Portfolio : Le réemploi dans tous ses états
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Par Gwendal Le Ménahèze
Publié le 31 janvier 2024
Inspiration portfolio
Les menuiseries extérieures à simple vitrage ne sont pas assez performantes pour les réemployer comme telles. Mais elles peuvent constituer des serres, verrières ou vérandas. En-dehors de l'enveloppe thermique, elles closent un espace non chauffé, qui joue de surcroît le rôle de tampon entre les températures extérieure et intérieure. Cela requiert un travail minutieux sur le calepinage, les assemblages et autres détails pour gérer le parcours de l’eau ou la condensation. Mais le résultat vaut le détour ! © La Grande Conserve
L'Asder, association d'accompagnement et de formation à la transition énergétique en Savoie, a fait barder un de ses bâtiments avec près de 500 skis. Pour une façade esthétique, les skis de fond ont été privilégiés (plus rectilignes que des skis alpins ou des snowboards). Après nettoyage, les trous ont été rebouchés pour éviter que l'eau y pénètre. Skis sombres et clairs alternent sur fond noir pour un « effet code-barre » qui interpelle les passants ! ©ASDER
À Pau (64), Julie et Raphaël ont récupéré les carneaux de ventilation d'un ancien restaurant, « tubes carrés de 50 x 50 cm en acier galvanisé qui ne trouvaient pas repreneur, donc on les a débités en feuilles de tôle, ensuite repliées pour en faire la couvertine du toit de notre maison ». L'ancien parquet du restaurant dont ils ont fait leur habitation a été démonté. Les lames les plus usées ou abîmées ont été recoupées en bardeaux pour revêtir la façade sud. Reportage « Un chantier 80 % recyclé » dans La Maison écologique n°133. © Raphaël Fourquemin
À Pau (64), Julie et Raphaël ont récupéré les carneaux de ventilation d'un ancien restaurant, « tubes carrés de 50 x 50 cm en acier galvanisé qui ne trouvaient pas repreneur, donc on les a débités en feuilles de tôle, ensuite repliées pour en faire la couvertine du toit de notre maison ». L'ancien parquet du restaurant dont ils ont fait leur habitation a été démonté. Les lames les plus usées ou abîmées ont été recoupées en bardeaux pour revêtir la façade sud. Reportage « Un chantier 80 % recyclé » dans La Maison écologique n°133. © Raphaël Fourquemin
Pour isoler sa maison, l'architecte Célia Auzou, du collectif Re.Source, a employé différentes chutes d'isolants. Tant qu'ils présentent des caractéristiques équivalentes (épaisseur, performance thermique, mode de pose), les panneaux isolants se marient facilement, leur largeur standard étant toujours de 60 cm. Bien qu'il soit compliqué de dénicher un lot important d'isolant biosourcé de réemploi, cette astuce rend possible la récup pour ce poste clé. © Re.Source
Les imprimeries utilisent des plaques offset, très fines feuilles d'aluminium, pour les tirages en grande série, puis les envoient au recyclage. À moins que l'Atelier moins mais mieux (44) passe par là et les détourne en bardage pour les façades d'une tiny house ! « Extrêmement légères, elles sont très malléables et faciles à travailler, même si leur épaisseur les rend peu résistantes aux chocs. On peut les rigidifier en les pliant, réduire leur largeur et les associer à un autre matériau. » Comme ces tasseaux, dont le bois contraste joliment avec le métal. © Atelier moins mais mieux
Les panneaux de coffrage utilisés pour le séchage du béton ou des briques doivent supporter du poids et résister à l'humidité. Le processus dégage de la chaleur et l'eau chargée de poudre minérale imprègne le bois, ce qui renforce encore sa durabilité. Après plusieurs cycles de fabrication de blocs de ciment ou de briques, ils sont refoulés des usines. Voilà de parfaits candidats pour être utilisés en intérieur comme en extérieur : terrasse, bardage, parquet, lambris, abri de jardin, clôture… Les planches de bois (azobé, douglas ou mélèze chez Panneaux Léontine, en Belgique) sont assemblées par tiges filetées, ferraillage ou queue d’aronde, puis un profilé acier en U renforce toute la largeur. © Soetens
« En France, environ 500 000 skis sont jetés chaque année, pour finir enfouis ou incinérés », indique la coopérative savoyarde Skitec, qui récupère des modèles en fin de vie auprès des fabricants, distributeurs, déchetteries et clubs de ski pour fabriquer, dans les Alpes, du mobilier, des structures et solutions d’agencement. Comme cette table basse constituée de six spatules, un bâton et deux jantes de vélo. Tarif : 1 007 € TTC (modèles à partir de 432 €). © Greg Randon / skitec
