Enduit correcteur thermique chaux-paille
Publié le 22 mai 2023
Je tiens d'abord à vous faire part de mon plaisir de lire quotidiennement vos numéros. Il s'agit d'une source énorme d'informations, de références et de courage qui nous a permis, avec mon compagnon, d'envisager de nous plonger récemment dans la restauration d'une ancienne ferme. Du fait que les murs de la maison soient en pierre (50-70 cm) et qu'elle soit située dans une zone soumise à de fortes variations d'humidité, nous avons envisagé de mettre en œuvre un enduit correcteur thermique de 10 cm en technique banchée. Nous avons recueilli quelques informations sur les enduits chaux-chanvre ou terre-paille, mais quasiment aucune référence n'est disponible sur le paille-chaux banché. Notre souhait étant d'utiliser une matière végétale locale, nous pensions même à la fougère aigle qui pousse généreusement dans nos montagnes... Mais nous n'avons trouvé aucune référence sur son utilisation en enduit. Nous souhaiterions savoir pourquoi le chaux-paille banché paraît si peu populaire et quels seraient les dosages et recommandations particulières à sa mise en œuvre. De même, que pensez-vous de la fougère ? Merci beaucoup pour vos précieuses réponses. Marine
Réponse de Monique Cerro, formatrice et autrice (terre-pierre-et-chaux.fr)
Bonjour. Il va être compliqué de donner les raisons objectives de l'emploi – ou pas – d'une technique. Tout au moins pouvons-nous faire des suppositions. Le chaux-paille est sûrement moins courant que le terre-paille du fait de son coût. La terre étant la plupart du temps trouvée sur le terrain de la maison. Les férus de la terre crue en construction reprochent à la chaux son agressivité à l'application et le fait que, issue de l'industrie, elle nécessite plus d'énergie grise (énergie pour sa fabrication) que la terre. Concernant la fougère, je n'ai malheureusement aucune donnée à ce sujet. Il faudra quoi qu'il arrive supprimer le feuillage pour ne se servir que des tiges creuses. Le besoin en main d'œuvre semble ainsi rédhibitoire.
En correction thermique, il est déconseillé d'excéder 7 à 8 cm d'épaisseur pour éviter un séchage trop long qui pourrait entraîner le pourrissement du végétal.
Ce type d'enduit correcteur thermique végétal ne doit pas être appliqué sur un mur sujet à humidité (enterré ou en rez-de-chaussée avec des remontées capillaires). Dans ce cas, on remplace le végétal par du minéral (pouzzolane, billes d'argile...) ou du liège expansé en vrac.
Pour une formulation chaux-paille, on peut envisager en volume de seaux de 10 l dans l'ordre d'introduction dans la bétonnière : 1 sable (pour donner du corps au mélange), 1,5 chaux NHL 3,5 et juste ce qu'il faut d'eau pour produire une barbotine de chaux épaisse comme de la pâte à cake. Un excès d'eau ne favorise pas l'enrobage des tiges. On introduit ensuite 7 à 8 volumes de paille, de préférence bio et non broyée.