Le chaux-chanvre dispense-t-il de ventilation ?
Publié le 22 mai 2023
Je trouve les questions de ventilation particulièrement sujettes à controverse et il est très difficile de trouver la bonne solution pour son projet. Pour ma part, j'ai une petite grange que je vais rénover et à laquelle j'adjoins une extension en façade sud et est. La grange est en double hauteur avec un espace mezzanine (partie ancienne : salon-salle à manger-cuisine ouverte en double hauteur, local technique, salle de bains sous mezzanine et atelier sur mezzanine ; dans l'extension : un couloir « solaire » très vitré avec distribution de deux chambres et un WC). La majorité des murs anciens et neufs sont ou vont être traités en pierre porteuse avec enduit chaux-chanvre isolant (deux épaisseurs, 8 et 20 cm). Pour la ventilation, étant donné que le chaux-chanvre est un bon régulateur hygroscopique, j'ai cru comprendre qu'il n'est pas nécessaire de confier la gestion de l'humidité à une VMC. Par contre, les polluants type COV (même si on les évite), odeurs des sanitaires, « surhumidité » de salle de bains doivent être pris en charge par un système d'évacuation pour un renouvellement de l'air. Comme le chaux-chanvre régule l'humidité, une VMC hygro ne va-t-elle pas rester « fermée » tout le temps, donc ne pas jouer son rôle de renouvellement de l'air ? Une VMP (ventilation mécanique ponctuelle) suffisamment temporisée et basée sur les activités de présence ne serait-elle pas plus adaptée avec un extracteur dans la salle de bains et un dans les WC, la hotte aspirante pouvant jouer ce rôle également pour la cuisine ? Je n'ai pas dirigé mon projet vers une VMC double flux, car l'étanchéité à l'air de la partie ancienne ne sera pas formidable et aussi pour des questions de coût.
Réponse de Thierry Rieser et Jeremy Ceslan, pour DORéMI Tout d’abord, pourquoi ventile-t-on ? Vous avez bien noté les deux points essentiels : évacuer l’humidité excédentaire dégagée par nos activités (respiration, cuisson, douches…) et les polluants (COV, formaldéhydes, benzène, etc.). Ces derniers ne sont pas exclusivement liés à nos activités et sont donc dégagés en continu, et ce malgré les efforts que l’on peut porter au choix de revêtements ou de mobilier « écologiques » (le bois, par exemple, dégage beaucoup de COV). Il faut donc ventiler les bâtiments afin d’évacuer ces polluants en permanence et apporter de l’air neuf en conséquence, d’autant plus que l’étanchéité à l’air aura été travaillée (ce qui est par ailleurs nécessaire pour le confort et la performance énergétique). Il est généralement admis qu’une ventilation continue à hauteur de 0,6 vol/h minimum permet d’assurer une bonne qualité de l’air intérieur (QAI) lorsque l’environnement intérieur n’est pas particulièrement pollué. De ce fait, les solutions de ventilation hygro-réglable ou ponctuelle (VMR sur interrupteur, détection de présence ou d’humidité) ne sont pas adaptées à l’enjeu d’évacuer les polluants. En effet, ils permettent de ventiler en fonction de l’humidité, donc de la présence, mais pas en fonction de l’émission permanente de polluants. La régulation par l’humidité est encore plus hasardeuse lorsque les matériaux contribuent à réguler l’humidité, comme c’est effectivement le cas avec le chaux-chanvre, la terre, les biosourcés… Dès lors qu’on souhaite assurer une bonne QAI, il reste deux solutions pour ventiler à hauteur de 0,6 vol/h en continu : en simple-flux (auto-réglable) ou en double-flux. Avec une récupération de chaleur sur l’air extrait d’un rendement réel de 70 %, le gain énergétique d’une double-flux pour une maison BBC est de l’ordre de 20 kWh/m².an en termes de besoins de chauffage, ce qui est loin d’être négligeable, et relativement indépendant du niveau d’étanchéité à l’air. Nos retours d’expérience DORéMI montrent qu’il est toujours possible, même en rénovation, de concevoir une installation double flux en limitant les inconvénients (accessibilité, pose « acoustique »…) et pour un coût moyen de 5 600 € HT, travaux induits inclus. Avec des cas observés à moins de 3 000 € HT. N’hésitez pas à vous tourner vers des artisans qui ont de l’expérience en la matière. En autoconstruction, vous pouvez aussi vous appuyer sur les conseils de professionnels comme ceux de Fiabishop, qui proposent des plans et kits complets.
Réponse de Thierry Rieser et Jeremy Ceslan, pour DORéMI Tout d’abord, pourquoi ventile-t-on ? Vous avez bien noté les deux points essentiels : évacuer l’humidité excédentaire dégagée par nos activités (respiration, cuisson, douches…) et les polluants (COV, formaldéhydes, benzène, etc.). Ces derniers ne sont pas exclusivement liés à nos activités et sont donc dégagés en continu, et ce malgré les efforts que l’on peut porter au choix de revêtements ou de mobilier « écologiques » (le bois, par exemple, dégage beaucoup de COV). Il faut donc ventiler les bâtiments afin d’évacuer ces polluants en permanence et apporter de l’air neuf en conséquence, d’autant plus que l’étanchéité à l’air aura été travaillée (ce qui est par ailleurs nécessaire pour le confort et la performance énergétique). Il est généralement admis qu’une ventilation continue à hauteur de 0,6 vol/h minimum permet d’assurer une bonne qualité de l’air intérieur (QAI) lorsque l’environnement intérieur n’est pas particulièrement pollué. De ce fait, les solutions de ventilation hygro-réglable ou ponctuelle (VMR sur interrupteur, détection de présence ou d’humidité) ne sont pas adaptées à l’enjeu d’évacuer les polluants. En effet, ils permettent de ventiler en fonction de l’humidité, donc de la présence, mais pas en fonction de l’émission permanente de polluants. La régulation par l’humidité est encore plus hasardeuse lorsque les matériaux contribuent à réguler l’humidité, comme c’est effectivement le cas avec le chaux-chanvre, la terre, les biosourcés… Dès lors qu’on souhaite assurer une bonne QAI, il reste deux solutions pour ventiler à hauteur de 0,6 vol/h en continu : en simple-flux (auto-réglable) ou en double-flux. Avec une récupération de chaleur sur l’air extrait d’un rendement réel de 70 %, le gain énergétique d’une double-flux pour une maison BBC est de l’ordre de 20 kWh/m².an en termes de besoins de chauffage, ce qui est loin d’être négligeable, et relativement indépendant du niveau d’étanchéité à l’air. Nos retours d’expérience DORéMI montrent qu’il est toujours possible, même en rénovation, de concevoir une installation double flux en limitant les inconvénients (accessibilité, pose « acoustique »…) et pour un coût moyen de 5 600 € HT, travaux induits inclus. Avec des cas observés à moins de 3 000 € HT. N’hésitez pas à vous tourner vers des artisans qui ont de l’expérience en la matière. En autoconstruction, vous pouvez aussi vous appuyer sur les conseils de professionnels comme ceux de Fiabishop, qui proposent des plans et kits complets.