Isoler un mur ancien ?

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Publié le 22 mai 2023


J’ai pour projet de réhabiliter une longère en Côtes-d’Armor et les questions d’humidité sont incontournables. J’ai échangé avec l’association Tiez Breiz via leur mission de service-conseil. Ma question est relative à l’isolation des murs. Nous avons écarté l’option isolation extérieure par souci de conservation du patrimoine. Pour une isolation intérieure, on me conseille de ne pas dépasser une résistance thermique de 3 m2.K/W. J’hésite entre un enduit chaux-chanvre ou une ossature bois avec isolant en panneau de chanvre sur dégrossi chaux-sable et parement en Fermacell pour la finition. Dans le dossier sur l’humidité [LME n°114, ndlr], on peut lire : « Adaptés au bâti ancien, les enduits correcteurs thermiques en chaux-chanvre […] peuvent être appliqués sur des murs humides sous certaines conditions. » Quelles sont donc ces conditions ? Il est aussi écrit : « La solution la plus sûre est une double cloison isolante. » Depuis que je lis La Maison écologique, j’en étais resté au fait qu’il fallait éviter toute rupture de capillarité entre les murs et le complexe isolant. N’y a-t-il pas contradiction ? Merci pour vos compléments.
Réponse de Samuel Courgey, formateur et auteur d’ouvrages de référence, expert Bâtiment et environnement, spécialiste des écomatériaux et de la rénovation, particulièrement du bâti ancien. Limiter en isolation intérieure la résistance thermique à un R de 3 sur certains murs correspond à une précaution que nous, acteurs du patrimoine cherchant à être au fait des problématiques hygrothermiques du bâti ancien, avons prodigué jusqu’à il y a une dizaine d’années. Depuis, nous avons appris que l’augmentation de l’isolation était beaucoup moins impactante que d’autres éléments. En rappel, les principaux éléments impactant la pérennité des isolants et des murs supports en cas d’isolation thermique intérieure sont : • imperméabilité du mur à la pluie ; • absence de remontées capillaires ; • renouvellement régulier de l’air intérieur ; • matériaux de finition extérieurs facilitant l’assèchement du mur (enduit à la chaux…) ; • choix d’un isolant peu sensible à l’eau et ouvert à la diffusion de vapeur d’eau ; • étanchéité à l’air côté chaud de l’isolant (ou dans le tiers intérieur de l’isolation), avec généralement une membrane hygrovariable ou une membrane orientée. Et, si la ou le professionnel estime que le mur est particulièrement sensible à l’eau et qu’il risque de s’humidifier, deux options sécuritaires pourront être proposées : • complexe isolant capillaire Multipor®, Calsitherm®, voire certaines ouates de cellulose projetées, certains enduits isolants ou certains bétons de chanvre ; • double cloison isolante. Comme vous le voyez, soit c’est le choix d’un fonctionnement capillaire fort, soit c’est la création d’un espace entre le mur et le complexe isolant, mais alors avec ventilation sur l’extérieur, des évacuations d’eau en partie basse… Cette dernière solution est, par exemple, la seule possible si vous souhaitez doubler un mur enterré.

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