La coopération au cœur du Pré commun

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Par Gwendal Le Ménahèze

Publié le 22 mai 2024

12 minutes de lecture


La Montagne (44)

Milo picore les fruits secs entre les cacahuètes, Bruno débouche un Savennières bio. Lucie passe le saladier de roquette, carotte, pomme, pignons de pin et parmesan. Les habitants du Pré commun me racontent leur histoire attablés dans la « maison commune » qu'ils mutualisent, encerclée par leurs 12 logements privés.

Au fil des relations, recherches de terrain et ateliers de l'association Habitats énergies naturels (HEN), le collectif mûrit et s'enracine sur un terrain de La Montagne (44). Il s'étoffe, se diversifie. « Pour embarquer aussi des gens en incapacité d'emprunter pour cause de pathologie ou de revenus faibles, on a opté pour le statut de coopérative d'habitants, note Bruno. En interposant, entre la banque qui prête et les statuts individuels, une structure juridique qui a sa propre solidité, on solvabilise le groupe. » Certains n'ont aucun apport, d'autres investissent jusqu’à 180 000 €. Mais chaque habitant détient au moins une part sociale de la coopérative (100 €) et le montant converti en parts est plafonné à 35 % de la valeur du logement occupé. Ce montage juridique donne aussi accès à un Prêt locatif social (PLS) avantageux(1), « mais indexé sur le livret A, regrette Bruno. Son taux était de 2,11 % au départ et 4,11 % aujourd'hui, donc nos annuités ont augmenté ». Sur les 12 foyers, 7 sont des logements sociaux, ce qui impose un plafonnement des loyers versés à la coopérative.

« En tant que coopérative, nous ne sommes pas propriétaires de notre logement individuellement, éclaircit Bruno. On paye chaque mois une redevance qui comprend une part locative (aujourd'hui 6,21 €/m2 de surface utile) assimilée à un loyer, donc éligible aux aides de la CAF et intégrant les charges(2), et une part acquisitive (2,60 €/m2) qui s’assimile à de l'épargne, remboursable en cas de retrait de la coopérative, qui peut être convertie en parts sociales tant qu'on n'a pas atteint le plafond, ou placée sur un compte courant associé qui consolide la trésorerie de la coopérative. Dans 20 à 25 ans, celle-ci pourra être excédentaire, permettant de baisser le ticket d'entrée autour de 10 % de la valeur du logement (aujourd'hui 22 % en moyenne). Pour entrer dans mon T5 de 108 m2 qui vaut environ 300 000 €, il faudra débourser 30 000 €, placés pendant le temps qu'on l'occupe. »

Ce fonctionnement coopératif émancipe les logements de la spéculation : leur prix ne s'envolera jamais. « Si je pars, je ne fais pas de plus-value, je récupère juste le montant de mon compte d'associé et mes parts sociales, réévaluées selon l'indice de révision des loyers qui suit l'inflation. »

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