La tirette pour économiser le cuivre

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Par Philippe Bohlinger

Publié le 15 novembre 2023

10 minutes de lecture


Alternative esthétique aux traditionnels va-et-vient, la pose d’interrupteurs à tirage manuel abaisse aussi les besoins en fils de cuivre des installations électriques domestiques.

Les interrupteurs dits à tirette ou à tirage pourraient-ils revenir dans les logements par la porte du low-tech ? Ces dispositifs anciens sont arrivés dans l'habitat en même temps que la fée électricité. Tombés en désuétude, ils sont encore souvent utilisés pour l’allumage de lampes. Dorénavant, peu de maisons en sont équipées pour leur pièce de vie et les magasins de bricolage ne regorgent pas non plus de ces boîtiers dans leurs rayons. Leurs cordons de tirage pourraient pourtant remplacer des kilomètres de fil de cuivre, affirme l’architecte Yves Perret, de l’Atelier de l’entrelacs, à Fontanes, dans la Loire. Pour économiser cette ressource, il remet donc au goût du jour ces commutateurs toujours présents au catalogue des grands fabricants.

Et l’enjeu n’est pas anodin. Métal semi-rare, et de la même famille que l’or et l’argent, le cuivre est devenu indispensable à la transition énergétique : éoliennes, panneaux photovoltaïques, véhicules électriques ; il est particulièrement utilisé pour ses capacités de conductivité électrique et thermique. Entre 2017 et 2022, l’Agence internationale pour l’énergie indique que la demande mondiale a purement et simplement doublé. Longtemps abondante sur la planète, cette ressource pourrait ainsi être amenée à se raréfier. Généralement peu ou pas visible dans les logements, le cuivre est pourtant très présent dans l’industrie de la construction. Les installations électriques, notamment, en sont très gourmandes.

Militant de la construction écologique et de la sobriété, Yves Perret a mis en œuvre cette solution dans un habitat participatif : le projet Geckologis à Sanilhac-Sagriès, près de Nîmes, dans le Gard (lire La Maison écologique n°136). Ces fameux interrupteurs à tirette ont été utilisés pour les éclairages de onze logements, mais aussi pour celui de la maison commune, une construction indépendante comprenant salle, petite cuisine, atelier de bricolage, etc. Cette solution a été également appliquée pour les commandes des ventilateurs brasseurs d’air, plutôt que de raccorder ces derniers à un interrupteur mural classique. Au total, l’architecte a calculé avoir économisé 7 kg de cuivre sur la partie « réseau électrique » à l’échelle de ces 12 lots.

« Je trouve hallucinant que tous les corps d’état ne soient pas concernés par la réduction des émissions de CO2 du bâtiment au même niveau que les lots isolation thermique et chauffage. On n’entend pas parler des kilomètres de cuivre nécessaires au fonctionnement d’une installation électrique, pas plus que des quantités de zinc utilisées pour l’évacuation des eaux usées. Il y a une sorte de paresse intellectuelle ou bien une peur irrationnelle lorsqu’on touche à ces questions-là », regrette Yves Perret.

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