Autoconstruire sur cellier, comment gérer les ponts thermiques ?
Publié le 16 septembre 2025
Nous avons pour projet l’autoconstruction d’une maison à ossature bois et isolation paille sur sous-sol. Nous nous interrogeons sur l’isolation du plancher hourdis entre le sous-sol et le rez-de-chaussée. Vaut-il mieux faire un plancher hourdis avec des entrevous en ciment ? […] Ou bien vaut-il mieux faire un plancher hourdis avec des entrevous isolants en polystyrène ? […] Quelle serait la meilleure solution d’un point de vue thermique ? Et d’un point de vue budgétaire ? Kevin. J
Réponse d’Eddy Fruchard, charpentier spécialisé dans les maisons bois et paille, auteur de Techniques de construction en paille, éd. Eyrolles, 2015
Le choix va surtout dépendre de l’usage prévu pour le sous-sol et des priorités : budget, écologie ou rapidité de chantier. Si c’est un sous-sol technique non isolé, il faudra prévoir une isolation au niveau du plancher intermédiaire. Dans ce cas, les hourdis polystyrène offrent une bonne isolation thermique directement intégrée, avec un coffrage adapté. C’est rapide à poser, car léger, donc souvent moins cher en main d’œuvre. L’inconvénient est son mauvais bilan carbone et le fait que ça reste un produit pétrochimique. Il faudra aussi prévoir une protection contre le feu, type plaque de plâtre en plafond.
Les hourdis béton ou parpaing, eux, sont plus lourds à poser, mais résistent bien au feu et peuvent rester apparents (enduit ou badigeon possible). En revanche, il faudra isoler dessus ou dessous.
Il existe aussi des hourdis en bois aggloméré. C’est plus écolo que le béton, mais sans fonction thermique. Là aussi, il faudra ajouter une isolation.
Côté tarif, si on additionne hourdis béton + isolation, le polystyrène revient souvent moins cher. Il est aussi plus rapide à poser, mais avec un mauvais bilan écologique. Le béton sera plus lourd à manipuler mais aussi plus résistant dans le temps.
Pour être complet, il faut aussi regarder le traitement du pont thermique. Avec un mur en paille, on a déjà une bonne épaisseur, surtout si les bottes sont posées à plat, mais il reste toujours un pont thermique en bout de dalle. Une solution peut être de rajouter un isolant extérieur sur 50 cm de hauteur (20 cm extérieurs au niveau de la garde au sol et 30 cm enterrés, à adapter selon les niveaux du terrain).
L’isolation sur la dalle béton permet d’avoir une vraie continuité, l’isolant vient buter sur la lisse basse qui peut elle aussi être traitée. Par contre, c’est un complexe plus important (isolant + dalle + chape compression + chape finition) et un budget plus élevé.
Pour résumer : solution économique = hourdis béton + isolation sous-face, traitement du pont thermique par isolation extérieure. Plus long à mettre en œuvre mais faisable en autoconstruction. Solution rapide : hourdis polystyrène + traitement pont thermique par isolation extérieure + parement sous-face (plaque de plâtre). Plus performant mais complexe plus épais et moins durable dans le temps.