Enquête traitement du bois : Le bois traité, maltraité ?
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Par Christophe Tréhet
Publié le 29 octobre 2020
Les traitements que peut subir le bois de construction font-ils systématiquement partir en fumée les vertus écologiques de ce matériau ? Des alternatives plus vertueuses émergent progressivement
face aux produits chimiques biocides.
Les bâtiments neufs doivent être conçus et construits de façon à résister à l'action des termites et autres insectes xylophages. À cet effet doivent être mis en œuvre, pour les éléments participant à la solidité des structures, soit des bois naturellement résistant aux insectes ou des bois ou matériaux dérivés dont la durabilité a été renforcée, soit des dispositifs permettant le traitement ou le remplacement des éléments en bois ou matériaux dérivés », impose le Code de la construction et de l’habitation. Il est donc possible d'utiliser du bois non traité si l'essence est naturellement durable (lire p. 27-29). Bien des constructeurs ne se prêtent pourtant pas au jeu. « Une essence locale et naturellement durable est environ 50 % plus chère qu'un bois d’importation (épicéa, sapin) traité classiquement », confie Yves Mascart, prescripteur à Professions bois. Un bois non naturellement durable peut aussi être utilisé sans traitement tant que l'on peut vérifier son bon état et, en cas d’attaque, le changer ou le traiter. Sinon, il faut le rendre artificiellement résistant grâce à un traitement.
Le risque de dégradation biologique le plus important pour le bois de structure, « ce sont les attaques d’insectes (larves de vrillettes, de Lycte brun, de Capricorne des maisons, termites). Les dégradations fongiques n’apparaissant qu’en cas d’insalubrité avec excès d’eau ; remontées capillaires, condensation dans les parois par transferts de vapeur mal maîtrisés, défaut d’étanchéité en couverture ou façade, défaillances de réseaux d’eau. Impossible si le bâti est correctement conçu et entretenu », précise Serge Le Nevé, du Pôle industrie Bois construction au FCBA.
Il existe deux principaux traitements. « Le badigeonnage, l'aspersion ou le trempage dans une solution de synthèse pour obtenir des bois de classe 1 à 3,1 jaunit en général les bois. » Ce traitement superficiel a une « efficacité pérenne pour les éléments intérieurs (charpente), mais pour un bardage extérieur, s’il n’est pas lasuré ou peint, il sera lessivé », précise Audrey Borgeais, d'Abibois (Bretagne). Pour obtenir une classe 3 ou 4, « l’autoclave consiste quant à elle à extraire la sève par dépression et à imprégner le bois d’un traitement à base de cuivre, ce qui verdit les pièces, explique César Villetard, enseignant en construction bois au Lycée des métiers du bois et de l’écoconstruction, à Envermeu (76). Même si on parle de "traitement à cœur" dans le commerce, ce n’est pas le cas car le duramen est difficile à atteindre. » Cette technique permet d’utiliser le bois pour tout usage, mais outre les produits chimiques dangereux, elle est gourmande en énergie.
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