Alternatives : Des ruraux sans auto

Dans nos campagnes, se passer de la voiture individuelle reste une gageure. Peu de transports en commun, longues distances pour le vélo ou la marche ; il faut redoubler d'imagination pour laisser Simone au garage. Zoom sur des initiatives inspirantes.

Se passer de l'auto individuelle thermique dans les campagnes ? Le problème semble presque impossible à résoudre, car les territoires se sont construits depuis plusieurs décennies autour du « tout automobile ». 70 % des Français utilisent leur voiture pour se rendre au travail et 35 % des ménages possèdent au moins deux voitures⁽¹⁾. On se retrouve souvent seul dans un véhicule pesant rarement moins de 1,2 t. Pourtant, le « tout voiture » est de plus en plus remis en cause, tant pour des raisons écologiques, qu’économiques et sociétales. « Souvent, on oppose les types de transport, la voiture thermique ou électrique, légère ou grosse… Mais le vrai fond du problème, c’est d’arriver à transformer la mobilité privée, avec un seul passager 80 % du temps, vers une mobilité d’usage et collective », souligne Laurent Watine, chargé de mobilité à l’association Dromolib. Un réel défi.

Lève ton pouce

Gilles Cibert, 58 ans, maire du village de Saint-Julien-Molhésabate (43) et de ses 170 habitants, a tenté l’expérience du train et du stop pour parcourir les 100 km qui le sépare de Lyon. Le trajet a duré 4 h au lieu de 1 h 30 en voiture. « À partir de 18 h, il n’y a quasiment plus de voitures circulant dans les campagnes. Je préfère miser sur la solidarité entre habitants. » Pour Béatrice Arnould, dans la Drôme, la solidarité n’est pas un vain mot. À 72 ans, elle fait du stop entre son village de Beaufort-sur-Gervanne et Crest, la ville la plus proche, pour se rendre à ses cours de qi gong. « C’est un vrai bonheur, le stop ! J’attends entre 2 et 5 min, toujours en marchant. On commence à me connaître, les gens...