Remonter le cours de l'humidité jusqu'à sa source
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Par Gwendal Le Ménahèze
Publié le 29 octobre 2025
Olivier Honnet arrive sur les lieux du sinistre. Il ouvre la portière de sa voiture, pose le pied à terre et dégaine son arme fatale : sa paire d'yeux. Il examine l'extérieur du bâtiment dans lequel la suspecte a été aperçue, en quête de toute zone par laquelle elle aurait pu s'infiltrer. Cet architecte expert extrajudiciaire et judiciaire intervient sur dénonciation des habitants du logement, ou alerté par des bailleurs sociaux ou syndics qui ont détecté la présence de l'intruse. Il traque tous les indices qui lui permettront de remonter la piste de la coupable : l'humidité.
Il recherche d'éventuelles entrées d'air en haut des fenêtres ou dans les parois. Déportant son regard sur le toit, il tente de dénicher une sortie d'air, qui « peut ressembler à une cheminée, à un tube chapeauté, ou à un couvercle arrondi au ras du toit », glisse-t-il. S'il ne repère rien de tout cela, le logement n'est pas ventilé : l'humidité peut y prendre ses quartiers sans être délogée.
Ses yeux dévalent la pente en quête d'un conduit d'évacuation des fumées. « Ils sont parfois fissurés, mal coiffés, ou le vent a emporté leur chapeau. » Autant de passages pour que la pluie s'introduise. « Une cheminée ouverte peut aussi être un point d'entrée d'air parasite, où de la condensation se forme et se transmet aux autres matériaux », révèle Olivier Honnet.
Il scrute la couverture : des tuiles sont-elles usées, cassées, déplacées, garnies de mousse ? Il vérifie la présence de gouttières et descentes d'eaux pluviales. Si elles sont percées, rafistolées, bouchées, ou si elles se vident au pied du mur : danger. Il se penche sur l'efficacité des joints autour des menuiseries. En cas de fenêtres à simple vitrage, ou récentes mais posées sur d'anciens cadres, « il y a souvent des défauts d'étanchéité et de la condensation qui coule sur les matériaux en-dessous ».

Parole de pro
Georges Lemoine, Chargé de diagnostic à l'association Tiez Breiz
Trois opérations de travaux relèvent à mon sens de la phase de diagnostic :
• le retrait du ciment extérieur sur le bâti ancien, a minima sur le premier mètre d'élévation, le plus tôt possible, pour rééquilibrer l'écosystème. Tu n'auras peut-être ainsi à gérer des remontées capillaires que sur 50 cm alors que le ciment les faisait monter à plus de 1 m ;
• la gestion des eaux pluviales, car les gouttières qui se déversent au pied des murs ne sont pas rares ;
• la gestion des eaux de ruissellement de surface à l'échelle parcellaire. Par exemple, si la maison se situe en bas d'un terrain en pente. Il faut retrouver les logiques d'infiltration avant que l'eau atteigne le bâti. J'ai vu des maisons tomber à cause de la suppression de taillis : trop d'eau arrivait, ça rongeait la fondation.
Ces trois opérations permettent ensuite au chantier de jouer dans la bonne gamme de jeu, la partie est bien plus facile.
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