept modèles de sept tailles différentes selon le débit de la source et le besoin des acheteurs. « S’il n’y a que 20 l par minute à la source, un numéro 2 suffit, quand il faudra un numéro 6 si le débit est de 100 l/min », précise Richard Walton, le patron de l’entreprise, qui vend entre 30 et 50 béliers par an.

Le bélier remonte environ 15 à 20 % de l’eau qu’il utilise pour fonctionner. Le reste est renvoyé dans le cours d'eau. Le rendement est faible, mais suffisant. « Le numéro 7, par exemple, peut remonter jusqu’à 40 000 l d’eau en une journée. Il est essentiellement envoyé en Afrique, en Amérique du sud, à Cuba, en Martinique, en Guadeloupe, en extrême Orient, au Laos où il alimente des villages entiers », poursuit Richard Walton. Les prix varient de 1 300 à 4 000 € en fonction de la taille. En contrepartie, ces béliers ont une durée de vie de plusieurs dizaines d’années. Voire cent ans.

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