Billet d'humeur : Le siècle de la Lumière

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Par Thierry Salomon

Publié le 18 juillet 2022

5 minutes de lecture


Le siècle de la Lumière

À l’évidence, les ressources énergétiques du sous-sol – pétrole, charbon, gaz et uranium – seront de plus en plus rares, onéreuses et même cannibales, car nécessitant de plus en plus d’énergie pour produire de l’énergie.

Angoissés, nous imaginons alors que notre avenir ne sera que pénurie d’énergie et conflits pour se l'approprier. Or, c’est faux : nous avons de l’énergie en abondance ! Et pour découvrir la source de ce trésor, c’est tout simple : il suffit de lever les yeux.

Notre angoisse repose en effet sur une erreur de vision : la Terre est certes une sphère aux ressources finies, mais elle n’est pas toute seule dans son système thermodynamique... Prenons un peu de hauteur, un zoom arrière à partir de notre position. À 100 000 km d’altitude, la Terre entière nous apparaît, jolie petite boule flottant dans l’espace, bleue comme une orange. Poursuivons quelques millions de kilomètres. Apparaît alors le système thermodynamique dans lequel nous baignons : la Terre, le Soleil et l’espace sidéral.

Toute la vie sur notre planète repose sur les échanges d’énergie de ce trio : le Soleil, dont la surface est à 6 300°C, arrose en permanence la Terre d’un flux constant d’énergie. Ce rayonnement est réfléchi ou absorbé dans l’atmosphère, les océans, les sols, capté par les plantes ou les masses d’air. Puis, la Terre rayonne à son tour vers les confins de l’espace où ne subsiste que le rayonnement diffus cosmologique, dont la température est de - 272°C, juste au-dessus du zéro absolu. Tous ces échanges radiatifs, entre 6 300°C et - 272°C, maintiennent la Terre à 15°C en moyenne.

Le Soleil est donc l’infatigable moteur de ce trio et la Terre, l’heureuse bénéficiaire, miraculeusement tempérée, de ce système thermodynamique. Un moteur extraordinaire : il vivra encore 4,5 milliards d’années, 15 000 fois le temps qui nous sépare des premiers Homo sapiens. Chaque seconde, il rayonne mille fois l’équivalent de l'énergie consommée sur Terre durant un an. Et il gère tout seul et gratis ses propres déchets nucléaires.

Or, de jour en jour, se confirme une excellente nouvelle, peut-être la plus importante pour la survie de notre espèce depuis le début de ce millénaire : nous savons maintenant capter massivement l’énergie de ce moteur. En seulement 10 ans, le prix moyen du photovoltaïque a été divisé par 5,5. L’éolien est devenu une énergie non carbonée deux fois moins chère à la production que l'EPR. Et le gaz renouvelable offre des possibilités de stockage massif de l’énergie.

Aucune pénurie énergétique n’est donc à craindre pour les siècles des siècles : notre bon vieux Soleil y pourvoira ! Mais à deux conditions. Que l’on cesse au plus vite nos addictions aux énergies extractives du sous-sol. Et que l’on ne se laisse pas de nouveau piéger par le mirage de l’abondance : sobriété et efficacité sont des préalables impératifs.

Le XVIIIe siècle fut celui des Lumières. Les deux suivants furent obscurcis par les matières extraites du sous-sol, générant l’illusion d’une toute-puissance énergétique avec son cortège d’inégalités, de pollutions et de conflits sans fin. Arrêtons de courber l’échine vers les énergies du sous-sol. Levons la tête vers le Soleil, le remerciant pour sa générosité. Faisons de notre siècle le siècle de la Lumière.

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