Billet d'humeur : Scénario négaWatt et doubles mixtes

Partager l'article
Partager sur Twitter
Partager sur Facebook
Partager sur Linkedin

Par Thierry Salomon

Publié le 26 novembre 2021


Tous les cinq ans, l’association négaWatt publie une nouvelle version  de son scénario de trajectoire de transition énergétique. Six mois avant une Présidentielle afin que notre futur énergétique ne soit pas un impensé du débat électoral …

Que retenir de ce nouvel opus, le cinquième depuis 2003, fruit de 18 mois d’un intense travail et de l’intelligence collective d’une vingtaine de « scénaristes »  ?

Pour avoir participé étroitement à l’élaboration de ces cinq scénarios, j’ai le sentiment que l’exercice est de plus en plus difficile. Non par lassitude, l’enthousiasme est intact. Non par manque d’imagination, c’est plutôt de son excès dont nous nous méfions par volonté de bâtir une trajectoire robuste.

Difficile en réalité parce que 2050 se rapproche. Deux générations nous séparaient du milieu du siècle lors de l’élaboration de notre tout premier scénario en 2003. Il n’en reste plus qu’une aujourd’hui, et la durée qui sépare 2022 de 2050 est aussi courte que celle qui déjà s’est écoulée depuis 1994 et, par exemple, l'apparition des premiers ordinateurs Macintosh...

Ensuite, en 2003, on parlait encore peu du climat. Quelques climatosceptiques péroraient allègrement sur les plateaux de TV, et les climatologues évoquaient 2100. Aujourd’hui, ceux-ci considèrent que le sort de notre climat se joue dans les 15 prochaines années, bien avant 2050.

Malgré cette double difficulté, ce scénario nouveau apporte son lot de belles avancées. Il confirme que la sobriété énergétique n’est plus une option mais un impératif. Qu’elle forme avec l’efficacité un double mixte permettant d’allier l’intelligence sur nos usages et sur nos équipements.

Ce scénario 2022 consolide aussi une intuition développée depuis le scénario 2012. La transition a besoin d’une autre alliance, d’un deuxième double mixte, ou plutôt double mix : celui que forme l’électron et la molécule de gaz, tous deux bien sûr d’origine renouvelable. 

Une paire astucieusement complémentaire : à l’électron la souplesse, la facilité de transport. À la molécule la capacité complémentaire de stockage, y compris massif pour sécuriser les faiblesses de l’électron lorsque le vent ou le soleil font défaut.

Certains imaginent volontiers un autre double mixte, un « en même temps » nucléaire et énergies renouvelables. Pas sûr que ces dernières aient besoin de s’encombrer d’un partenaire onéreux et hégémonique, au jeu risqué car vieillissant, et surtout plein de déchets…

S’inscrire à la newsletter

Recevez par mail nos bons plans, sorties, offres spéciales d'abonnement…

S’abonner au magazine

C’est grâce à vous et aux abonnements que nous continuons à produire du contenu.