Toit de pierre : couverture ou parement ?
Par Nicolas Diet, chargé de mission dans l’association des Artisans lauziers couvreurs
Publié le 23 janvier 2025
Bonjour. J’ai découvert les toitures en lauze [pierres taillées, ndlr] lors de mes vacances. Sur l’une d’entre elles, qui était en travaux, j’ai constaté la présence de tuiles, sous les lauzes. Cela signifie-t-il que la lauze est en fait un parement extérieur et non une couverture en bonne et due forme ? Et si je souhaite les utiliser comme je l'aurais fait avec des ardoises cela a-t-il un impact en termes d’assurance de chantier ? Merci pour votre éclairage. Fabrice T.
Réponse de Nicolas Diet, chargé de mission dans l’association des Artisans lauziers couvreurs
Une couverture réalisée en lauze garantit bien l'étanchéité du bâti (dans la mesure où la mise en œuvre est correctement réalisée). Et c’est heureux, car cela fait des siècles qu'elle est utilisée... Malheureusement, dans certaines régions françaises, les maîtres d'œuvre et les compagnies d'assurance, par méconnaissance ou parce qu'ils ont connu trop de sinistralité sur ce type de couverture (du fait d'une mauvaise mise en œuvre et non d’une impossibilité originelle), ont pris le parti d'exiger la mise en place de systèmes d'étanchéité en sous-toiture, sous la forme d'une première toiture complète, en tuile ou en bac acier par exemple, et d'utiliser la lauze uniquement comme parement extérieur et non plus comme couverture assurant l'étanchéité. C’est une solution technique que nous ne cautionnons pas, car elle discrédite la filière et laisse penser que les couvertures en lauze ne seraient pas étanches, ce qui est totalement faux. La pose traditionnelle sur volige garantit l’étanchéité dans la mesure où la mise en œuvre respecte certaines règles de recouvrement et d’inclinaison (voir schémas). L’important est de veiller à la qualité du support et à celle de sa mise en œuvre. Il peut exister un problème de qualification des artisans ; il est donc nécessaire de les former.
Les artisans qui interviennent sont couverts par une garantie décennale de leur compagnie d'assurance quand ils réalisent des couvertures en lauze. Pour autant, ces techniques ne sont pas considérées par les assureurs comme des « techniques courantes de couverture ».
Notre association porte un projet de rédaction de règles professionnelles qui ouvriront une couverture de chantier équivalente à celle qui existerait en cas de Document technique unifié (DTU). Ces règles encadreront la réalisation des couvertures en lauze en France. Une fois adoptées, elles permettront d'inscrire ce type de pratique comme « technique courante de couverture » et les artisans pourront ainsi bénéficier d'une tarification plus avantageuse en termes de décennale. Ce document normatif permettra également d'encadrer le métier et sera un outil indispensable pour les artisans, les prescripteurs, architectes et autres maîtres d'œuvre, ainsi que pour les compagnies d'assurance et les experts. Il doit permettre de redonner confiance en la lauze dans les régions comme la Bourgogne, le Centre ou le sud-ouest de la France, d'encadrer la rédaction des marchés publics et certainement aussi d'exiger une qualification pour réaliser le métier (nous avons déjà déployé deux formations certifiantes en ce sens). C'est donc un enjeu majeur pour l'avenir de la filière et la reconnaissance d'une filière multiséculaire.