Traitement des bois extérieurs.
Publié le 22 mai 2023
Question :
Traitement des bois extérieurs.
Le bois utilisé à l'extérieur est exposé aux agressions du climat et aux détériorations des agents biologiques (insectes et champignons). S'il est mis en œuvre verticalement en fenêtre ou en bardage, cet emploi est dit de classe 3. Placé horizontalement en terrasse ou en balcon, le bois est soumis à des risques fréquents d'humidification avec stagnation d'eau. C'est alors un usage de classe 4 pour lequel le traitement de préservation doit intéresser la masse du bois et ne pas être uniquement superficiel. Le procédé de traitement préventif en autoclave, par utilisation du vide et de la pression, permet la pénétration profonde des produits vers le cœur du bois. Un séchage de 15 jours à température ambiante (20 °C) ou de 2 heures à haute température (100 °C) permet ensuite la fixation des produits. Selon l'Institut national de recherche et sécurité (INRS), si l'injection sous pression et surtout le séchage ont été convenablement effectués, la fixation est assurée entre 98 et 99 %. Le risque de lessivage par la pluie ou d'exposition par contact cutané est ainsi réduit. Un lavage des bois est toutefois préconisé avant la mise en œuvre par les utilisateurs. Les produits de traitement utilisés en autoclave sont très divers. Il convient donc d'être informé des substances employées. Il y a tout d'abord les créosotes, issues de la distillation des goudrons de houille et classées cancérogènes probables, notamment de la peau. Depuis l'arrêté du 2 juin 2003, la vente aux particuliers du bois traité avec ces produits est interdite. Un autre traitement très répandu est un mélange de sels métalliques CCA comprenant du cuivre (fongicide) qui donne une couleur verte au bois, de l'arsenic (insecticide) et du chrome (fixateur du cuivre et de l'arsenic délavables en milieu humide). Depuis le décret du 17 novembre 2004, les bois traités à l’arsenic, cancérogène certain, sont interdits de mise sur le marché. Par dérogation, les produits CCA ont encore des utilisations professionnelles qui excluent le contact avec le public, en particulier les enfants. Un étiquetage mentionnant la présence d'arsenic est obligatoire. Il existe d'autres compositions sans arsenic, les CCB (cuivre, chrome, bore) ou CCF (cuivre, chrome, fluor). Pour diminuer la toxicité humaine et environnementale, des traitements actuellement proposés sont sans chrome et sans arsenic pour les bois de classe 4. Certains ne contiennent que du cuivre et des ammoniums quaternaires. D'autres associent cuivre, acide borique et fongicides triazoles. Les déchets de bois traités ne doivent être ni abandonnés, ni brûlés à l’air libre. Stockés séparément des déchets non pollués, ils sont collectés par des prestataires spécialisés. Ils sont soit recyclés dans la fabrication de panneaux de bois soit incinérés en usine traitant les déchets dangereux. En effet, ils ne peuvent intégrer la catégorie “biomasse", ni les décharges de classe 1, les déchets de bois n'étant pas considérés comme des déchets inertes ou ultimes au sens de la réglementation. De nouvelles alternatives de préservation des bois d'extérieur confèrent une plus grande biodégradabilité du matériau en fin de vie : bois chauffé à haute température dont un des procédés est le bois rétifié®, bois thermo-huilé, bois acétylé, bientôt bois traité à l'ASAM, dérivé de l'huile de colza. Quant aux bois en provenance des pays de l'Est, il n'y a pas de contrôle de leur traitement. Pour cette raison, le CTBA (Centre technique du bois et de l'ameublement) préconise de demander des bois traités avec certificat CTB P+ pour le produit et CTB B+ pour le procédé. Mais, même avec les produits CTB P+, une information sur le type de traitement reste toujours utile puisque cette marque est délivrée, au moins jusqu'à fin 2008, à des produits à destination professionnelle type CCA, CCB, créosotes. Réponse du Dr. Suzanne Déoux, expert Santé Environnement bâti, co-auteur du Guide de l’Habitat Sain, éditions Médieco.