Libérer, délivrer l'eau des parois
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Par Christophe Tréhet
Publié le 29 octobre 2025
Permettre la diffusion de l’eau, sous forme liquide ou de vapeur, est impératif pour préserver la structure des parois d'un logement et la qualité de son isolation. Des expert·es détaillent les solutions pour gérer la perspirance de divers types de bâti.
Une paroi est qualifiée de perspirante dès lors qu’elle est « capable d’évacuer la vapeur d’eau cherchant à la traverser, et l’eau liquide pouvant l’atteindre ou se former en son sein », d'après la définition issue d’un travail collectif animé par l’artisan Luc Van Nieuwenhuyze et Samuel Courgey de l’association Arcanne. On parle de perspirance pour une paroi, de perméance pour un matériau.
Le µ d’une matière (sans unité) exprime sa capacité intrinsèque à laisser se diffuser la vapeur d’eau (le granit a un µ de 10 000, il résiste 10 000 fois plus que l'air à la diffusion de vapeur). À l’échelle du matériau, on utilise le Sd, qui définit sa perméance. Cet indicateur est obtenu en multipliant le µ de sa matière par l’épaisseur du matériau utile. Il s'exprime en mètre. Le µ de l’air étant fixé à 1, un Sd de 3 signifie que le produit exerce la même résistance au transfert de la vapeur d’eau que 3 m d’air. Un Sd jusqu'à 1 indique que le matériau est très ouvert à la migration de vapeur d'eau ; de 1 à 5 qu'il la freine ; au-delà de 10 qu'il stoppe quasiment tout déplacement de vapeur.
Sous nos latitudes tempérées, la vapeur a majoritairement tendance à migrer de l’intérieur vers l’extérieur de l’habitat. Elle se déplace du volume au taux d’humidité le plus fort vers celui où il est plus faible ; en hiver l’air intérieur étant chauffé, il peut contenir davantage de vapeur d’eau. La bonne pratique consiste donc à faire en sorte que « le(s) matériau(x) qui sépare(nt) l’isolant de l’air extérieur soi(en)t au moins cinq fois plus ouvert(s) à la diffusion de vapeur que le matériau assurant l’étanchéité à l’air côté intérieur », précise Arcanne, afin d’éviter les risques de condensation au sein de la paroi. Toutefois, si tous les matériaux la composant sont très perméants, et capillaires, le problème ne se pose pas.
Mur en parpaing existant
Caroline Chapellet, Cabinet In Situ architectes (69)
L’isolation comporte ici moins de risque qu'avec d'autres types de parois en termes de gestion de l’humidité, car le béton de ciment ne se dégrade pas en présence des petites quantités d’eau liquide que pourrait générer un point de rosée [condensation de la vapeur du fait de la saturation de l’air en eau, ndlr]. Toutefois, l’isolant pâtirait de l’apparition d’eau liquide (tassement, moisissure), il faut donc toujours favoriser la migration de la vapeur d’eau. En cas d’isolation par l'extérieur (ITE), utiliser un enduit minéral ouvert à la diffusion de la vapeur, donc à la chaux, éventuellement coupé avec un peu de ciment. Écarter les enduits 100 % ciment, moins perméants et non capillaires (voir p. 30-32), et les revêtements plastiques ou enduits incluant du plastique, fermés à la migration de la vapeur. Les enduits sur panneaux à enduire doivent être très minces (8 mm) pour éviter l’arrachement des panneaux par le poids. Je déconseille un mélange autofabriqué dans ce cas.
En cas d’isolation par l’intérieur (ITI), la vapeur peut migrer au travers des parpaings qui n'y sont pas totalement fermés. Si la finition en enduit extérieur est ouverte à la vapeur, appliquer côté intérieur une membrane hygrovariable [son Sd varie selon l’humidité ambiante et la vapeur peut transiter dans les deux sens, ndlr]. Pour rappel, la paroi doit être cinq fois plus "ouverte" dehors que dedans. Si le mur est enduit au ciment à l’extérieur, il faut un frein-vapeur au Sd élevé (18 m) pour réduire l’introduction de vapeur dans la paroi, car l’enduit freinerait sa progression. Sauf si le mur est constitué de béton armé – peu ouvert à la migration de la vapeur –, je déconseille les pare-vapeur (Sd ≥ 20 m), qui emprisonnent l’eau dans la paroi en cas de défaut d’étanchéité.
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