Écobâtir pour ralentir

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Par Anne-Elisabeth Bertucci

Publié le 22 juin 2023

12 minutes de lecture


La Vicomté-sur-Rance (35)

Adeline et Nicolas ont quitté la ville pour réaliser, dans les Côtes-d'Armor, un projet longuement mûri : autoconstruire une maison en paille, low-tech, pour aller vers un mode de vie plus simple et cohérent.

4 ans - 913€/m² - 2 à 3 stères + 1500kwh/an

Des citadins pur jus. Adeline et Nicolas ont vécu à Paris, puis Rennes (35) avant de se poser à La Vicomté-sur-Rance, petit bourg entre ria et rivière près de Dinan (22). Ils y habitent une maison chaleureuse dont les larges baies s'ouvrent sur une petite terrasse et un jardin fleuri. Simple et compact, le plan se développe sur deux niveaux avec un espace de vie largement ouvert, un bureau et un cellier au rez-de-chaussée, deux grandes chambres et une mezzanine à l'étage. Entièrement conçue par le couple, cette habitation est née dans leur imagination avant d'être édifiée par leurs soins au terme d'un chantier de quatre ans.

« Ce projet a mûri lors d'un voyage de plusieurs mois en sac à dos. De retour en France en 2011, nous nous sommes demandés où nous avions envie de vivre, de travailler et comment, explique le couple. Nous avons toujours eu envie de vivre près de l’eau – mer ou rivière –, de nos familles et amis en Bretagne, le tout dans un budget raisonnable. » Réfléchi et documenté, leur projet est lancé en 2012 avec l'achat d'un terrain de 1 300 m2. Il ne se résume pas à l'autoconstruction d'une maison écologique à la campagne. Il répond à une aspiration plus profonde : mettre en cohérence des convictions et un mode de vie. « Bâtir par nous-mêmes, c'était aussi s'engager vers plus d'autonomie, moins de consommation, moins de temps consacré au travail, pour retrouver plus de sens, revendiquent-ils. Avec une dépendance bancaire la plus limitée possible. »

L'aventure s'enrichit ensuite d'une dimension de transmission incarnée par la rédaction d'un blog*, composé de récits tout autant techniques que philosophiques publiés à un rythme métronomique depuis le tout début. « Au départ, nous pensions rénover un bâti existant, se souvient Nicolas. Mais le projet était complexe à réaliser en autoconstruction. Les solutions constructives écologiques n'entraient pas dans notre budget. Nous nous sommes réorientés vers une construction neuve à ossature bois et remplissage paille.

Hormis le terrassement, la structure bois conçue par un charpentier et les enduits réalisés par des professionnels (lire encadré plus bas dans cet article), le couple assume l'ensemble des lots : fondations, isolation des murs et toiture en paille, cloisons, plomberie, électricité, bardage… Y compris le dessin des plans et le dépôt du permis de construire fin 2012, phase plus rarement prise en charge par les maîtres d'ouvrage.

Six années, dont quatre de travaux, seront nécessaires pour mener l'aventure à son terme en mai 2018. De par sa pratique professionnelle, Nicolas, ingénieur, maîtrise les outils de conception en 3D. Adeline s'y acculture sans mal.

« Certes, nous avons passé du temps sur la réalisation des plans pour le permis, mais sans rencontrer de difficulté majeure, se souvient-elle. La volumétrie de la maison reste simple, nous avons rationalisé l'implantation des pièces par rapport à celle des réseaux. Salle d'eau au droit de la cuisine. Sanitaire, cuisine et cellier près des réseaux d'évacuation des eaux grises. » Rien ne contrarie l'implantation bioclimatique (sud-nord) en termes de réglementation d'urbanisme. Les premiers dessins et plans sont visés par l'architecte-conseil de l'État (rattaché à la Dreal 22) avant le dépôt du dossier en mairie. Par la suite, le charpentier réalise les plans techniques d'exécution.

Avant de commencer la maison, Adeline et Nicolas se testent sur deux constructions : l'abri de jardin et la cabane de 15 m2 qui sera, pendant quatre ans, leur lieu de vie. « Cet habitat temporaire plus économique qu'une tiny house (coût de revient de 10 000 € contre minimum 30 000 €) nous a permis de vivre hors des travaux. Cette solution s'est révélée tout aussi pertinente pour la prise en main des outils. C'était une bonne préparation au grand chantier », relève Adeline. Édifiée sur des pneus en guise de radier, cette construction légère se différencie de sa grande sœur par un remplissage de l'ossature bois en ouate de cellulose et non en paille, un doublage/fond de caisson en panneaux OSB à l'intérieur et un bardage en châtaignier. Point commun dans la volumétrie : un toit double pente (4 m au faîtage) avec couverture en ardoise, qui permet de loger un lit en mezzanine et libérer de la surface au sol.

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