Pour les parois d'une douche, le matériau doit résister à l'humidité et être facile d'entretien. En définissant des caractéristiques et pas un matériau à trouver, on reste ouvert au détournement d'un élément qui n'aurait pas été conçu pour l'usage recherché, mais qui répond à ses besoins. « Assez léger, rigide et facile à travailler, on trouve de grandes plaques d'alu Dibond provenant d'enseignes de magasin ou de panneaux publicitaires, indique l'Atelier moins mais mieux dans Autoconstruire en réemploi. Lorsqu'il est utilisé en signalétique, il est imprimé sur une face, tandis que l'autre est laissée vierge, souvent avec son film protecteur. En ôtant le film, le panneau est intact au verso. » Dans la douche, il est vissé ou riveté et étanchéifié avec un joint de silicone. © Atelier moins mais mieux
Cette cloison intérieure est fabriquée par La Remanufacture à partir de hublots de machines à laver. Une paroi 100 % réemploi dont on peut s'inspirer pour créer un œil de bœuf apportant de la lumière naturelle et un discret lien entre deux pièces. Les hublots sont enserrés entre deux cadres en bois confectionnés avec des fenêtres usagées et poutres de charpente en chêne massif collectées dans les rues de Paris. © David Morganti
Abel Ait Addioine et son épouse Florența ont posé ce doublage de 10 m2 dans la chambre de leur fils. Pour 100 €, ils ont acheté chez Recyclobat 1 200 plots de palettes. Les cubes sont poncés sur les six faces, puis « collés un a un. Il est intéressant de superposer des cubes et briques de tailles différentes, cela donne un relief en 3D au lieu d'un rendu plat, confie-t-il. J'ai vérifié le niveau avant chaque pose définitive de cube ». Le tout est ensuite verni. Le ponçage à la meuleuse d'angle a duré deux jours et la pose, trois jours. « Nous avons noté une augmentation de l'isolation phonique et thermique après travaux. Au niveau de l'entretien, ça ne prend pas vraiment la poussière, un plumeau fera l'affaire ! » © Abel Ait Addioine
Pour cette rénovation à Toulouse dont la maîtrise d’œuvre a été assurée par l'atelier d’architecture d’intérieur Bizia, des portes de placard de la maison existante ont été détournées en portes coulissantes et des commodes de famille, en meubles vasques pour les salles d'eau. © Alexandre Combarelle atelier 24
Pour cette rénovation à Toulouse dont la maîtrise d’œuvre a été assurée par l'atelier d’architecture d’intérieur Bizia, des portes de placard de la maison existante ont été détournées en portes coulissantes et des commodes de famille, en meubles vasques pour les salles d'eau. © Alexandre Combarelle atelier 24
Sur ce chantier de Libourne (33), environ 8 m² de carrelages proviennent de la déchetterie locale (Smickval Market). « Un ensemble hétéroclite avec des variations importantes de formats. Le calepinage mural a été déterminé en disposant des essais au sol, de façon à s’accommoder des trouvailles, décrit Vincent Laureau, de Todo Architecture. Nous avons privilégié une technique de pose en "longueur libre", définissant des rangées horizontales. » Pour le sol, faute de trouver une surface homogène de carreaux de ciment de 9 m² d'occasion, « nous avons fait le choix d'un calepinage "patchwork" qui permet d'associer des lots dépareillés pour fabriquer un effet d'ensemble, en veillant à ce qu'ils aient les mêmes dimensions ». © todo architecture
Jennifer a acheté des plaques d'OSB à la plateforme de réemploi Recyclobat (31), les a poncées « et brûlées au chalumeau pour le côté chaleureux » avant de les visser sur des tasseaux fixés aux murs avec des chevilles Molly. Et la touche finale : un vernis de protection. Le tout encadré par des restes de tasseaux peints en noir. © Jennifer Tordjman
Le bol en verre de son blender n'étant plus étanche suite à un impact, Kevin Furet, dans le Morvan, ne pouvait se résigner à le jeter. « Je l'ai retourné et j'ai fabriqué la partie supérieure en bois d'anciennes lames de parquet en sapin », un morceau à l'intérieur du bol et un autre à l'extérieur, vissés l'un à l'autre pour « prendre le verre en sandwich ». Le bois accueille la douille en céramique « et le branchement électrique biocompatible, avec câble blindé et interrupteur bipolaire (20 € le tout), souligne-t-il. J'aime que cette lampe soit posée et non suspendue. Sa poignée la rend facile à déplacer ». © Kevin Furet
« On ne sculpte plus les traverses de lit comme autrefois, cela prendrait trop de temps par rapport au prix auquel on pourrait les vendre. On en trouve beaucoup dans les déchetteries, en les récupérant on conserve la main d'œuvre et le savoir-faire d'antan, mais on les ponce partiellement, confie Alexandre Huet, menuisier agenceur de Les Grands Bois (44). Ainsi, le haut des reliefs devient comme neuf et les creux gardent la finition plus sombre de l'époque, qui souligne la moulure. » De même pour les pieds de table tournés que « tout le monde trouve moches aujourd'hui. On les tranche sur deux faces, c'est plus moderne. Subtilement original sans tomber dans le kitch ». © G.L.M.
