Comment ventiler le bâti ancien si la VMC est à proscrire ?
Publié le 22 mai 2023
Le guide de recommandations du DPE [diagnostic de performance énergétique] indique que « la VMC est à proscrire dans les constructions anciennes en général, car l'activation de la VMC met le volume intérieur en dépression et contrevient à la bonne gestion de la vapeur d’eau du sol vers les murs et l’air. Le point de rosée peut être déplacé vers l’intérieur et créer des problèmes d’humidité et des contre-performances thermiques des maçonneries ». Je souhaitais avoir l'avis d'un expert concernant cet énoncé, qui me semble être en contradiction avec l'ambition d'étanchéité à l'air d'une rénovation ambitieuse.
Réponse d'Olivier Sidler, ingénieur thermicien spécialiste de la rénovation énergétique et fondateur du bureau d’études Enertech. Cette phrase, extraite du Guide de recommandations du DPE de mars 2009 (ministère du Logement), est très surprenante, surtout venant d’un ministère… La vapeur d’eau est produite à l’intérieur d’un logement essentiellement par les occupants (respiration, transpiration, cuisine, toilettes, etc.) à raison d’environ 2,5 l d’eau/j/pers. Mais elle peut arriver par remontée capillaire dans les murs. En hiver, du fait notamment de la température extérieure plus faible qu’à l’intérieur, cette vapeur n’a qu’une idée en tête : sortir du logement. Elle le fait majoritairement en traversant les murs (grâce à la pression partielle de vapeur plus importante à l’intérieur qu’à l’extérieur*). Mais, au cours de cette traversée périlleuse, sa température s’abaisse (puisque le mur est plus froid) et le risque est alors d’atteindre la température de rosée (à laquelle cette vapeur va se condenser). Si c’est le cas, de l’eau se dépose dans le mur. Tant que le phénomène est ponctuel (quelques jours par an), ce n’est pas grave, car l’eau finira par partir. Mais lorsqu’il est permanent, cela crée de graves pathologies. Tout doit donc être fait dans les logements pour limiter ce risque. On cherche pour cela à évacuer la vapeur par… une bonne ventilation. C’est le moyen le plus simple et le plus efficace de mettre la vapeur dehors (80 % de la vapeur présente peut ainsi être évacuée). Ce qui reste à l’intérieur du logement va donc « migrer » à travers les murs. Mais le moteur de cette migration – la différence de pression partielle de vapeur entre intérieur et extérieur – n’est en rien affecté par la mise en légère dépression du logement par une ventilation mécanique, contrairement à ce que laisse entendre le texte de recommandations du DPE. Je m’inscris donc totalement en faux contre ce texte et j’affirme au contraire que chaque fois que c’est possible, il faut mettre en place correctement une ventilation dans les logements anciens afin d’évacuer la majeure partie de la vapeur d’eau, ce qui évitera la plupart du temps les risques de pathologies par condensation en surface ou dans les parois. * la pression partielle de vapeur dans un local (situé à 100 m d’altitude) à 20 °C et 35 % d’hygrométrie est de 819 Pa. Si l’air extérieur est à 0 °C et 85 % d’hygrométrie, la pression partielle de vapeur y est de 520 Pa. C’est cette différence qui est le moteur de la migration de vapeur. Mais il n’y a aucun mouvement d’air à travers le mur, seulement un déplacement de la vapeur.
Réponse d'Olivier Sidler, ingénieur thermicien spécialiste de la rénovation énergétique et fondateur du bureau d’études Enertech. Cette phrase, extraite du Guide de recommandations du DPE de mars 2009 (ministère du Logement), est très surprenante, surtout venant d’un ministère… La vapeur d’eau est produite à l’intérieur d’un logement essentiellement par les occupants (respiration, transpiration, cuisine, toilettes, etc.) à raison d’environ 2,5 l d’eau/j/pers. Mais elle peut arriver par remontée capillaire dans les murs. En hiver, du fait notamment de la température extérieure plus faible qu’à l’intérieur, cette vapeur n’a qu’une idée en tête : sortir du logement. Elle le fait majoritairement en traversant les murs (grâce à la pression partielle de vapeur plus importante à l’intérieur qu’à l’extérieur*). Mais, au cours de cette traversée périlleuse, sa température s’abaisse (puisque le mur est plus froid) et le risque est alors d’atteindre la température de rosée (à laquelle cette vapeur va se condenser). Si c’est le cas, de l’eau se dépose dans le mur. Tant que le phénomène est ponctuel (quelques jours par an), ce n’est pas grave, car l’eau finira par partir. Mais lorsqu’il est permanent, cela crée de graves pathologies. Tout doit donc être fait dans les logements pour limiter ce risque. On cherche pour cela à évacuer la vapeur par… une bonne ventilation. C’est le moyen le plus simple et le plus efficace de mettre la vapeur dehors (80 % de la vapeur présente peut ainsi être évacuée). Ce qui reste à l’intérieur du logement va donc « migrer » à travers les murs. Mais le moteur de cette migration – la différence de pression partielle de vapeur entre intérieur et extérieur – n’est en rien affecté par la mise en légère dépression du logement par une ventilation mécanique, contrairement à ce que laisse entendre le texte de recommandations du DPE. Je m’inscris donc totalement en faux contre ce texte et j’affirme au contraire que chaque fois que c’est possible, il faut mettre en place correctement une ventilation dans les logements anciens afin d’évacuer la majeure partie de la vapeur d’eau, ce qui évitera la plupart du temps les risques de pathologies par condensation en surface ou dans les parois. * la pression partielle de vapeur dans un local (situé à 100 m d’altitude) à 20 °C et 35 % d’hygrométrie est de 819 Pa. Si l’air extérieur est à 0 °C et 85 % d’hygrométrie, la pression partielle de vapeur y est de 520 Pa. C’est cette différence qui est le moteur de la migration de vapeur. Mais il n’y a aucun mouvement d’air à travers le mur, seulement un déplacement de la vapeur.