La terre creuse son sillon suisse
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Par Philippe Bohlinger
Publié le 24 juillet 2025
Suisse
Des coopératives d’habitants, une forme d'habitats groupés à la mode helvète, ont réintroduit l’usage de la terre crue dans la construction en Suisse. Mais c’est aussi sous l’effet de pionniers industriels que ce matériau gagne peu à peu du terrain.
Les bonbons aux herbes des Alpes, voilà une image que l’on accole facilement à la Suisse. Alors, quand Ricola a habillé d’une façade de terre sa nouvelle halle de stockage de plantes, dans le canton de Bâle, la photo a fait le tour du globe. Long de 110 m, le bâtiment signé par la prestigieuse agence helvète Herzog & de Meuron s’est offert les services d’une autre référence internationale, l’Autrichien Martin Rauch, une figure de la construction en pisé. Achevée il y a un peu plus de dix ans, cette construction n’est pas exempte de défauts. Laurent de Wurstemberger, cofondateur du fabricant genevois de briques de terre crue Terra bloc, indique que « la terre a été utilisée en façade pour des raisons esthétiques et de contrôle de l’hygrométrie », la structure restant en béton armé. Selon lui, « ce n’est de loin pas la meilleure mise en œuvre de la terre, mais cet ouvrage a le mérite d’avoir fait parler de lui ».
Un bon point donc pour ce matériau utilisé depuis onze millénaires. Car, même si la Suisse est souvent citée comme la championne du recyclage, les quantités de roches et de terres excavées par ses entreprises du BTP questionnent. Ces résidus représentent plus de la moitié des 87 millions de tonnes de déchets produits chaque année par les Helvètes*. La quête d’une meilleure valorisation, plus écoresponsable, a inspiré des solutions prometteuses aux architectes et ingénieurs du pays. Leur leitmotiv ? Fabriquer avec de la terre crue à grande échelle.
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