Terre crue dans une dalle bois ?
Publié le 17 juillet 2024
Bonjour. Fan de votre revue depuis plus de dix ans et autoconstructeur confirmé, j’ai une question concernant un projet. Une construction ossature bois passive bioclimatique sur micropieux. Le terrain (sur la commune de Besançon) est très enclavé. Je souhaite réutiliser une partie de la terre du terrassement pour amener de l’inertie au bâtiment en intégrant 10 cm de terre sous mon plancher sur toute la surface de la maison. Faut-il utiliser la terre végétale ou celle plus profonde ? Y a-t-il des précautions à prendre (temps de séchage)… ? L’idée vous paraît-elle judicieuse ? D’avance merci. Ne changez rien. Mathieu R.
Réponse de Alizée Cugney, architecte HMONP et DSA Terre crue à Sainte-Eulalie-en-Born (40)
Il est compliqué de donner une réponse générale à une interrogation qui devrait prendre en compte les détails du projet [quelle isolation pour les murs ? quel choix d’isolants en plus des 10 cm de terre…, ndlr], mais voilà une réponse synthétique. D’abord, utiliser la terre de terrassement dans sa construction est une très bonne idée. La première chose que je conseillerai pour mieux la connaître est de réaliser les « tests de terrain » qui sont recommandés par Craterre, le centre international de la construction en terre (pastille/boudin/granulométrie…) à partir d’échantillons ou de se rapprocher d’un ou d’une professionnelle de la terre crue qui pourrait étudier les caractéristiques de la terre de votre site.
Dans ce cas, il convient d’utiliser la terre à construire. Cette dernière est située sous la terre végétale. Elle sera identifiable, car elle n’a pas l’odeur d’humus et elle n’est pas noire. Ensuite, il faut choisir le bon matériau au bon endroit. Dans ce cas, je conseillerais plutôt un remplissage chaux-liège de 15 cm pour ce plancher (le liège est imputrescible et résistant en cas de remontées capillaires) si le terrain est humide. Quant à la terre, elle pourrait être valorisée en enduits intérieurs sur les murs et sur les cloisons. Il est aussi possible d’utiliser la terre du terrassement pour réaliser une isolation terre-fibre (avec de la paille ou du chanvre), voire en cloisons intérieures en adobes. Ou bien pour un sol en terre crue au-dessus du chaux-liège. Les tests de terrain donneront des pistes quant à la technique à utiliser.
Gardez bien en tête que la terre crue nécessite de bien prendre en compte les saisons et les temps de séchage pour éviter des désagréments comme l’apparition d’auréoles ou bien de moisissures. Mais c’est une matière incroyable à manipuler et qui apporte un confort sans égal !