En bois et sans clim, le retour en Guyane des architectures vernaculaires

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Par Enzo Dubesset

Publié le 25 septembre 2025

6 minutes de lecture


Guyane (973)

Encore peu démocratisées en Guyane, les maisons bioclimatiques y sont rares. Mis de côté dans les années 1940, leurs préceptes étaient pourtant au cœur des architectures traditionnelles du territoire. Et se renouvellent aujourd'hui.

À peine entrés dans le large couloir qui structure cette maison atypique de Rémire-Montjoly (97), construite tout en longueur, la torpeur amazonienne s’efface. Il n’y fait pas frais – la sensation serait incongrue en Guyane, où la température moyenne est de 26°C et où le mercure ne chute presque jamais sous 23°C –, pourtant chez Bianca le climat équatorial devient indolore, même en plein après-midi. « Je ne suis pas très "clim" et j’étais sensibilisée à la ventilation naturelle, alors au moment où j’ai décidé de faire construire cette maison, il y a trois ans, je n’ai pas hésité à opter pour une conception bioclimatique et je ne regrette rien », se réjouit cette mère de famille, qui travaille depuis 15 ans en Guyane.

Avec ses façades bardées d’ouvertures et orientées face à l’océan, cette maison bâtie sur une des hauteurs de Rémire-Montjoly, dans la périphérie de Cayenne, est battue par les alizés qui viennent s’échouer sur le littoral. Son toit, aux penchants larges et aux combles ventilés naturellement, permet de se protéger du soleil tout en se passant de climatisation, de loin la première dépense énergétique de cette collectivité française, logée entre le Suriname et le Brésil, en Amérique du Sud. D'après le Schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie en Guyane, elle représente 76 % de la consommation électrique des bâtiments du tertiaire. Pour les ménages l’ayant installée, elle double, en moyenne, les volumes électriques normalement consommés.

Avec sa structure 100 % bois, la maison de Bianca se veut aussi sobre sur le plan des matériaux. La charpente est en angélique et les bardages en saint-martin rouge, deux essences locales appartenant respectivement aux classes d'emploi 3 et 4 pour la construction, c’est-à-dire résistant sans traitement à l’humidité et, pour le saint-martin rouge, aux parasites comme les termites. Si, de l’extérieur, l’ensemble paraît aussi sobre que simple, construire « bioclimatique » est tout sauf évident dans un territoire au climat aussi contraignant que la Guyane. Mais le pari est relevé et soutenu.

Fabien Bermès, architecte et directeur de l’association Actions pour une qualité urbaine et architecturale amazonienne (Aquaa), détaille : « La difficulté est à la fois de profiter des vents et de se protéger des fortes pluies tout en n’étant pas trop exposé au soleil. Cela fait trois éléments un peu contradictoires à gérer sur la même façade. » En dépit de quelques interruptions liées à des problèmes de financement, cette association promeut depuis 21 ans un habitat durable en Guyane. Elle a notamment édité deux guides à destination des particuliers et des professionnels.

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