La RE2020 est-elle compatible avec l’autoconstruction ?
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Par Aurélie Cheyssial
Publié le 1 novembre 2022
Réduire l'empreinte carbone et la consommation d’énergie des bâtiments ? L’esprit de la Réglementation environnementale (RE2020) n’apporte rien de nouveau aux autoécoconstructeurs. Son application concrète, en revanche, trouble les habitudes.
La RE2020 complexifie les choses, mais les difficultés sont les mêmes que l’on construise avec des professionnels ou seul », rassure Jean-Luc Delpont, des Castors. Le grand changement de cette nouvelle Réglementation environnementale 2020 (RE2020) qui s'applique depuis janvier 2022 aux constructions neuves, c’est la prise en compte de l’impact carbone sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment. Le bois de structure et les matériaux biosourcés sont avantagés par la RE2020, qui vise à réduire de 30 % l’impact carbone à l’horizon 2030, avec des paliers dégressifs en 2025, 2028 et 2031.
Pas de place pour l’improvisation
Dès le dépôt de permis de construire, le maître d’ouvrage doit fournir différents documents attestant la prise en compte des exigences de performance énergétique et environnementale. Il faut ainsi être en mesure d’estimer son bilan carbone, avec des valeurs seuils à ne pas dépasser. « En tant qu’autoconstructeur, quand j’ai déposé ma demande de permis, je connaissais le mode constructif, la composition de l’enveloppe et l’aspect extérieur, mais je n’avais aucune idée des quantités des matériaux que j’allais utiliser », se souvient Étienne Béduneau. Dresser et justifier le bilan carbone de sa maison nécessite d’être particulièrement organisé et d’archiver l’ensemble des factures tout au long de la construction.
« Il faut désormais anticiper chaque détail, évaluer les quantités de matériaux mobilisées, connaître la marque des produits pour être sûr de respecter les seuils, et conserver de la marge, pointe David Lebannier. Un autoconstructeur achète souvent ses matériaux en fonction des opportunités. Il devra sans cesse se demander s’ils sont bien encadrés par une FDES* et si un changement ne modifie pas trop l’impact carbone. C’est un casse-tête, même pour une petite entreprise. »
Autre inquiétude, les plus petites filières (produits artisanaux, marginaux…) qui n’ont pas les moyens de faire réaliser ces FDES sont encadrées par des valeurs par défaut pénalisantes (six fois plus importantes que celle calculée au réel pour la brique de terre crue !). L’objectif affiché étant de forcer les filières à faire évaluer leur impact carbone.
6 seuils infranchissables
- Bbio : besoin bioclimatique, ou besoin en énergie d’un bâtiment en fonction de la qualité de son isolation et de sa conception générale. Nouveauté, la RE2020 prend en compte les besoins de froid. Bbio max moyen de 63 points, variant selon la situation géographique (- 30 % par rapport à la RT2012).
- Cep : consommations d'énergie primaire (non transformée après extraction) pour chauffage, refroidissement, eau chaude, éclairage, ventilation et auxiliaires. Cep_maxmoyen : 75 kWhep/m2.an.
- Cep,nr (non renouvelable) = Cep - consommation d'énergie primaire issue de renouvelables (biomasse et solaire thermique ou photovoltaïque autoconsommés). Cep,nr_maxmoyen : 55 kWhep/m2.an.
- Ic énergie : impact carbone des consommations d’énergie. Il interdit dès 2022 le chauffage exclusivement au gaz ou avec d’autres énergies fossiles et oriente vers les énergies décarbonées (bois, électricité). Seuil de 4 kgCO2/m2.an.
- Ic construction : impact carbone des composants (matériaux, équipements) du bâtiment, du chantier jusqu’à sa fin de vie. Seuil de 640 kgCO2eq/m2.an en 2022, abaissé progressivement à 490 kgCO2eq/m2.an en 2031.
- DH : nombre de degrés-heures d’inconfort en période estivale. Le seuil de 1 250 DH correspond à 25 jours durant lesquels le logement serait à 30°C le jour et 28°C la nuit.
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