Ma maison 100% solaire thermique
abonnés
Par Philippe Heitz
Publié le 26 mars 2020
Construire à 960 m d’altitude une maison qui n’émet ni CO₂, ni particule fine et qui se chauffe (eau sanitaire comprise) pour seulement 22 € par an. Philippe Heitz, l'un de nos journalistes, l'a fait et vous le raconte.
Pour une fois, cet article, je vais l’écrire à la première personne. Car c’est le retour d’expérience sur ma propre maison que je vais partager ici, en expliquant comment l’on peut atteindre, avec des moyens courants, zéro émission de gaz à effet de serre pour toute la consommation de chaleur d’une maison, un grand niveau de confort (19 à 26°C) et une facture d’énergie réduite à son strict minimum.
Pour concevoir, dessiner et autoconstruire en partie, accompagné par des artisans, cette maison écologique dont je rêvais, je ne partais pas sans expérience. Après avoir été cinq ans vétérinaire rural dans l’Ain, j’ai été 25 ans agriculteur dans la Loire, ce qui m’a permis d’expérimenter l’écoconstruction en bâtissant en 1992 l'un des premiers bâtiments isolés en paille de Rhône-Alpes, une chèvrerie-fromagerie de 1 000 m² en bois cordé et paille. Reconverti journaliste indépendant depuis cinq années pour trois revues techniques(1), j'ai enrichi mon horizon des possibles...
Convaincu de l’efficacité des solutions constructives écologiques comme de l’urgence climatique, en choisissant de construire la première maison de l’écohameau communal du village de Burdignes (Loire), je décidais de me passer du plaisir d’une flambée pour ne plus émettre de fumée pour l’ensemble de la production de chaleur de ma maison, chauffage et eau chaude sanitaire (ECS). Certes, le bois est une source de chaleur renouvelable, mais sa combustion relargue dans l’atmosphère du carbone, qui mettra 40 ans pour refaire un arbre. Trop tard. Maintenant, le bois doit être au maximum utilisé en construction et ameublement, pour stocker le carbone comme tous les matériaux biosourcés.
Ossature bois, bottes de paille, isolants biosourcés, solaire thermique sont les piliers de mon projet. Et des systèmes de mesure des températures et des consommations électriques permettent d’évaluer les résultats et de les partager.
Une enveloppe ultra isolante
• Sous-sol : les murs enterrés en béton sont isolés par l’intérieur avec 10 cm de fibre de bois. L’ossature bois de la façade contient 22 cm d’épaisseur de ouate de carton. Quant à la dalle et au toit-terrasse, en béton armé, ils sont isolés par l’extérieur avec des plaques de 8 cm de polyuréthane.
• Etage (logement) : les murs à ossature bois sont remplis de bottes de paille (37 cm) posées verticalement. Les poutres en I de la charpente, calculées pour supporter une toiture végétalisée, forment des caissons de 40 cm fermés en bas par un frein-vapeur hygrovariable et en haut par des panneaux contreventants en fibre de bois rigide. 3 t d'ouate de carton ont été insufflées dans cette toiture. Au sol, 19 cm de panneaux de polyuréthane (pas écologique mais il aurait fallu 40 cm de liège à performance équivalente) renvoient la chaleur du plancher chauffant vers le volume chauffé.
• Menuiseries : aucune ouverture au nord. L’ensemble des menuiseries extérieures est en triple vitrage. La comparaison des résistances thermiques R des différentes parois démontre que les ouvertures, même protégées par des menuiseries triple vitrage de grande qualité, sont toujours les « trous dans la raquette » d’une enveloppe bien isolée. Le triple vitrage est incontournable pour obtenir une enveloppe bien isolée contre le froid et contre la chaleur.
Photo : L'ossature bois permet rapidité et confort de chantier par la préfabrication en atelier. Une bande de frein-vapeur assure l'étanchéité à l'air aux jonctions de murs. ©Philippe Heitz
S’abonner pour avoir accès à l’ensemble de nos articles
Abonnement numérique à partir de
44,00 €/an
Déjà abonné ? Se connecter