Enquête matériaux : Dans les coulisses des isolants en textiles recyclés
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Publié le 29 mars 2022
Le secteur du bâtiment reste le premier consommateur d'énergie en France et émet près d'un cinquième des émissions de gaz à effet de serre. Dans son sillon, l'industrie textile est elle aussi polluante. Entre les piètres qualités et la « fast fashion » (ou mode jetable), les dégâts sociaux et environnementaux se calculent aussi en déchets. En France, le volume de vêtements jetés chaque année est estimé à 200 000 t, soit l'équivalent de 1,3 milliard de tee-shirts ou 28 tours Eiffel, dans son simple habit métallique. Quand ils ne terminent pas leur course dans les incinérateurs et les décharges, ils sont le plus souvent donnés à des associations caritatives ou déposés dans des bacs de collecte. Ceux du Relais, une entreprise d'insertion émanant du giron d'Emmaüs, en avalent près de 70 %. Dans la foulée, 20 centres de collecte et de tri répartis dans toute la France se chargent de classer manteaux, jupes, draps ou linges de maison pour leur trouver la bonne affectation.
C'est le cas des deux centres de Bruay-la-Buissière, à 10 km au sud-ouest de Béthune, dont le plus vieux existe depuis 1984. Distants de quelques centaines de mètres, les deux lieux embauchent 10 salarié·es, dont une grande partie sont en contrats d'insertion. « Près de 77 t de textile y transitent chaque jour. Ils proviennent des 22 000 containers répartis un peu partout en France », explique Sébastien Lepillier, responsable du centre de tri.
Départ vers une nouvelle vie
Véritables experts du textile, les agents positionnés le long du tapis roulant attrapent, tâtonnent, jaugent, puis jettent chaque pièce vers le bac qui convient. Pêle-mêle, l'entrepôt voit s'accumuler la « crème » qui sera vendue dans les magasins Ding Fring, le « mêlé » avec de la laine bientôt exportée au Pakistan et en Inde pour redevenir matière première et la « fripe » qui partira pour être effilochée ou vendue sur les marchés en Afrique de...
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