1/5 Des bétons porteurs bientôt moins polluants ?

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Par Christophe Tréhet

Publié le 22 janvier 2024

10 minutes de lecture


La filière du béton revendique un verdissement à grande vitesse. Sa principale stratégie : le remplacement de son composant le plus carboné, le clinker, par des matières moins polluantes, voire sa suppression de certaines recettes.

Les annonces commerciales de ciment « bas carbone » ou de « bétons verts » par de grands groupes industriels se succèdent ces dernières années, en même temps que colloques et productions scientifiques se consacrent à la nécessaire transition écologique du secteur du bâtiment. L’application de la taxe carbone aux industries fortement émissives de CO2 explique ces initiatives, souligne Jean-Michel Torrenti, chercheur en durabilité des bétons au département Matériaux et structures (MAST) de l'Université Gustave-Eiffel (77) : « Après avoir bénéficié de quotas d’émissions de CO2 gratuits, les entreprises sont désormais assujetties à la taxe carbone qui rend coûteuses les émissions de carbone. Le cours du CO2 se situant à 80 € la tonne, avec un prix actuel de 160 €, la taxe s’élèverait aujourd’hui à 65 € par tonne de ciment si elle était dores et déjà appliquée à 100 %. » Dans le même temps, poursuit le président de l'École française du béton et auteur de l’ouvrage Le Grand Livre des bétons (éd. Le Moniteur), « la Réglementation environnementale 2020 impose de limiter le niveau de carbone émis par m2 construit, avec une exigence croissante dans le temps ». Une incitation supplémentaire à réduire le bilan environnemental ou le recours à ce matériau encore largement présent dans les fondations et les murs.

À l’instar de l’acier, auquel il est associé pour fabriquer du béton armé, le ciment affiche un lourd bilan carbone : 752 kgCO2éq/t (d'après l’inventaire du cycle de vie réalisé pour le Syndicat national de l’industrie cimentière et validé par l’Inies en 2023) pour le ciment courant français (dit CEM1) constitué de 95 à 100 % de clinker. De couleur grise, le clinker (dit « Portland ») constitue le principal élément actif du ciment, car il durcit au contact de l’eau du fait de son caractère dit « hydraulique ». Il est obtenu par cuisson à 1 450°C (1 000°C pour la chaux hydraulique) d’un mélange de calcaire (CaCO3 à hauteur de 80 %) et d’argile (20 %). Par le processus de calcination, le calcaire est alors dissocié en oxyde de calcium (CaO) et en CO2. C’est ainsi qu’au-delà de l’énergie nécessaire au fonctionnement des fours, deux tiers des émissions de CO2 lors de la fabrication du clinker ont une origine chimique.

D'après l’Ademe, le secteur cimentier émet à lui seul 1/8e des émissions de l’industrie française.

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