Du ciment prompt en liant dans un bloc de chanvre ?
Publié le 22 mai 2023
Pour un projet de construction de maison en blocs de béton de chanvre, je suis en contact avec la société Biosys. Son système d’empilement sans mortier semble intéressant, mais je me pose des questions sur l’étanchéité d’un tel système et l’impact de l’utilisation du ciment prompt comme liant, plutôt que la chaux, notamment sur les qualités perspirantes du matériau. Enfin, avez-vous des retours d’expérience sur les blocs chaux-chanvre italiens Biomattone, qui sont distribués près de chez moi. Ils ont une version en 40 cm de large, au lieu de 30 cm chez les autres fabricants.
Réponse de l’architecte Jean-Marc Naumovic, ancien président et toujours membre de l’association Construire en chanvre. Il n’y a pas de problème d’étanchéité lié à un mur monté en bloc de chanvre sans mortier, car l’étanchéité est gérée par un enduit, sur chaque face. Ce sont les jonctions qu’il faut travailler (fenêtre/mur, mur/plafond...). La perméabilité à la vapeur d’eau et l’étanchéité à l’air sont parfaitement compatibles. Dans le béton de chanvre, ce n’est pas forcément une chaux hydraulique qui est utilisée, mais plutôt des chaux formulées. La perspirance ou perméance est plutôt due à l’apport de chaux aérienne. Mais cette dernière ne peut être utilisée seule sans contraintes importantes de séchage. C’est aussi pour cela qu’on retrouve souvent des charges pouzzolaniques, elles accélèrent le séchage en maintenant la perméabilité à la vapeur d’eau du mélange. Plus une chaux est hydraulique, plus elle risque de perdre de sa perméance, ce qui n’est pas bon pour le béton de chanvre. Par contre, le ciment naturel (prompt Vicat) est aussi reconnu pour sa perméance en mélange avec le béton de chanvre. Il ne ressemble pas aux ciments usuels. Par ailleurs, les REX (retours d’expériences) réalisés par Construire en chanvre ont mis en évidence qu’un béton de chanvre doit perspirer pour bien fonctionner. Sa résistance thermique diminue avec sa teneur en humidité, c’est vrai. Cela peut se produire particulièrement en fin d’hiver avec beaucoup d’humidité et peu d’ensoleillement. Cependant, plus il y a d’humidité dans le mur, plus les changements d’état de la vapeur d’eau sont importants et plus il y a création de calories. La vapeur d’eau est le carburant du béton de chanvre, qui la régule pour le meilleur confort des habitants. J’habite personnellement une maison en béton de chanvre dans un secteur maritime avec 95 % d’humidité relative (HR) en hiver et j’obtiens entre 55 et 60 % d’HR à l’intérieur sans chauffage, ni ventilation l’hiver. 35 cm d’épaisseur pour un bloc de chanvre me semble l’optimum et me permet de concevoir des maisons sans chauffage ni climatisation. 40 cm, c’est certainement formidable. Concernant les Italiens, ils reçoivent bien souvent le chanvre par la vallée du Rhône, sachant que le chanvre français est de meilleure qualité selon de nombreux utilisateurs. La France est, de loin, le premier pays producteur d’Europe. Nos amis italiens ont récupéré une bonne part de nos connaissances, via l’association Construire en chanvre, et ils ont une excellente connaissance de la chaux, mais je ne peux m’exprimer sur ce produit.
Réponse de l’architecte Jean-Marc Naumovic, ancien président et toujours membre de l’association Construire en chanvre. Il n’y a pas de problème d’étanchéité lié à un mur monté en bloc de chanvre sans mortier, car l’étanchéité est gérée par un enduit, sur chaque face. Ce sont les jonctions qu’il faut travailler (fenêtre/mur, mur/plafond...). La perméabilité à la vapeur d’eau et l’étanchéité à l’air sont parfaitement compatibles. Dans le béton de chanvre, ce n’est pas forcément une chaux hydraulique qui est utilisée, mais plutôt des chaux formulées. La perspirance ou perméance est plutôt due à l’apport de chaux aérienne. Mais cette dernière ne peut être utilisée seule sans contraintes importantes de séchage. C’est aussi pour cela qu’on retrouve souvent des charges pouzzolaniques, elles accélèrent le séchage en maintenant la perméabilité à la vapeur d’eau du mélange. Plus une chaux est hydraulique, plus elle risque de perdre de sa perméance, ce qui n’est pas bon pour le béton de chanvre. Par contre, le ciment naturel (prompt Vicat) est aussi reconnu pour sa perméance en mélange avec le béton de chanvre. Il ne ressemble pas aux ciments usuels. Par ailleurs, les REX (retours d’expériences) réalisés par Construire en chanvre ont mis en évidence qu’un béton de chanvre doit perspirer pour bien fonctionner. Sa résistance thermique diminue avec sa teneur en humidité, c’est vrai. Cela peut se produire particulièrement en fin d’hiver avec beaucoup d’humidité et peu d’ensoleillement. Cependant, plus il y a d’humidité dans le mur, plus les changements d’état de la vapeur d’eau sont importants et plus il y a création de calories. La vapeur d’eau est le carburant du béton de chanvre, qui la régule pour le meilleur confort des habitants. J’habite personnellement une maison en béton de chanvre dans un secteur maritime avec 95 % d’humidité relative (HR) en hiver et j’obtiens entre 55 et 60 % d’HR à l’intérieur sans chauffage, ni ventilation l’hiver. 35 cm d’épaisseur pour un bloc de chanvre me semble l’optimum et me permet de concevoir des maisons sans chauffage ni climatisation. 40 cm, c’est certainement formidable. Concernant les Italiens, ils reçoivent bien souvent le chanvre par la vallée du Rhône, sachant que le chanvre français est de meilleure qualité selon de nombreux utilisateurs. La France est, de loin, le premier pays producteur d’Europe. Nos amis italiens ont récupéré une bonne part de nos connaissances, via l’association Construire en chanvre, et ils ont une excellente connaissance de la chaux, mais je ne peux m’exprimer sur ce produit.