Avec transition !

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Par Thierry Salomon

Publié le 22 mars 2024

5 minutes de lecture


Quel terme convient le mieux à notre époque : changement, mutation, métamorphose, permutation, modification, bifurcation, conversion, évolution, transformation… transition ? Ce dernier mot était déjà en exergue du Manifeste négaWatt qui, il y déjà 12 ans, précisait « pour réussir la transition énergétique ». Aujourd’hui ,le mot a fait florès : la transition a son ministère, sa Banque de la transition, un Collectif pour la transition citoyenne, ses Assises européennes, une Fabrique des transitions. Et même le patron de TotalÉnergies assure avec le plus grand sérieux : « nous sommes la major pétrolière la plus impliquée dans la transition »

Alors, inévitablement, certains en contestent la réalité. Ainsi le récent ouvrage Sans transition de l’historien Jean-Baptiste Fressoz, qui affirme sur son gros bandeau rouge en couverture que « La transition énergétique n’aura pas lieu ».

Bigre, on m’aurait menti ?

Pour lui, en effet, les sources nouvelles d'énergies s’additionnent toujours aux anciennes. Sauf que la lecture de l’ouvrage limite singulièrement cette affirmation : sur les 12 chapitres du livre, à peine trois pages du douzième sont consacrées à la période 2000-2023. Puis, il conclut doctement que « la transition est l'idéologie du capital du 21e siècle », confondant manifestement « transition » avec croissance verte et technosolutionnisme.

Bien entendu, les termes « transition » comme « durable » ou « sobriété » sont récupérés par les renards du marketing toujours à l’affût d’un bon coup sémantique. Faut-il pour autant balancer la transition avec
l’eau du bain ?
Non, évidement, car la transition est réellement à l’œuvre depuis deux décennies.

Dans toute l’Union européenne, entre 2007 et 2023 la consommation électrique a baissé de 9 % tandis que la production par les renouvelables électriques a grimpé de 33 %. Et les émissions de CO2 de ce secteur ont été réduites de 46 % en 16 ans, les négawatts et les renouvelables se substituant aux fossiles.

Additives les énergies, vraiment ?

Idem en France : l’empreinte carbone qui était de 11,5 t par habitant en 2005 est de 9,2 t en 2022 : une baisse de 20 % alors que le PIB a augmenté de 17 % en euros constants sur la même période. Le découplage entre émission et production s’amorce !

Bien entendu, on me rétorquera les échecs, les atermoiements et les reculades. À raison, on mettra en avant les contradictions schizophréniques d’un système qui, avec des trémolos pathétiques, affirme son profond attachement écologique tout en ayant les yeux rivés sur les résultats financiers. Mais partout où la volonté ne fait pas défaut les résultats sont là et confirment la pertinence du trio « sobriété + efficacité + renouvelables », ces trois chevaux-légers de la transition.

Il est donc erroné d’affirmer que « la transition énergétique n’aura pas lieu » : elle est bien là. Mais, bien sûr, elle n’est pas assez rapide, à un niveau pas assez haut et pas assez forte.

Alors, plutôt que de la dénigrer, portons-la tous ensemble citius, altius, fortius !

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