Une Amap pour acheter du bois de chauffage

Partager l'article
Partager sur Twitter
Partager sur Facebook
Partager sur Linkedin

Publié le 17 février 2016


Pour que le chauffage au bois soit vraiment écologique, l'association Dryade, dans la Drôme, a créé avec une vingtaine de familles une Amap spéciale bois, en adaptant le modèle des associations pour le maintien d’une agriculture paysanne qui produisent fruits et légumes.

« Entre une forêt sauvage où l'homme n'aurait pas sa place et des forêts sauvagement exploitées, un équilibre existe au sein duquel l'homme tire des ressources de la forêt sans lui nuire », insiste sur son site Internet le collectif.

Ce dernier souhaite favoriser une organisation économique et sociale permettant une gestion sylvicole créatrice d'emplois de qualité et bénéfique pour le paysage et le milieu naturel ; développer et transmettre les savoir-faire liés à l'arbre, la forêt et la transformation pour pérenniser la diversité des usages et l'autonomie locale des acteurs ; créer des liens et des échanges entre les acteurs de la forêt, du bois et du territoire pour tendre vers une gestion participative.

Pour garder une cohérence écologique, les collectifs doivent s'organiser autours de pôles rayonnant à 35 km maximum. Deux groupes sont constitués dans la Vallée de la Drôme : les Bonnes Energies à Die et un groupe à Crest, soutenus par Dryade.

Les Amapiens, qui participent aux chantiers en forêt aux côtés des professionnels afin de resserrer les liens entre les différents acteurs de la filière, commandent le bois lors de la coupe, soit 1,5 à 2 ans avant de pouvoir consommer les bûches sèches. Ils versent un acompte de 50 %, offrant ainsi aux forestiers une avance de trésorerie, en échange d'une gestion respectueuse de la forêt et des hommes qui y travaillent.

L'association tente d'essaimer son modèle et fournit des kits pratiques aux collectifs qui souhaitent reproduire l'aventure, dont un Guide à l'usage des paysans et forestiers et un Guide à l'usage du consomm'acteur de bois bûche.

La valeur généralement faible du bois sur pied n'incite pas les propriétaires à investir dans une gestion vertueuse ; les exploitants, qui peinent à trouver du bois et connaissent des conditions économiques difficiles, recherchent des économies d’échelle qui se traduisent souvent par une gestion en « tout ou rien » (abandon ou coupe rase) qui entraîne des conflits d’usage (exploitation, chasse, loisirs...). Certains propriétaires ne souhaitent pas soumettre leurs parcelles à une telle exploitation et préfèrent ne rien y faire.

Tandis que la vallée de la Drôme est recouverte de 50 % de forêts, ce territoire continue d'importer la majorité de son bois de chauffage, regrette Pascale Laussel, fondatrice de l'association, dans un bref reportage diffusé par France 2.

A Pierrelatte, non loin des chantiers de Dryade, une usine à biomasse engloutit 150 000 tonnes de bois par an pour produire de l’électricité. « Comme pour la méthanisation et les mille vaches, des énergies vertes sont détournées par le gigantisme. » Pour Camille, une adhérente de la première heure de Dryade interrogée par le magazine en ligne Reporterre, la solution réside dans « des projets à taille humaine, gérés par des citoyens ».

Partenaire du Réseau pour les alternatives forestières, Dryade (du nom de la nymphe protectrice de la forêt dans la mythologie grecque) propose de « sensibiliser les propriétaires à cette alternative, renforcer chez les exploitants les techniques spécifiques de la gestion sélective, tester un modèle économique et organisationnel permettant de rémunérer ce travail de qualité en impliquant les consommateurs dans cette recherche de cohérence ». S'inspirant de Terre de liens, Dryade envisage même d'acheter une forêt grâce à l’épargne collective.

Lors des chantiers de l'Amap, qui utilisent le débardage à cheval afin de limiter leur impact,

« on prélève à peine 25 % des arbres. La tendance actuelle est plutôt à la coupe rase. Des parcelles entières disparaissent, jusqu’à dix-neuf hectares d’un seul tenant », souligne Pascale Laussel dans un article de Reporterre.

L'idée de Dryade est au contraire d'éclaircir la forêt pour la faire durer plus longtemps, en maintenant la diversité des essences, des âges et des tailles.

Le bois-énergie vendu en circuit court par l'Amap est 20 % plus élevé qu'en circuit classique. Dryade explique :
« Dans une coupe rase sur des petits bois, le prix du travail forestier (abattage, débardage) est deux à trois fois plus faible que sur une coupe d’amélioration valorisant la forêt à long terme. Alors qu’aujourd’hui le prix observé en Drôme pour un stère de feuillu en 50 m sec oscille entre 63 € et 67 €, le prix avancé par plusieurs forestiers respectueux du milieu, et vérifié par Dryade, est de l’ordre de 80 €/stère. Même à ce prix de vente, le bois bûche conserve sa place de seconde énergie la moins chère! »
Photo ©Association Dryade. Enregistrer

S’inscrire à la newsletter

Recevez par mail nos bons plans, sorties, offres spéciales d'abonnement…

S’abonner au magazine

C’est grâce à vous et aux abonnements que nous continuons à produire du contenu.