Mousse isolante écologique ?
Publié le 22 mai 2023
Lors d’un salon sur la construction, un professionnel m’a parlé du produit isolant ICYNENE. Le produit est prétendu écologique et très efficace. Pourriez-vous aborder ce sujet lors d’un prochain numéro de votre magazine, que j’achète régulièrement ?
Réponse de Julie Barbeillon, rédactrice en chef de La Maison écologique. En répondant aux questions suivantes via les informations mentionnées sur les documents commerciaux d’Icynene, vous aurez une idée plus précise du caractère écologique de ce produit. À savoir : • le matériau provient-il d’une ressource locale ? Non, il est fabriqué au Canada, à plus de 6 000 km de notre métropole. Cependant, pour nuancer, une fois l’isolant expansé, le produit est d’après le fabricant composé à 99 % d’air, donc d’un produit local. • la composition du matériau est-elle facilement disponible ? Non. Le produit est présenté comme une mousse souple sans gaz affectant la couche d’ozone, sans odeur. C’est effectivement une des rares mousses à ne pas contenir d’agent d’expansion toxique. Mais pour ce qui est de ce qu’elle contient réellement, c’est plus flou. Le dernier avis technique du CSTB du produit (mais qui n’est plus valide aujourd’hui) parle de deux composants : l’isocyanate MDI (Diphenylmethane, 4-4 d’isocyanate pour les intimes) et une résine polymère en phase aqueuse appelée LD-C-50. Une rapide recherche dans les documents de l’entreprise nous renvoie vers une fiche signalétique d’avril 2013 de la résine LD-C-50 dont la marque est déposée. Les ingrédients dangereux qui y sont mentionnés sont : polyether Polyol (13 à 30 %), Tris(1-chloro-2-popyl) phosphate (30 à 60 %), 2-(Dimethylamino)propylamine (1 à 5 %) et enfin N,N-Bis[3- (dimethylamino)propylamine] (5 à 15 %). • les composants sont-ils d’origine végétale ou animale ? Non. • l’isolant contient-il des produits de synthèse ? Oui. • le produit favorise-t-il les circuits courts ? Non. • le produit est-il recyclable ? Comme il est nécessaire d’araser la mousse qui s’est expansée, si l’applicateur n’est pas précautionneux, la quantité de déchets peut être importante. Le fabricant explique alors que son produit « peut être recyclé dans la filière emballage ou en les mélangeant avec du terreau pour l’aérer » ! • le produit émet-il des composés dangereux pour la santé ? Non. Côté technique, on lui reconnaîtra son bon coefficient lambda (0,038 W/m.K), son absence de tassement, sa souplesse pour s’adapter aux mouvements des ossatures, son expansion lui permettant de combler des zones parfois difficiles d’accès, son caractère plutôt perspirant (mu de 3,3) et son réseau d’applicateurs formés par le fabricant. Par contre, sa très faible densité pénalise son déphasage thermique et fait plus que douter de son efficacité estivale en toiture. Le matériau est annoncé comme étanche à l’air et cette propriété, si elle est réelle dans le cadre d’une mise en oeuvre particulièrement soignée, nécessitera tout de même d’avoir recours à un produit étanche à l’air au niveau des jonctions entre les divers matériaux. Dans le cadre d’une projection entre ossature bois, la pose d’un film ou d’un parement étanche à l’air paraît ainsi bien plus sûre pour atteindre les performances demandées par la réglementation thermique RT 2012. J’espère vous avoir donné les principales informations pour vous forger un avis selon votre propre curseur écologique.
Réponse de Julie Barbeillon, rédactrice en chef de La Maison écologique. En répondant aux questions suivantes via les informations mentionnées sur les documents commerciaux d’Icynene, vous aurez une idée plus précise du caractère écologique de ce produit. À savoir : • le matériau provient-il d’une ressource locale ? Non, il est fabriqué au Canada, à plus de 6 000 km de notre métropole. Cependant, pour nuancer, une fois l’isolant expansé, le produit est d’après le fabricant composé à 99 % d’air, donc d’un produit local. • la composition du matériau est-elle facilement disponible ? Non. Le produit est présenté comme une mousse souple sans gaz affectant la couche d’ozone, sans odeur. C’est effectivement une des rares mousses à ne pas contenir d’agent d’expansion toxique. Mais pour ce qui est de ce qu’elle contient réellement, c’est plus flou. Le dernier avis technique du CSTB du produit (mais qui n’est plus valide aujourd’hui) parle de deux composants : l’isocyanate MDI (Diphenylmethane, 4-4 d’isocyanate pour les intimes) et une résine polymère en phase aqueuse appelée LD-C-50. Une rapide recherche dans les documents de l’entreprise nous renvoie vers une fiche signalétique d’avril 2013 de la résine LD-C-50 dont la marque est déposée. Les ingrédients dangereux qui y sont mentionnés sont : polyether Polyol (13 à 30 %), Tris(1-chloro-2-popyl) phosphate (30 à 60 %), 2-(Dimethylamino)propylamine (1 à 5 %) et enfin N,N-Bis[3- (dimethylamino)propylamine] (5 à 15 %). • les composants sont-ils d’origine végétale ou animale ? Non. • l’isolant contient-il des produits de synthèse ? Oui. • le produit favorise-t-il les circuits courts ? Non. • le produit est-il recyclable ? Comme il est nécessaire d’araser la mousse qui s’est expansée, si l’applicateur n’est pas précautionneux, la quantité de déchets peut être importante. Le fabricant explique alors que son produit « peut être recyclé dans la filière emballage ou en les mélangeant avec du terreau pour l’aérer » ! • le produit émet-il des composés dangereux pour la santé ? Non. Côté technique, on lui reconnaîtra son bon coefficient lambda (0,038 W/m.K), son absence de tassement, sa souplesse pour s’adapter aux mouvements des ossatures, son expansion lui permettant de combler des zones parfois difficiles d’accès, son caractère plutôt perspirant (mu de 3,3) et son réseau d’applicateurs formés par le fabricant. Par contre, sa très faible densité pénalise son déphasage thermique et fait plus que douter de son efficacité estivale en toiture. Le matériau est annoncé comme étanche à l’air et cette propriété, si elle est réelle dans le cadre d’une mise en oeuvre particulièrement soignée, nécessitera tout de même d’avoir recours à un produit étanche à l’air au niveau des jonctions entre les divers matériaux. Dans le cadre d’une projection entre ossature bois, la pose d’un film ou d’un parement étanche à l’air paraît ainsi bien plus sûre pour atteindre les performances demandées par la réglementation thermique RT 2012. J’espère vous avoir donné les principales informations pour vous forger un avis selon votre propre curseur écologique.