Isolation d’un plafond de garage, Biosourcés bannis ?

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Par Jacques Gautier, référent technique Dorémi Bretagne et Pays-de-la-Loire

Publié le 17 juillet 2025

4 minutes de lecture


Je suis face à une impasse pour l'utilisation de matériaux biosourcés en plafond de garage [sous habitation, ndlr]. En rénovation, pour isoler les sols sur espace non chauffé, intervenir par le dessous est souvent pertinent pour conserver la masse du plancher, ne pas avoir à refaire les sols et reprendre les cadres de portes, etc. Dans ce cas, l'ajout d'un frein-vapeur peut être impossible « côté chaud » vu que les sols ne sont pas rénovés. De plus, la composition précise du sol n'est pas toujours connue.

D'un côté, les réglementations incendie imposent un « écran de protection » (Placo feu, OSB 18 mm...) sous les isolants (hors laine de roche et isolants ignifugés), de l'autre il faut que le revêtement sous l'isolation soit ouvert à la diffusion de la vapeur d'eau pour éviter tout problème de condensation. (...)

Aujourd'hui, je ne trouve aucun matériau qui satisfasse à la fois les critères incendie et de perméabilité à la vapeur d'eau, avez-vous des idées de solution pour poser du biosourcé en plafond de garage tout de même ? Merci et bonne journée, Alice Bodin

Réponse de Jacques Gautier, référent technique Dorémi Bretagne et Pays-de-la-Loire

Effectivement, l’isolation en sous-face de plancher sur sous-sol de logement individuel (1re famille ou MI) doit respecter une résistance au feu de 15 min (REI15). Afin d’appréhender les critères à respecter, il faut se référer au « Guide de l’isolation par l’intérieur des bâtiments d’habitation du point de vue des risques en cas d’incendie, version 2016 du CSTB », applicable depuis 2020. Il y a plusieurs possibilités :

• si le matériau isolant n’est pas classé A1 ou A2-s1,d0 [incombustible ou avec une très faible contribution au feu, une très faible production de fumée et sans production de particules et/ou gouttelettes enflammées, ndlr], il doit être protégé par un écran protecteur REI15mn ;

• les isolants de type panneaux de laine minérale comprimée, panneaux de perlite/vermiculite, ou plaques de laine de bois (combinés ou non à un isolant classé A1 ou A2-s1,d0) n’ont pas besoin d’écran protecteur ;

• il existe des exceptions décrites dans le guide (panneaux de polystyrène extrudé ou expansé ignifugés…).

Dans cette liste, on entend par plaque de laine de bois (WW – NF EN 13168) de longs copeaux de bois mélangés à un liant minéral de type ciment et chaux, souvent associée à une plaque de polystyrène ou de la laine de roche. La face laine de bois doit rester apparente.

Dans le cas des dalles en béton, on considère que la dalle de compression fait office non seulement de barrière étanche à l’air mais aussi de frein-vapeur. De ce fait, la pose d’isolant en panneau sans écran protecteur directement sous la dalle et répondant aux critères du guide nommé précédemment est la solution la plus économique (les panneaux isolants avec parement laine de bois sont plus onéreux [de 2 à 10 fois plus chers que des plaques de gypse de même classe A2 s1 d0, type Fibralith A2 de Knauf, ndlr] ).

Dans le cas d’utilisation d’un isolant biosourcé, un parement complémentaire REI15mn est à prévoir en sous-face de l’isolant. Ce type de parement peut être un système plafond plaque de plâtre BA13 standard (ou hydrofuge) avec ossature métallique (attention, c’est le système complet ossature métallique/plaque qui répond à l’exigence feu).

La plupart des fabricants (Placo, Knauf, Siniat, Fermacell…) possèdent par ailleurs des homologations PV Feu et proposent des guides systèmes de solutions qui précisent le type d’isolant accepté. Parmi les isolants biosourcés cités dans ces guides ou PV Feu, il y a pour Placo la fibre de bois 50 kg/m3 Euroclasse E mini ou le remplacement d’une laine minérale 200 mm par du Biofib’Trio mini 100 mm (Cavac) ; pour Siniat la fibre de bois SteicoFlex (Steico). Il en existe d’autres.

Dans le cas des planchers bas de type ossature bois, sans présence de frein-vapeur, un frein-vapeur est nécessaire. Sa pose en sous-face (côté chaud de la paroi) faisant le tour des solives/poutres en bois est plutôt compliquée et fastidieuse (présence de réseaux, d’entretoises…). Il existe des freins-vapeur liquides pulvérisables qui facilitent la pose (se renseigner auprès des fabricants). Les contraintes de choix d’isolants biosourcés et d’écran protecteur REI15mn suit la même logique que pour la dalle béton. L’isolant sera ensuite posé entre et/ou sous solives.

En dalle bois ou béton, la plaque de plâtre type BA13 (feu, hydro ou standard) posée en sous-face est très ouverte à la diffusion de vapeur d’eau (Sd < 0,13 m) et ne générera pas de pathologie. Un complexe avec plaque de plâtre spécial feu ou OSB de 18 mm est également possible. Dans le cas de l’OSB 18 mm, la solution risque de générer des problématiques de transfert de vapeur d’eau occasionnant des problèmes d’humidité dans la plupart des situations et est à éviter.

Dans le cas de planchers à la composition inconnue, il faudra réaliser un sondage afin d’adapter la solution à mettre en œuvre (des fabricants de parements ont des solutions en rénovation compatibles avec tout type de plancher bas). Il faut rappeler que pour les artisans RGE intervenant sur ce type de travaux, le non-respect de l’exigence de protection contre le feu (et d’écart au feu) relève d’une non-conformité majeure. Ils encourent un risque de suspension ou de retrait de leur certification RGE.

Dans tous les cas, on s’assurera de l’absence d’humidité excessive et d’une bonne ventilation du sous-sol.

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