Peintures : Ne chassez pas le naturel, il revient au galop
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Par Aurélie Cheyssial
Publié le 10 octobre 2024
À base d’ingrédients minéraux, végétaux ou animaux, les peintures naturelles tendent à s’affranchir des produits de synthèse. Une belle façon de réduire son impact écologique tout en essayant
de préserver la qualité de l’air intérieur.
Plus simples à mettre en œuvre, couleurs vives, séchage rapide, conservation longue durée ; la chimie et ses peintures synthétiques, mises au point dans les années 1950, ont mis le travail de peintre à la portée de tous. S’il est appréciable de pouvoir mettre la main à la pâte, cette simplicité semble pourtant avoir atteint ses limites. Trop lisse, trop plastique, trop parfait, le synthétique se heurte au besoin de sens et de vivant. Poussés par leurs craintes que la chimie les empoisonne à petit feu, le besoin de réduire leur impact environnemental, mais aussi l’envie de recevoir et transmettre des gestes et des savoirs ancestraux ; beaucoup se tournent vers les peintures « naturelles ». Un marché à la fois confidentiel qui ne représente même pas 1 % du marché global de la peinture, mais où les acteurs fleurissent... autant que les définitions. Entre greenwashing, affirmations farfelues et législation floue, difficile de s’y retrouver.
Bio, écologique, green, pure, oxygène, biosourcée ; les peintures rivalisent d’appellations vantant les mérites de leur prétendue innocuité. Mais derrière ces autoproclamations, s’agit-il réellement de peintures naturelles ? Le règlement européen Reach entré en vigueur en 2007 définit la notion de « naturel » comme substances présentes dans la nature, telles quelles, non traitées ou issues de faibles transformations(1). Pour bénéficier de cette appellation, il faut contenir au moins 95 % d’ingrédients naturels d'après le Guide pratique des allégations environnementales publié en 2012 par le ministère de l’Environnement. Sous ce seuil, seuls les composants concernés peuvent être qualifiés de naturels. « Avec cette définition, il n’existe aucune peinture naturelle. La caséine, obtenue par acidification du lait, ne peut être tolérée, comme la chaux qui subit une transformation trop importante. Même le pain ne sera pas considéré comme naturel », constate Jean-Luc Monfort, directeur commercial de Natura. Pour être conforme aux réglementations, il faut préférer les termes « d’origine naturelle ».
On ne parle pas d’une soupe à l’eau ! Pour les peintures, c’est pareil. L’eau n’est qu’un diluant.
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