Surplombant les roselières de la Brière du Brossais (Loire-Atlantique), la maison de Clémence et Cédric est habillée de roseau. Isolant murs et toiture, ce végétal revêt aussi les façades. Une technique contemporaine qui plie la tradition mais ne la rompt pas.
La large baie vitrée de Clémence et Cédric domine les marais de la Brière du Brossais, parsemés de roseaux.
« Quand j’ai découvert la paroi en bois et roseau de la société RizHome, ça a tout de suite fait sens », se souvient
Clémence Cazenave, architecte et propriétaire de cette maison de Savenay (Loire-Atlantique) avec Cédric Bassaget, informaticien.
« La pose de bottes de roseau en vêture extérieure est pratiquée depuis des années aux Pays-Bas, Suède et Norvège, décrit
Mireille Avril, de RizHome.
Ils ont une assurabilité et annoncent 80 ans de durée de vie. »
Clémence apprécie ce
« bardage naturel qui sert d’isolant, protège de la pluie, offre une finition esthétique et des bienfaits acoustiques ». L’experte promeut l’utilisation du roseau en construction dans une
« démarche d’économie circulaire à impacts positifs. En plus de l’intérêt pour le bâti, c’est une boucle vertueuse qui valorise cette biomasse tout en entretenant les roselières qui jouent un rôle important pour l’épuration des eaux rendues à la mer. Ce débouché offre aussi une évolution au savoir-faire local des chaumiers ». Coupé sec sur pied, le roseau ne nécessite aucune transformation avant utilisation.
Une filière pour les roselières
Sans intrants ni irrigation, ce végétal pousse naturellement sur terrain humide, pouvant même devenir envahissant. Il ne fait pas l’objet d’une exploitation, mais d’un simple entretien des parcelles.
« Si la roselière n’est pas entretenue, la matière sèche tombe au sol. Donc en modifie la structure. Le roseau peut finir par ne plus être à l’aise et d’autres espèces prennent le dessus. Dont des invasives comme le baccharis. » Des marchés publics d’entretien visent à ce que le roseau soit coupé et évacué.
Non entretenus, les roseaux poussent en tous sens. Ils peuvent alors être broyés pour isoler des caissons comme ceux des murs et du toit de Cédric et Clémence. Mais de tels roseaux en vêture extérieure auraient une esthétique aléatoire. Et une mise en œuvre plus complexe, donc plus coûteuse.
« Pour obtenir une tige fine, droite et homogène, il faut six à huit ans d’entretien de la roselière. » En Bretagne, la coupe d’entretien est très peu valorisée. Structurer une filière y est donc compliqué. Mais RizHome se démène pour y parvenir. En attendant, les 1 400 bottes de ce chantier ont été acheminées de Camargue. Contrairement au roseau broyé des caissons, qui vient de Bretagne.
Plus d'infos dans le reportage complet sur cette maison dans le magazine La Maison écologique n°118. En kiosques jusqu'à fin septembre 2020 ou sur commande en cliquant ici.