Dans l'atelier de son grand-père, le menuisier designeur isérois Thibaut Defrance a récolté un disque de déchaumeuse, un vieux phare de tracteur et une vis sans fin de silo à grain. En deux jours, il en a fait (par sertissage d’écrou dans l’axe de la vis), ce majestueux luminaire chargé d'histoire. © Thibaut Defrance
Engagés pour « une économie circulaire locale et solidaire », Les Grands Bois, membre du réseau Échobat, a forgé un partenariat avec une écocyclerie locale, qui lui fournit une dizaine de chaises par semaine. « Des quantités énormes sont jetées, se désole Alexandre Huet. On les découpe et on a modélisé les barreaux dans le logiciel Sketchup pour les intégrer dans tous nos projets d'agencement intérieur, sous forme de chevalets, arbres décoratifs, claustras, lampes, etc. » Cahier pratique pour fabriquer la version applique murale dans La Maison écologique n°137. © G.L.M.
L'atelier de menuiserie parisien de La Remanufacture a conçu ce siège à partir de lattes récupérées d'anciens sommiers de lits trouvés sur un trottoir. L'alternance de trames en V formant l’assise, puis le dossier est assemblée en enfilant les lames de bois le long de tiges filetées. En multipliant les trames, cette chaise se décline en banc ! « Ce meuble est intégralement issu de la récupération et réalisable par tous avec très peu de matériel », assurent ses créateurs, qui mettent à disposition un tutoriel sur leur site Internet : remanufacture.fr © la Remanufacture
L'Écomusée d'Alsace œuvre à la préservation du patrimoine architectural régional. L'ingéniosité des savoir-faire d'antan permet aux typiques maisons à colombage d'être démontées... et remontées ailleurs (quand elles ne peuvent rester à leur place sous peine d'être détruites). Comme cette maison érigée en 1540 à Hésingue, qui vit désormais à Ungersheim, 50 km plus loin ! © steeve josch
L'Écomusée d'Alsace œuvre à la préservation du patrimoine architectural régional. L'ingéniosité des savoir-faire d'antan permet aux typiques maisons à colombage d'être démontées... et remontées ailleurs (quand elles ne peuvent rester à leur place sous peine d'être détruites). Comme cette maison érigée en 1540 à Hésingue, qui vit désormais à Ungersheim, 50 km plus loin ! © écomusée d'alsace
Les Grands Bois a réalisé cette cuisine avec d'anciennes façades de meubles, une ancienne ceinture de cheminée en structure intérieure de l'îlot, des traverses paysagères transformées en plan de travail pour l'îlot, des lames de parquet pour les autres plans de travail... et toujours les fameux pieds de chaises ! © Les Grands Bois
Célia Auzou a fait appel à l'association Les Connexions qui gère les déchets événementiels pour récupérer du contreplaqué d'emballage, grossier, parsemé d'ondulations, aux tranches pas très nettes, mais cette architecte en a fait un revêtement mural du plus bel effet chez une cliente. « On en a acheté plus pour pouvoir sélectionner les meilleures plaques (200 € pour 130 m2 finis). Le menuisier a passé du temps à les déligner et recouper à la même largeur, tout en gardant les longueurs variables. On les a posées par séries verticales, comme un parquet. Une fois arrivée en haut de paroi, la chute est utilisée en bas du rang suivant. » © Re.Source