Des réseaux de chaleur de + en + écolos

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Par Claire Baudiffier

Publié le 14 octobre 2024

7 minutes de lecture


Généralement urbains, Les réseaux de chaleur intègrent une part d’énergies renouvelables qui ne cesse d’augmenter. Rares sont les maisons individuelles à y être raccordées ; ce mode de chauffage se la joue collectif.

Six millions de Français conjurent le froid hivernal grâce à une solution méconnue : le chauffage urbain. Nommé aussi réseau de chaleur, il distribue à un ensemble de bâtiments de la chaleur (chauffage et eau chaude sanitaire) produite de façon centralisée, via des canalisations souterraines. « Il se compose d’un réseau primaire – les chaufferies centrales alimentées par différentes sources d’énergie – et d’un réseau secondaire – les sous-stations, auxquelles se raccordent les bâtiments », explique Thibault Martinand, chargé de mission réseaux de chaleur et de froid chez Amorce, association qui accompagne les collectivités, notamment dans leur transition énergétique. La part de la chaleur consommée en France en 2022 par les réseaux de chaleur est de 34 TWh sur un total de 2 544 TWh*.

Ces près de 1 000 réseaux sont alimentés à 66,5 % par des énergies renouvelables et de récupération (EnR&R) – bois-énergie et chaleur fatale issue notamment des unités de valorisation énergétique (usines d’incinération de déchets) en tête, puis géothermie, solaire thermique… La part restante est surtout assurée par le gaz. En 2021, 139 réseaux étaient alimentés par 100 % d'EnR&R. « Le taux d’EnR&R est en constante augmentation : + 7 % entre 2019 et 2022 », complète Thibault Martinand. Et cela devrait continuer, puisque l’objectif fixé par le gouvernement, via la Stratégie française pour l’énergie et le climat, est de 90 TWh livrés par les réseaux de chaleur en 2035, avec 80 % d’EnR&R.

Mais parmi les 47 380 bâtiments raccordés figurent très peu de maisons. La logique des réseaux, qui dans la plupart des cas appartiennent à une collectivité territoriale et sont gérés en concession par un exploitant, est d’abord d’alimenter de gros consommateurs, car raccorder des logements individuels coûte plus cher. Dans le Lot, le syndicat Syded a toutefois choisi de mettre en place des réseaux au service du plus grand nombre. « Nous investissons à la place des communes, car notre département compte beaucoup de petites municipalités qui n’ont pas les moyens de construire seules un tel réseau. Depuis 2005, nous réalisons des études d’opportunité, puis de faisabilité avant de construire des réseaux de chaleur, explique Stéphane Magot, président du Syded du Lot. Nous cherchons de gros consommateurs de chaleur qui permettent la rentabilité du projet – établissements scolaires, maisons de retraite, logements collectifs, complexes aquatiques –, puis proposons aux particuliers de se raccorder. L’idée n’est pas de dégager de grosses marges, mais d’œuvrer pour une réelle politique de service public dans un esprit d’économie circulaire. »

Alimenté en déchets de bois locaux

15 réseaux de chaleur existent désormais dans le Lot. « Ils fonctionnent tous grâce au bois, qui provient du département via plusieurs gisements : palettes en bois brut déposées en déchetteries, déchets de jardin dont on extrait les parties ligneuses, déchets de l’industrie du bois, produits d’élagage et, enfin, plaquettes issues d’une gestion durable de nos forêts. Chaque chaufferie est alimentée par ces bois – 14 000 t par an – récupérés dans un rayon de 50 km », poursuit Stéphane Magot. Les 15 réseaux fournissent 1 400 bâtiments, dont 800 logements privés. « Cela correspond à 27 000 MWh de chaleur consommée par an. C’est 8 300 t annuelles d’émissions CO2 évitées, puisque la chaleur renouvelable est bien moins émissive que les sources d’énergie utilisées précédemment par nos abonnés (gaz et fioul notamment). »

Pour être éligible au raccordement, un particulier doit disposer chez lui d’un réseau hydraulique (canalisations et radiateurs ou plancher chauffant dans lesquels circule l’eau chaude). Des câbles de réseau sont alors tirés jusqu'à chez lui et une sous-station est installée (photo p.68). « À la construction des réseaux, nous raccordons gratuitement les maisons. Ensuite, le forfait est de 2 500 € TTC. »

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