Le vrai / faux du réemploi

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Par Gwendal Le Ménahèze

Publié le 13 octobre 2023

15 minutes de lecture


Les préjugés sont légion autour des matériaux et équipements de seconde main. Avant de déconstruire nos logements, déconstruisons les a priori qui collent à la peau de la récup.

Le vrai : faux du réemploi IMG_3741-c-Re.Source

Un élément ancien est de moindre qualité >> FAUX

« On nous dit souvent qu'un WC de réemploi, ce n'est pas propre. Mais il est désinfecté, reconditionné ; il n'y a aucune différence avec un neuf », grince Lisa Caraux, architecte chez Remix réemploi et matériaux. Les circuits de réemploi comptent même de nombreux éléments neufs : fins de série ou de stock, erreurs de commande ou de cotes, restes de chantier... « Des compositions de métaux étaient même meilleures à l'époque où la question de la disponibilité des ressources ne se posait pas », pointe Christophe Audoly, de Raedificare. De même, « l'augmentation du prix du combustible après le choc pétrolier a obligé les industriels à baisser les températures de cuisson. En ce sens, les briques produites avant 1974 possèdent une qualité supérieure à n'importe quel équivalent produit depuis lors », décrit Rotor(1). Autre exemple : « La couche d'usure qui forme le motif est de 2 ou 3 mm sur des carreaux de ciment neufs, illustre l'architecte Raphaël Fourquemin. Sur ceux d'il y a un siècle, elle fait 5 à 10 mm. »

Réemployer, c'est plus compliqué >> FAUX

Le réemploi peut induire « des complications dans la mise en œuvre, car des éléments ne sont pas bien droits, ne s'adaptent pas exactement aux dimensions prévues », note l'autoconstructeur Jérôme Fior. Mais des tuiles anciennes se posent de la même façon que les neuves. « Le bois neuf n'a jamais travaillé, il est plus simple à utiliser que du bois de réemploi, qui peut aussi contenir des pointes, etc. Les sections précises sont plus rares, donc il faut parfois adapter la conception, liste Célia Auzou, architecte fondatrice de Re.Source. Mais il a eu tout le temps de sécher, or pour trouver du bois neuf sec, il faut se lever tôt ! Les poutres neuves qui complètent une dalle en bois de réemploi sont si vertes qu'on a dû les contraindre avec d'énormes étais pour qu'elles ne flèchent ou ne vrillent pas en séchant. » Des bureaux d'études ou Assistants à maîtrise d'ouvrage (AMO) sont « le joker pour faciliter le réemploi ; on accompagne sur les questions opérationnelles, mais aussi assurantielles, techniques... », indique Marine Supiot, de Minéka. Louise Dubois, designeuse matériau à l'Atelier Aïno, rappelle que « le réemploi existe depuis des milliers d'années, ce n'est pas révolutionnaire! ».

Impossible de mener un chantier 100 % réemploi >> VRAI

La maturité de cette filière naissante ne permet pas de mener la construction ou la rénovation globale d'un logement totalement en réemploi « avec les objectifs de confort et de performance énergétique d'aujourd'hui, précise Raphaël Fourquemin, qui a créé sa maison avec 80 % de réemploi. Principalement à cause de l'isolant, car celui qui sort des déconstructions actuelles est surtout de la laine minérale, qui vieillit très mal. Mais en-dehors de ce poste, on peut aller très loin. 50 %, c'est déjà super, car la plupart des chantiers volontaires ne visent encore que 5 à 10 % ». En 2022, moins de 1 % des déchets du bâtiment sont réemployés et les politiques publiques visent... 2 % en 2024, 4 % en 2027 et 5 % en 2028.

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