Techniques et matériaux, faire les bons choix en autoconstruction

abonnés

Partager l'article
Partager sur Twitter
Partager sur Facebook
Partager sur Linkedin

Par Gwendal Le Ménahèze

Publié le 1 novembre 2022

15 minutes de lecture


Les options de matériaux et de techniques constructives sont innombrables, chacune avec ses avantages et inconvénients. Pour déterminer leur propre recette, les autoconstructeurs doivent mélanger moult critères pour trouver les solutions qui leur conviennent le mieux.

bimgp0759-c-A Le Mabec
Adeline et Nicolas (22) ont bâti leur maison sur pilotis, ce qui limite les impacts sur le sol et permet de réaliser une dalle en bois plutôt qu'en béton. © Adeline L.M. et Nicolas P.

Choisir parmi d'infinies options comment bâtir votre maison relève d'une équation à de multiples inconnues. « LA bonne technique n'existe pas. Il faut trouver la plus adaptée aux futurs habitants, souligne Dirk Kober, coach pour autoconstructeurs. S'ils veulent le plus écolo possible, on s'oriente vers la paille. Puis, je mets les pieds sur le frein : quel temps disposez-vous pour participer aux travaux ? Une maison paille requiert beaucoup de main d'œuvre, ce qui peut faire bifurquer vers une maison ossature bois avec isolation biosourcée plus classique. » Les matériaux bruts semblent à Raphaël Soulier « les plus adaptés à l'autoconstruction. La paille et la terre sont peu coûteux. Le bois est un peu plus technique », estime ce charpentier accompagnateur.

Venant de l'univers du spectacle, Lola se souvient qu'on s'y réfère à « un triangle dont chaque pointe est associée aux mots beau, rapide et pas cher. Tu ne peux avoir que deux de ces trois éléments. Beau et rapide, ce sera cher. Pas cher et rapide, ce ne sera pas beau. Il faut des compromis. C'est pareil pour les maisons ! ». Le sol de tout son logement est isolé en copeaux de bois. « On est allé les chercher gratuitement dans une menuiserie, mais il a fallu 15 allers-retours. »

Le matériel peut aussi faire partie du choix, pointe l'accompagnateur Jean-Pascal Despaux. « Des techniques se contentent d'outils électroportatifs [voire manuels, ndlr], d'autres requièrent des engins de levage. » Les conditions d'accès au terrain entrent alors en jeu, comme pour les camions de livraison. La part d'accompagnement entre aussi en ligne de compte : « Le client comprend vite comment faire du terre-paille et peut ensuite rester en autonomie, remarque Christophe Benoit. Le pro doit être plus présent dans la durée pour une maison en béton cellulaire, qui demande une planéité parfaite. » Vos choix dépendent donc aussi de vos savoir-faire, ou de ceux que vous êtes prêts à acquérir. « Des autoconstructeurs partent sur une technique, puis ne trouvent pas l'artisan qui la maîtrise, constate Raphaël Soulier. Mieux vaut trouver l'artisan avant pour y réfléchir ensemble. »

De même, rien ne sert de choisir le matériau parfait s'il n'est pas disponible près de chez vous ! Si votre terrain est pierreux, pensez-y pour soubassements et fondations. En Provence, pourquoi ne pas isoler en paille de lavande ? Une carrière, un fabricant de peinture, une briqueterie à proximité réduiront l'énergie grise de votre maison. « Le pin des Landes est dans toutes les scieries landaises et on a un fabricant de panneaux de fibre de bois à côté », note Jean-Pascal Despaux, en Gironde.

Si vous partez avec l’idée d’organiser des chantiers participatifs, les choix techniques s'en ressentiront : plusieurs personnes peuvent-elles intervenir en même temps, combien d’outils le procédé requiert-il, les tâches peuvent-elles être scindées en étapes simples ?

Fondations, une question de fond

Pour les fondations, Jean-Baptiste Thévard, d’Approche-Paille, note que « celles en béton de ciment armé sont plus chères, moins écologiques mais plus rapides qu’une fondation cyclopéenne » en pierre et chaux. Raphaël Soulier souligne aussi que « les fondations en pneus fonctionnent bien, mais ne sont pas réglementées, donc une entreprise peut difficilement intervenir ». Les pieux métalliques vissés dans la terre reviennent « aussi cher que le ciment, mais sont installés en un jour dans un terrain favorable, immédiatement opérationnels sans séchage et pas besoin de remodeler le terrain au bulldozer, apprécie Christophe Benoit. Et le jour où le bâtiment part, on les dévisse, sans impact sur le sol. » Si les pieux de bois sont aussi possibles, il est plus fréquent de trouver des plots en béton.

Toutefois, l'urbanisme local ou les a priori peuvent empêcher de construire sur pilotis. Cela permet pourtant d'y poser une dalle en bois, « simple, mieux isolée et on n'a pas à la protéger de l'humidité du sol ». C'est ce qu'a fait Paul (86), qui ne voulait « pas de dalle béton en raison de son énergie grise et de sa consommation de sable, ressource de plus en plus rare »

Mais dans le monde merveilleux des fondations, « c'est souvent la nature du sol qui impose sa loi », prévient Christophe Benoit. Le recours à un pro est recommandé, ne serait-ce que pour du conseil, afin d'assurer la stabilité de votre construction. En terrain humide, irrégulier ou exposé au radon, un vide sanitaire assure une bonne ventilation. Mais il empêche de tirer parti de l’inertie du sol. Comme les maisons 100 % bois manquent d'inertie, il faudra apporter de la « masse » pour capter, puis restituer doucement et lentement les calories. En plus d'enduits terre et chaux, Étienne a érigé un mur en briques de terre crue comprimée (BTC) et surmonté sa dalle bois d'un lit de sable recouvert de lourdes plaques Fermacell, puis de carrelage.

Murs structurels

S’abonner pour avoir accès à l’ensemble de nos articles

Abonnement numérique à partir de
44,00 €/an

Déjà abonné ? Se connecter

S’inscrire à la newsletter

Recevez par mail nos bons plans, sorties, offres spéciales d'abonnement…

S’abonner au magazine

C’est grâce à vous et aux abonnements que nous continuons à produire du contenu.