Remontées capillaires dans un mur ancien, que faire ?
Publié le 22 mai 2023
Nous rénovons une ferme dans les Vosges. Celle-ci a été remaniée par les précédents propriétaires dans les années 1970 avec des choix stratégiques plus ou moins pertinents. Nous sommes notamment confrontés à des remontées capillaires importantes sur le mur pignon ouest, situé en bord de route. Celui-ci est en moellons de 50 cm. Un enduit étanche le recouvre côté extérieur, mais nous avons l'intention de le remplacer par un enduit respirant. De plus, le sol intérieur dans cette pièce est plus bas d'environ 30 cm que le sol extérieur. Il s'agit d'un dallage en béton coulé sur isolant et polyane que nous n'avons pas l'intention de démolir. Nous avons prévu de réaliser un drainage en pied de mur, puis un doublage intérieur (en ouate de cellulose ou béton de chanvre projeté, ce n'est pas encore acté). Or, nous venons de mettre à jour un massif béton coulé contre le mur de fondation, avec un remblai en gros cailloux, mais sans drain. Nous craignons de déstabiliser les fondations si nous démolissons cet élément. Nous souhaiterions avoir votre avis sur ce qu'il convient de réaliser pour drainer ce mur et limiter les remontées capillaires. Merci d'avance pour vos éléments de réponse. CMA et JL
Réponse de Georges Lemoine, responsable technique à l'association Tiez Breiz (tiez-breiz.bzh) Pour lutter contre les remontées capillaires, il faut procéder par étapes : 1. Gérer l'eau à l'échelle du site pour éviter les ruissellements de surface néfastes (terrassement, création de fossés, talus, haie...). Dans votre cas, il semble que la route ne soit pas loin, ce qui exclut peut-être cette solution. 2. Éloigner les eaux pluviales : gouttières, réseau d'évacuation, exutoire. 3. Redonner au mur un fonctionnement normal en détruisant les enduits ciment, au moins sur le premier mètre d'élévation et prioritairement à l'extérieur. Sur votre maison, les fondations ont été fermées avec un massif de béton. Bien qu'en matière de remontées capillaires il serait préférable de le retirer, les risques structurels peuvent être importants et, ne connaissant pas l'état des fondations, des élévations en pierres, ni l'état du ciment, le mieux est hélas de ne pas y toucher. Le regard in situ d'un professionnel compétent permettrait d'en savoir plus. 4. Poser un drain. Dans votre cas, un drain au pied du mur pourrait améliorer sensiblement la situation, mais ne résoudra pas tout étant donné la présence du ciment en fondation. 5. Revoir les complexes de sol. La pose d'une dalle perméante sur un hérisson ventilé améliorerait la situation. Je vous invite à ne pas négliger cette piste sur laquelle vous ne pourrez plus revenir. Un compromis pourrait être de réaliser un complexe de sol perméant juste en périphérie pour libérer la pression hydrique en pied de mur. 6. Traiter les pieds de mur. Votre niveau de sol fini intérieur est inférieur au niveau du sol extérieur, par conséquent, il faudra probablement être vigilant en pieds de murs en évitant les matériaux trop sensibles (enduit terre, par exemple) et en utilisant des enduits capteurs de sels. Ces enduits n’empêchent pas les remontées capillaires, mais empêchent les sels d'altérer les matériaux qu'ils traverseront (enduits, isolants...). Il existe d'autres solutions, comme les technologies utilisant les champs magnétiques, mais ces solutions, bien qu’efficaces, restent chères. Il existe aussi des solutions à éviter, car ne fonctionnant pas bien, voire pas du tout : micro-siphon atmosphérique, injection de résine... En bâti ancien, la gestion de l'eau sous toutes ses formes doit être le fil rouge pour un projet confortable, sain, durable et économe. C'est pourquoi le premier mètre d'élévation du bâtiment doit faire l'objet d'une attention toute particulière. ©
Réponse de Georges Lemoine, responsable technique à l'association Tiez Breiz (tiez-breiz.bzh) Pour lutter contre les remontées capillaires, il faut procéder par étapes : 1. Gérer l'eau à l'échelle du site pour éviter les ruissellements de surface néfastes (terrassement, création de fossés, talus, haie...). Dans votre cas, il semble que la route ne soit pas loin, ce qui exclut peut-être cette solution. 2. Éloigner les eaux pluviales : gouttières, réseau d'évacuation, exutoire. 3. Redonner au mur un fonctionnement normal en détruisant les enduits ciment, au moins sur le premier mètre d'élévation et prioritairement à l'extérieur. Sur votre maison, les fondations ont été fermées avec un massif de béton. Bien qu'en matière de remontées capillaires il serait préférable de le retirer, les risques structurels peuvent être importants et, ne connaissant pas l'état des fondations, des élévations en pierres, ni l'état du ciment, le mieux est hélas de ne pas y toucher. Le regard in situ d'un professionnel compétent permettrait d'en savoir plus. 4. Poser un drain. Dans votre cas, un drain au pied du mur pourrait améliorer sensiblement la situation, mais ne résoudra pas tout étant donné la présence du ciment en fondation. 5. Revoir les complexes de sol. La pose d'une dalle perméante sur un hérisson ventilé améliorerait la situation. Je vous invite à ne pas négliger cette piste sur laquelle vous ne pourrez plus revenir. Un compromis pourrait être de réaliser un complexe de sol perméant juste en périphérie pour libérer la pression hydrique en pied de mur. 6. Traiter les pieds de mur. Votre niveau de sol fini intérieur est inférieur au niveau du sol extérieur, par conséquent, il faudra probablement être vigilant en pieds de murs en évitant les matériaux trop sensibles (enduit terre, par exemple) et en utilisant des enduits capteurs de sels. Ces enduits n’empêchent pas les remontées capillaires, mais empêchent les sels d'altérer les matériaux qu'ils traverseront (enduits, isolants...). Il existe d'autres solutions, comme les technologies utilisant les champs magnétiques, mais ces solutions, bien qu’efficaces, restent chères. Il existe aussi des solutions à éviter, car ne fonctionnant pas bien, voire pas du tout : micro-siphon atmosphérique, injection de résine... En bâti ancien, la gestion de l'eau sous toutes ses formes doit être le fil rouge pour un projet confortable, sain, durable et économe. C'est pourquoi le premier mètre d'élévation du bâtiment doit faire l'objet d'une attention toute particulière. ©