Des énergies renouvelables en soutien aux Ukrainiens
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Par Aude Richard
Publié le 15 mai 2023
De Lapte (Haute-loire) à Zamosc (Pologne)
En pleine guerre, quelques heures de chaleur ou de lumière dans une maison peuvent apporter confort et réconfort. Des associations françaises envoient des équipements d’énergie renouvelable aux Ukrainiens, dans un pays où les énergies fossiles sont reines. Reportage à bord d'un convoi.
Début février. Sur la route qui mène à la frontière ukrainienne, les centrales thermiques à charbon se succèdent. République Tchèque, Pologne, Ukraine… Le charbon fournit encore entre 30 et 40 % de la consommation électrique de ces états d’Europe de l’Est. Au loin, un petit tracteur rouge tire une remorque de charbon pour l’usage domestique. Avec 33 mines de charbon dans le pays, l’Ukraine affichait, en 2016, le taux de mortalité due à la pollution atmosphérique par habitant le plus élevé au monde, jusqu’à 66 000 décès chaque année.
Le convoi humanitaire, parti fin janvier du village de Lapte, en Haute-Loire, avec six véhicules transportant 102 poêles à bois, s’arrête à la frontière polonaise-ukrainienne dans la ville de Zamość. « En décembre, nos partenaires ukrainiens nous ont fait remonter des besoins en chauffage. Des centrales thermiques et des réseaux de chaleur de gaz ont été bombardés, beaucoup de personnes souffrent du froid », explique Franck Gire, au volant d’une camionnette. Il est président de Main dans la main, une association humanitaire qui œuvre depuis une vingtaine d’années essentiellement en Afrique. Depuis l’invasion russe, l’association a participé à trois convois pour emporter du matériel. Face aux besoins en énergie, Franck Gire, producteur d’électricité renouvelable (photovoltaïque et hydroélectrique), ne pouvait pas rester de marbre. « L’année dernière, nous avions réalisé un atelier de fabrication de poêles rocket et nous nous sommes dit que cela pourrait être utile aux Ukrainiens. »
Un « rocket de masse » artisanal
L’association Main dans la main a mis au point un rocket stove qui fonctionne comme un poêle de masse. De petite puissance (environ 3 kW), il peut chauffer un local de 50 à 60 m2. Un bricoleur expérimenté le fabrique en une dizaine d’heures. Une première enveloppe, un fût de 200 l d’huile par exemple, contient une cuve en acier, provenant d’anciens cumulus récupérés en déchetterie. L’espace entre le fût et la cuve est rempli de sable (environ 120 kg) une fois l'équipement installé au bon endroit, pour servir de masse. Le principe du poêle rocket est d’avoir une double combustion pour obtenir un très bon rendement : beaucoup d’énergie avec peu de combustible, explique Franck Gire, président de l’association et professeur de conception mécanique. « Après la première combustion, nous avons installé une arrivée d’oxygène qui brûle le reste des gaz contenus dans les fumées. Le conduit passe sous le foyer, il est dimensionné pour qu’il y ait peu de dissipation thermique. C’est un peu technique, mais on peut partager les plans », sourit-il.
Le point faible du rocket est son approvisionnement. L’entrée de combustible verticale ne permet d'insérer que des petites sections de bois (chute de 4 x 4 cm, branche, pomme de pin…), ce qui nécessite de l’alimenter régulièrement. L’association a donc ajouté « un panier » pour que le poêle puisse fonctionner aux plaquettes forestières, aux granulés ou au charbon. Le combustible descend ainsi progressivement.
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