Prise d'air dans une véranda pour la VMC double flux, fausse bonne idée?

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Publié le 22 mai 2023


Envisageant une rénovation lourde avec VMC double flux et véranda bioclimatique, j’ai pensé que placer la prise d’air neuf dans la véranda permettrait de disposer d’air préchauffé, ce que j’espérais bénéfique. J’ai remarqué ce montage dans le n°115 de votre revue, ce qui m’a incité à étudier la question de plus près. Le résultat n’est pas celui que j’attendais. L’incidence du réchauffement de l’air en entrée de VMC est assez négligeable sur la température de l’air insufflé et se répercute principalement sur celle de l’air rejeté. Les formules que j’ai utilisées sont extraites d’un document du fondateur des VMC Paul traduit par le bureau d’études Enertech. En résumé, la prise d’air neuf dans la véranda semble occasionner (pour des VMC performantes) un gain thermique négligeable sur l’air insufflé, amoindrir son rôle d’espace tampon et offrir une qualité d’air moindre. Ne serait-ce pas une fausse bonne idée ? Je ne vois pour le moment qu’un avantage, supprimer ou réduire le risque de gel de l’échangeur de la VMC.
Réponse d’Olivier Sidler, fondateur du bureau d’études Enertech engagé depuis plus de 40 ans dans la transition énergétique des bâtiments. Lorsqu’on place l’entrée d’air d’une ventilation double flux à l’intérieur d’une véranda, d’une part le préchauffage de l’air neuf dans l’échangeur perd de son efficacité puisque celle-ci est d’autant plus importante que l’écart de température entre l’air intérieur du logement et celui à l’entrée de l’échangeur de la VMC est élevé. Il y a concurrence entre l’échangeur de chaleur et le préchauffage dans la véranda. La présence de ce préchauffage fait nettement perdre de son intérêt à l’échangeur. La température de l’air soufflé dans le logement augmente peu, contrairement à celle de l’air extrait (à l’inverse de ce qui était attendu). Globalement, le renouvellement d’air est donc plus déperditif. Mais d’autre part, le passage de l’air neuf dans la véranda la refroidit, ce qui diminue ses pertes (proportionnelles à la différence de température entre l’intérieur et l’extérieur). Il s’ensuit qu’elle est mieux valorisée énergétiquement. On a donc plus de pertes par renouvellement d’air et moins de pertes dans la véranda. Qui l’emporte ? Le bilan énergétique est un peu meilleur avec la prise d’air neuf dans les vérandas « froides » et moins bon pour les vérandas « chaudes ». Dans le premier cas, la barrière isolante est placée entre le logement et la véranda ; dans le second, entre la véranda et l’extérieur. Mais une véranda n’est pas qu’un simple capteur solaire, c’est aussi et avant tout un espace à vivre très agréable (raison pour laquelle il faut opter pour sa version « chaude »). Or, comme la température y est plus basse si l’air neuf y transite, elle sera bien moins souvent utilisable. Ce qui serait vraiment dommage et ne plaide pas pour y placer la prise d’air neuf. Le seul avantage incontestable du préchauffage d’air par la véranda est que le givrage de l’échangeur en hiver n’est pratiquement plus possible. En résumé, il n’y a que lorsqu’on fait une véranda « froide » qu’on peut mettre la prise d’air de la VMC double flux dans la véranda. S’abstenir dans les autres cas, sauf si on est en région très froide et qu’on a un risque de givrage de l’échangeur sans autre solution.

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